En tant que représentant du Snesup-FSU, premier syndicat d'enseignants-chercheurs, quel bilan tirez-vous des trois ans d'autonomie des universités ?
Confrontés à une phase inédite de déréglementation, de bureaucratisation endémique, de creusement des inégalités et de concurrence exacerbée, les personnels sont contraints de colmater les brèches. Jamais la mainmise de la tutelle ministérielle et des intérêts économiques sur les libertés scientifiques et pédagogiques n'aura été aussi forte !
Les présidents ont des pouvoirs démesurés en matière de recrutement et de gestion des personnels, grâce à leur droit de désigner les « comités de sélection » chargés de recruter les futurs personnels, ainsi que leur droit de veto à un recrutement. Nous déplorons aussi les pressions insidieuses sur des enseignants-chercheurs aux statuts altérés ou l'explosion de la précarité, qui n'en finissent pas de montrer les travers dévastateurs du pilotage managérial, en rupture avec les fondements scientifiques et collégiaux de l'université.
Cette loi d'autonomie n'intervient pas seule. Catalysé par le plan Campus et désormais par les « investissements d'avenir », le processus darwinien qui agite le monde universitaire engage une recomposition erratique de l'enseignement supérieur, condamnant les universités de proximité, des pans entiers de recherche et de formation, notamment en sciences humaines et sociales, ainsi que l'avenir de milliers d'étudiants...
Propos recueillis par Ph. J.
Stéphane Tassel, Snesup-FSU : « Une phase inédite de concurrence exacerbée »
Article paru dans l'édition du 07.08.10
Une phase inédite de concurrence exacerbée
Publié le : 23/08/2010