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L'instauration du conseil supérieur des programmes est assurément une avancée au regard des problèmes posés par de nombreux programmes scolaires ou référentiels de formation ces dernières années. Elle offre une chance précieuse d'impulser un processus réellement novateur d'élaboration et de conception des contenus à enseigner. C'est l'occasion de rompre avec un certain nombre de faux débats qui ont opacifié les choix à faire pour le système éducatif et de repartir de l'avant dans une optique de démocratisation. C'est pourquoi nous proposons au débat des principes, des règles, des étapes pour parvenir à une véritable refondation des programmes et des modalités de leur élaboration en tenant compte des éléments positifs de l'expérience du conseil national des programmes. La définition des contenus qui doivent être enseignés est un élément particulièrement important puisqu'il s'agit notamment de sélectionner les savoirs et compétences qui devront être communs à toute une génération au terme de leur formation dans les trois voies du lycée.
Pour que ces principes directeurs puissent se traduire dans de nouveaux programmes, nous pensons qu'il faut également redéfinir leur mode d'élaboration. Les changements doivent être conduits de façon démocratique, en associant les acteurs concernés à tous les moments du processus de construction des programmes. A l'inverse, le modèle visant à favoriser la parole d'experts contre celle de la communauté professionnelle qui a été trop souvent à l’œuvre dans la dernière période et s'est avéré peu efficace pour favoriser la réussite des élèves, doit être abandonné. Les enseignants et leurs représentants doivent pouvoir faire valoir leur expertise professionnelle.
Le processus de construction des programmes devrait comprendre différentes phases qui ne pourront se dérouler que sur un temps minimal de deux ans.
Avant toute modification des programmes, il est d'abord nécessaire d'effectuer un bilan des programmes précédents, notamment par des enquêtes indépendantes. Cette phase doit associer des chercheurs en éducation, les corps d'inspection, les formateurs et les enseignants. Aucun nouveau programme ne devrait être engagé sans ce bilan.
Il convient ensuite de porter une attention toute particulière à la constitution des groupes chargés de l'élaboration des programmes. La commission doit être composée en toute transparence par une publication officielle de la liste de ses membres. Elle devra être constituée de personnes connaissant la discipline ou ayant une connaissance du système éducatif : personnels d'inspection, universitaires ayant montré dans le cadre de leurs travaux un intérêt pour les questions d'enseignement dont au moins un dans le domaine de recherche en didactique, conseillers pédagogiques, formateurs, et pour moitié d'enseignants « de terrain » qui pourront bénéficier d'une décharge de service pour travailler effectivement de façon constante sur les programmes. Elle pourrait être pilotée par un universitaire et un inspecteur. Le travail de conception des programmes devra permettre une mise en cohérence des contenus d'enseignement, ce qui demandera pour les filières professionnelles et technologiques de penser et d'articuler ce travail avec les FIP3 et les CPC. Les membres des différents groupes de travail devront ainsi pouvoir assister aux travaux de l'ensemble des groupes afin de construire des cohérences entre programmes des différents cycles (école primaire, collège et lycée) et entre disciplines.
Les travaux du groupe doivent ensuite faire l'objet d'échanges réguliers avec la communauté éducative. La commission procède ainsi à des auditions d'associations, syndicats, collectifs, etc. et leur transmet régulièrement un bilan des travaux en cours pour avis. La commission consulte également les enseignants lors de la rédaction sur les finalités des programmes en construction, au moment de leur mise en forme intermédiaire (synopsis), et dans leur forme finale. Les consultations sont ouvertes à tous les enseignants, quelle que soit leur discipline ou leur(s) niveau(x) d'enseignement. Elles sont recueillies sur un serveur ouvert à cet effet sur une durée permettant une véritable interaction. Un bilan sera rendu public. Les rédacteurs des programmes devront justifier leurs choix par écrit et les mettre en débat dans la profession, anticiper les difficultés à mettre en œuvre certaines nouveautés.
Afin de donner aux enseignants les moyens de la mise en œuvre des programmes, des plans de formation seront programmés sur plusieurs années. La formation initiale et continue des enseignants devra permettre une maîtrise didactique et épistémologique des contenus à enseigner et éviter le piège de la simple énonciation ou imposition de prescriptions. Des documents d'accompagnement, à l'image de ce qui a été réalisé en 2002 dans le premier degré, sont nécessaires pour aider à l'appropriation des programmes par les enseignants.
Enfin, le CSP devra prévoir les modalités d'un accompagnement régulier de la mise en œuvre intégrant la publication de bilans annuels. Ils pourront prendre la forme d'observatoires académiques, associant les enseignants de terrain à la réflexion. Il s'agit de permettre des ajustements visant à améliorer les programmes au regard de la réalité de leur mise en application dans les classes.
Les contenus des programmes, les contenus des concours de recrutement, la formation initiale et continue au sein des ESPE doivent donc être pensés ensemble pour favoriser une école qui contribue à la réduction des inégalités. C'est pourquoi les enseignants sont recrutés et formés à un haut niveau scientifique et pédagogique. Pour refonder l'école il faut s'appuyer sur des enseignants concepteurs qui puissent connaître et enseigner des éléments d'une culture commune. Il faut s'appuyer sur les résultats des travaux de la recherche notamment en éducation, mieux lier les notions visées et les activités intellectuelles attendues. L'objectif est de conduire tous les élèves à s'approprier les savoirs, compétences et formes de raisonnement qui sont nécessaires pour vivre en société, s'insérer dans le monde professionnel, pouvoir à tout moment poursuivre ou reprendre des études et tirer profit de la formation tout au long de la vie, s'épanouir dans leur vie personnelle. C'est à ce prix que nous pourrons réellement donner un nouvel élan à la démocratisation scolaire.
Acireph, Apses, Collectif pour un Aggiornamento Histoire géographie , GFEN,SNEP , SNES Snesup, Snuep, Snetap, SNPI, Bertrand Geay , Stéphane Bonnéry , CORPUS (COllectif pour une Refondation des Programmes Universitaires et Scolaires)
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1 On n'enseigne jamais à des élèves vierges de toute connaissance
2 Commissions paritaires consultatives
3 Formations interprofessionnelles
Pour une véritable refondation des programmes scolaires
Les principes
Les programmes scolaires des premier et du second degré, structurent l'enseignement dans les classes. Nous pensons que plusieurs principes directeurs doivent présider à l'élaboration des contenus de chaque programme, dans une logique commune aux différentes disciplines scolaires et, en particulier pour le premier degré, aux domaines d'enseignement :Les processus d'élaboration des programmes
Le respect de ces principes devrait assurer simultanément une plus grande légitimité et une meilleure efficacité aux programmes scolaires. Nous pensons cependant que trois garde-fous supplémentaires sont nécessaires :
Premiers signataires :
préalable du monde qui les entoure. Avant même tout travail sur le
système solaire, chaque enfant ne croit-il pas « voir » par lui-même que
le soleil tourne autour de la terre ? Ne pas se donner le temps de
comprendre ces préconceptions, c'est à coup sûr échouer à les rectifier
lorsqu'elles sont erronées, ou à les enrichir lorsqu'elles sont
insuffisamment fondées.
Pour une véritable refondation des programmes scolaires
Publié le : 07/10/2013