Remarques et interrogations de la section SNESup de l'IUFM de Créteil à propos du texte « Formation des Enseignants »

Publié le : 21/05/2012


Remarques et interrogations de la section SNESup de l'IUFM de Créteil à propos du texte « Formation des Enseignants »


Les membres de la section SNESup de l'UPEC-IUFM de Créteil apprécient ce texte dense qui expose et explicite de nombreux points et principes relatifs à la formation des enseignants : rôle de l'Etat, nécessité d'un cadre national précis, du fléchage des moyens et d'une offre de formation organisée et coordonnée au niveau académique, reconnaissance du dispositif de formation des maîtres par un diplôme national de master, besoin d'un continuum de formation, réflexion sur les cursus de licence, principe de l'égalité territoriale, pré-recrutements, stages et véritable alternance, formation initiale et continue des enseignants, formation d'adultes et de formateurs, importance de la recherche dans la formation (par et avec la recherche) et des équipes pluricatégorielles, réflexion sur les épreuves de concours.

Cependant, outre les précisions nécessaires à apporter pour cadrer les stages au cours du master (et éviter les situations difficiles rencontrées cette année), deux points en particulier suscitent des interrogations : il s'agit du statut des IUFM (point 2) et de l'articulation pré-recrutement / master / concours (points 8, 9 et 13)

Point 2 les IUFM :

Certaines formulations au sujet « d'une structure spécifique qui puisse, à l'échelle académique, travailler avec l'ensemble des universités de son territoire » semblent contradictoires.

  • D'une part, il est affirmé que « les opérateurs de la FDE doivent avoir un statut qui garantisse leur autonomie scientifique et pédagogique, aussi bien vis-à-vis des rectorats que des universités » (l. 126-128).
  • D'autre part, « les universités, en liaison avec l'IUFM de l'académie, sont responsables pour l'ensemble des dimensions de la formation des enseignants » (l.155-156)

La première affirmation laisse à penser que les IUFM pourraient former une structure indépendante et extérieure aux universités, la seconde attribue la responsabilité de la formation aux universités.
Les IUFM ne risquent-ils pas de devenir, au contraire du but recherché, des prestataires de service des universités placées, elles, en position de responsabilité et de pilotage de la FDE ?
Cette sortie de l'université intégratrice ne porte-t-elle pas aussi en germe un relâchement des liens en cours de construction entre IUFM et UFR et un risque de partition accentuée entre formation disciplinaire et formation professionnelle ?

Par ailleurs, ne rend-elle pas l'adossement à la recherche plus difficile pour des établissements qui ne comportent pas de laboratoires de recherche (même si les EC sont individuellement rattachés à des laboratoires) ?

Serait-il possible d'envisager le maintien d'une intégration de la structure IUFM dans une université, en tant que composante de cette université (avec budget fléché et maintien des moyens, rétablissements à la hauteur des besoins quand ils ont été amputés), et en même temps le développement des relations par conventions entre un IUFM intégré et les différentes universités de l'académie pour assurer son ressort académique  - surtout en cas d'alternance et d'abrogation de la LRU, au profit d'une logique de soutien aux coopérations entre établissements universitaires, pour assurer un maillage académique et une égalité territoriale ?

 

Points 8, 9 et 13, Pré-recrutements, master, concours

Dans le scenario développé, ce ne sont pas les pré-recrutements en soi qui suscitent une difficulté, mais l'articulation entre pré-recrutements, master et concours et le risque consécutif de créer un vivier de reçus-collés.

La place du concours en Master 2 a été identifiée jusqu'à présent comme la pire des solutions. Actuellement, étudiants et formateurs souffrent beaucoup dans ces masters qui cumulent de multiples objectifs contradictoires.
Dans le scenario proposé, les masters enseignements sont accessibles à la fois à des pré-recrutés (à hauteur de 90% des postes mis aux concours en fin de M 2, l. 318-319), à des pré-recrutés sur dossier en fin d'année de M1 (10 % des places, l. 356) mais aussi à des étudiants non pré-recrutés (l. 303-304 et l. 359), ce qui repose la question des « reçus au diplôme -collés au concours ».
Sans même compter que « les concours de recrutement sont accessibles à tous les titulaires d'un master » (l. 360).
Le texte affirme que les pré-recrutements « permettent la gestion raisonnée des flux d'étudiants pour ne pas alimenter un vivier de précaires » (l.301-302) mais déclare à la suite qu' « il n'est pas nécessaire d'être pré-recruté pour pouvoir s'inscrire dans un master enseignement ou passer un des concours de recrutement de la fonction publique » (l. 303-304).

Le nombre de candidats aux concours excédera nettement le nombre des pré-recrutés. Il n'y a pas d'assurance que les diplômés des masters enseignement (pré-recrutés ou non) soient recrutés. Ce dispositif peut contribuer à rendre caduque le recrutement par concours, des étudiants diplômés pouvant être engagés par contrat au vu de leur qualification et ne souhaitant d'ailleurs plus candidater à des concours (toujours difficiles).

L'origine de la difficulté est exposée dans la note 10 : « le problème de la régulation nous confronte à un dilemme entre le mandat du SNESup sur le refus de toute sélection, y compris à l'entrée du M1 et le refus de la création d'un vivier de précaires masterisés ».

Pour sortir de ce dilemme, la question est de savoir comment hiérarchiser les objectifs prioritaires et si ce mandat a été adopté dans un contexte (2007) où l'articulation entre concours de recrutement de la fonction publique et diplôme de master, avec toutes ses conséquences, était déjà posée en ces termes de manière claire.

L'objectif prioritaire pour les membres de la section SNESup de l'IUFM de Créteil est de ne pas constituer de vivier de précaires qui pourraient devenir les diplômés contractuels de l'Education nationale mais de garantir une formation de qualité des enseignants, recrutés par concours de la fonction publique d'Etat.
Ils souhaitent que soit prise en compte la situation spécifique de ces masters enseignements qui sont de fait liés au recrutement d'enseignants par concours, sans que cette situation soit généralisable à l'ensemble des masters. Pour éviter la constitution d'un vivier de reçus collés, ils proposent que l'accès des masters enseignement (et seulement des masters enseignement) soit limité soit aux seuls pré-recrutés en fin de licence, soit aux lauréats d'un concours de recrutement en fin de licence.

  • Dans le cas de pré-recrutements en fin de licence, dont le nombre serait calibré par rapport aux postes mis au concours deux ans plus tard, les étudiants pré-recrutés auraient le statut d'élèves-professeurs pendant deux ans, et suivraient les dispositions indiquées dans le texte « formation des enseignants » (salaire, ancienneté, engagement décennal, véritable formation alternée...) Ils passeraient un concours en fin de master 2 avec des épreuves professionnelles. Le taux de réussite à ce concours peut être très important (cf taux de titularisation dans le dispositif précédant la masterisation).
  • Dans le cas où il n'y aurait pas de garantie de prérecrutements (associés à un véritable statut, et en nombre étroitement liés avec les postes mis au concours deux ans plus tard), un concours national de recrutement entre licence et master permettrait aux lauréats fonctionnaires-stagiaires d'accéder à un diplôme de master enseignement. La réussite au diplôme serait un élément de la titularisation.

Aucune solution n'étant simple, chaque scenario soulève à son tour des questions. Le recrutement se ferait dans le dernier cas de figure entre licence et master sur des épreuves disciplinaires. Mais cela n'empêche pas d'instaurer des éléments de pré-professsionnalisation en licence, et la dernière étape du recrutement se ferait sur des critères professionnels.
D'ailleurs, si l'on suit le scenario exposé dans le texte « formation des enseignants » et si l'on adhère au raisonnement selon lequel les pré-recrutements « permettent la gestion raisonnée des flux d'étudiants » (l. 301), il faut constater que ces pré-recrutements en fin de licence se feraient aussi sur des épreuves disciplinaires.

Un recrutement placé entre la licence et le master peut être perçu de manière différente selon que les étudiants souhaitent devenir enseignants du premier ou du second degré, et paraître trop précoce pour le second degré. De plus, tous les étudiants ne souhaitent pas nécessairement devenir enseignants dès la fin de la licence.
Cependant, ce dispositif placé en fin de licence n'est pas contradictoire avec la poursuite d'autres diplômes après la licence (masters recherche en LSH ou en SVT notamment), avant de tenter les concours de prérecrutement ou de recrutement ouvrant à ces masters enseignement spécifiques.

Des dispositifs doivent être pensés pour permettre aux étudiants étrangers d'accéder au métier d'enseignant (même dispositif que pour les étudiants se destinant à l'enseignement privé ? Ou suppression de la condition de nationalité pour le recrutement par concours, par exemple).