Une légion d'honneur au despotisme et au mépris de la femme

Publié le : 25/03/2016


Une légion d'honneur au despotisme et au mépris de la femme

En 2015, 153 personnes ont été exécutées en Arabie saoudite (source AFP). Le 2 janvier 2016, 47 personnes ont été mises à mort le même jour. Ce royaume ultraconservateur exerce une répression féroce, en particulier contre les femmes et contre les dissidents au nom de lois les privant de leurs droits les plus élémentaires.

En décembre 2015, des rapporteurs spéciaux de l'ONU ont dénoncé ce pays pour ses violations des traités et dispositions internationales des droits humains, notamment pour ses lois contre le terrorisme et la cybercriminalité visant à restreindre et à criminaliser le militantisme et la liberté d'expression.

Des militant-e-s et opposant-e-s sont victimes de disparitions forcées en violation de la Convention internationale sur ce point (ICCPED).

Dans le cadre de la répression des minorités religieuses (chiites, Ismaéliens, Yézidis, Ash'ari, ...), l'activiste Makki Al Oraydeh a été torturé à mort en garde à vue. Le jeune Mohamed Al Nimr, d'une famille de militants chiites, condamné à une sentence de peine capitale bien que mineur, n'a dû sa survie jusqu'ici qu'à une campagne internationale (Amnesty, ...).

Le poète palestinien Ashraf Fayadh, a été condamné à mort pour "apostasie". Une pétition1 réclamant sa libération a reçu 278 000 signatures. Sa peine a été commuée le 2 février 2016 à 8 ans d'emprisonnement et 800 coups de fouet (par séries de 50), avec injonction de dénier son innocence, de désavouer sa poésie et d'exprimer son repentir devant les médias officiels.

Le 9 janvier 2015, Raif Badawi recevait en public à Djedda 50 coups de fouet, début d'exécution de sa condamnation à 10 ans de prison et 1000 coups de fouets pour "insulte à l'Islam". En réalité pour avoir créé un forum en ligne. Son avocat a été aussi condamné au titre de la loi antiterroriste.

Des dizaines de prisonniers d'opinion sont toujours derrière les barreaux en raison de leurs activités pacifiques, notamment des dirigeants de l'Association saoudienne des droits civils et politiques (ACPRA), désormais dissoute.

L'Arabie saoudite continue de violer les droits de 9 millions de femmes et d'autant de travailleurs migrants exposés à la surexploitation et à l'arbitraire. Les femmes continuent d'être interdites d'utilisation des services publics, d'accès à certains traitements médicaux et de voyage sans le consentement de leur tuteur, malgré l'adhésion de l'Arabie saoudite en Septembre 2000 à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.

Dans cette période où la Grande Bretagne a fait état de ses préoccupations2 sur l'intention de l'Arabie saoudite d'exécuter trois jeunes activistes, le président de la République française François Hollande a cru bon de décorer le prince héritier Mohammed Ben Nayef, également ministre de l'Intérieur, de la Légion d'honneur le 4 mars 2016.
Le SNESUP-FSU condamne cette distinction qui marque un soutien de l'État français au régime despotique et obscurantiste saoudien, dont les femmes et les dissidents sont les premières victimes.