Un déconfinement combatif ! - Lettre des sections FSU de l'Université Grenoble Alpes, 9 juin 2020

Publié le : 09/06/2020

 

Communication de la section FSU de l'Université Grenoble Alpes
(regroupement local des sections SNESUP, SNASUB, SNEP et SNCS)

Lettre FSU juin 2020 : un déconfinement combatif !

 
Sommaire:
 
LPPR : le gouvernement persiste et signe
Quel bilan tirer de ces mois de confinement ?
Rentrée 2020 à hauts risques
Non à la fusion des instances CT et CHSCT
Liberté de manifester : la santé oui ! le bâillon non ! - appel du 16 juin
 

LPPR: le gouvernement persiste et signe
 
Création de "tenure tracks", création de "CDI de mission", primes "au mérite" pour les chercheurs et enseignants-chercheurs, accentuation des politiques d'évaluation, augmentation du rôle du privé dans la recherche publique, développement de l'ANR : toutes ces dispositions, initialement présentes dans les 3 rapports préparatoires à la LPPR, ont provoqué une mobilisation très forte des universitaires avant le confinement.
Malgré l'opposition exprimée partout en France par les collègues, le gouvernement persiste et signe : il a diffusé, le 5 juin, le projet de loi LPPR en vue de son examen au CNESER le 12 juin, au CT-MESRI le 17 juin et au CT-U le 22 juin.
 
Le projet de loi est disponible sur le site du SNESUP:
    
Des premières analyses du texte sont disponibles ici:
Outre ces dispositions inacceptables qui renforcent les politiques d'excellence et qui accentuent la précarité à l'université, la trajectoire budgétaire envisagée par le gouvernement dans ce projet de loi (pour les 10 années à venir) n'est pas à la mesure des besoins de l'ESR.
Par conséquent, nous exigeons l'abandon du projet de loi LPPR.
 
D'ores et déjà nous appelons à la mobilisation de toutes et tous dans un cadre qui va se préciser dans les toutes prochaines heures.
Voir, par exemple, l'appel à la mobilisation de Facs et Labos en Lutte pour les 12, 16 et 17 juin :
 

 Quel bilan tirer de ces mois de confinement ?

 
Malgré l'implication et les efforts des personnels, force est de constater que la situation que nous avons vécue depuis près de 3 mois relève bien d'une situation dégradée : fracture numérique, sanitaire, sociale, surcharge de travail pour les étudiant·es et les personnels, coûts induits par l'utilisation du matériel personnel, isolement des étudiant·es, etc. Le travail à domicile s'est ainsi effectué sans cadre, sans délimitation horaire, très souvent avec du matériel personnel (ordinateur, connexion, etc.)[1] et dans des contextes personnels et familiaux très variables. Cela a entraîné dans certains cas pour les personnels des pratiques intrusives et le non respect de la vie privée. 
              
Sur le plan pédagogique, des adaptations diverses ont été mises en œuvre pour maintenir, coûte que coûte, le maximum de liens avec les étudiant·es. Pour autant, la grande majorité des collègues et des étudiant·es perçoivent les limites de  cette "pédagogie à distance" tant vantée par nos ministres. Nous ne pouvons parler dans ces conditions de "continuité" pédagogique mais bien de "rupture" pédagogique, au regard du nombre d'étudiants restés sur le bord du chemin. Nous espérons que cette expérience aura au moins le mérite d'ouvrir les yeux des messagers d'une pédagogie tout "numérique" trop souvent présentée comme solution miracle et prétexte à une réduction des coûts... A ce propos, la FSU a publié la tribune suivante, en réponse au DGS de l'UGA qui se vantait dans la presse d'avoir ouvert "une nouvelle voie": 
 
Sur le plan de la recherche, beaucoup de collègues ont été lourdement affectés et ont dû stopper leurs travaux. Pour les enseignants-chercheurs, le temps consacré à la "continuité pédagogique" ne laissait presque plus de place à l'exercice d'une activité de recherche. L'UGA s'est peu intéressée à ce problème jusqu'à présent et nous demandons donc qu'un état des lieux de l'impact du confinement sur la recherche soit réalisé dans le cadre de la Commission Recherche du CAC. 
 
Concernant les doctorants et post-doctorant, nous demandons une prolongation significative de leurs contrats, comme l'indique la lettre ouverte adressée au président, co-signée par UNEF, FSU, CGT, Sud Education, Solidaires Etudiant·e·s et UEG, jointe à ce communiqué.
 

 
Rentrée 2020 à hauts risques : plus que jamais, l'ESR a besoin de moyens supplémentaires
              
D'ores et déjà, le président de l'UGA nous annonce une rentrée en "mode hybride"[2] et semble peu à peu valider le principe d'une sorte de "continuum" entre présentiel et distanciel, considérant ainsi que les deux sont interchangeables (l'UGA parle de "réversibilité du présentiel et du distanciel"). Chaque enseignant, chaque étudiant, sait que ce n'est pas le cas.
 
Cette proposition inquiète les collègues, qui mesurent la dégradation des conditions d'enseignement et d'apprentissage, la surcharge de travail, la limitation des interactions, l'appauvrissement des "groupes-classes", les inégalités engendrées, le grignotage encore accentué du temps de travail consacré à la recherche. Le danger de l'hybride est particulièrement fort pour les étudiant·es de licences première année soumis au risque absolu et inévitable de décrochage et de mal-être. Le développement du distanciel conduira aussi à freiner la vie sociale des étudiant·es et leurs échanges, qui contribuent aussi à leur formation et leur émancipation.
              
Pour la FSU, il est indispensable de privilégier l'enseignement en présentiel, et pour cela d'examiner toutes les pistes possibles : utilisation de locaux hors université avec les moyens techniques et de personnels associés, dédoublements des groupes, recrutement de personnels, etc. Par ailleurs, la modalité d'enseignement (à distance ou en présentiel) doit représenter un choix pour les collègues et les étudiants, elle ne peut pas être imposée par l'administration.
              
Localement, la FSU demande à ce que toutes les pistes pour maintenir le présentiel soient explorées et que la gestion de crise soit pilotée de manière collégiale et dans le respect de la représentativité des instances, tant sur le plan sanitaire que pédagogique. Plus que jamais, dans cette situation d'une complexité inédite, il est primordial de discuter avec les personnels concernés et les équipes pédagogiques. Dans ce contexte, le CHSCT, le CT et la CFVU ont un rôle important à jouer. Lors du CT du 26 mai, la FSU a demandé: "la mise en place d'un groupe de réflexion (lié au CT) sur des scénarios permettant de reprendre un maximum d'enseignements en présentiel pour la rentrée de septembre, dans le respect des conditions de sécurité sanitaire pour les personnels et les étudiants". Nous demandons également que la CFVU soit saisie sur ces questions, et ceci bien avant la prochaine séance prévue le 24 juin.
 
Conscient que tout ne relève pas que de la politique locale, la FSU dénonce l'abandon dans lequel le ministère a laissé les établissements et les personnels pour gérer la crise sanitaire(3).
 
La crise actuelle amplifie le manque criant de moyens dont souffre l'université française. 
Nous refusons de sacrifier une génération entière d'étudiant·es, d'épuiser les personnels de l'ESR, de mettre en danger la recherche effectuée à l'université. La FSU appelle le gouvernement et la représentation nationale à prendre leurs responsabilités et à donner dès maintenant les moyens nécessaires au service public de l'enseignement supérieur et de la recherche (voir communiqué de presse ici). Pour cela, un plan d'urgence pour l'enseignement supérieur et la recherche, avec recrutement de personnels, est plus que jamais nécessaire ! (4) Pas de retour à l'anormal !
 
Nous relayons la pétition ci-dessous, pour "investir dans l'humain" - "Des humains plutôt que des machines":
"Président·es d'université, est-ce ainsi que vous voyez « l'Université d'après » ?" (suivre le lien ici)
 
Signons la tribune: "Pour la rentrée 2020, les universités et les laboratoires de recherche ont plus que jamais besoin de moyens et de recrutements"
 

Non à la fusion des instances CT-CHSCT : 
 
Le gouvernement persiste aussi dans la mise en oeuvre des dispositions de la loi dite de "transformation de la fonction publique".
En particulier, il envisage la fusion des instances de dialogue social (CT et CHSCT), alors même que ces instances jouent un rôle de premier plan pour défendre les personnels en pleine crise sanitaire. 
Nous relayons ici la déclaration liminaire des 5 organisations de la Fonction publique au groupe de travail CHSCT du 5 juin 2020:
       
La FSU continue à s'opposer à la loi de transformation de la fonction publique et exige, notamment, le maintien des CT et des CHSCT.
 

Liberté de manifester : la santé oui ! Le bâillon non !
 
Il ne suffit pas, dans un régime démocratique, de proclamer l'existence de droits politiques, économiques, sociaux et culturels. Encore faut-il pouvoir les exercer effectivement.
Un des moyens pour y parvenir, c'est d'utiliser la liberté fondamentale que constitue le droit de se rassembler et de manifester dans l'espace public.
C'est pourquoi, les organisations syndicales CGT, FSU, SAF, Syndicat de la magistrature et Union Syndicale Solidaires, engagent devant le Conseil d'État une procédure de référé-liberté afin que toutes et tous puissent continuer à jouir pleinement de leurs droits fondamentaux.
 
Lutte contre les violences policières, soutien aux soignants ou au monde du spectacle, lutte contre la fermeture d'usines, etc...: la mobilisation est forte et les manifestations se succèdent partout en France.
 
Dans une déclaration commune, 20 organisations associatives et syndicales réunies au sein de la coalition « Plus jamais ça » lancent un appel à soutenir et participer aux mobilisations prévues le 16 juin à l'initiative des personnels de santé:
https://fsu.fr/plus-jamais-ca-nous-les-avons-applaudis-maintenant-il-nous-faut-les-soutenir/
Rendez-vous le 16 juin à 14h30 devant l'hôpital Michalon à Grenoble, dans le respects des mesures de protection sanitaire.

Notes:
(1) L'UGA rembourse uniquement les consommables à hauteur de 80 euros maximum. Lors du CT du 26 mai, la FSU, la CGT et FO ont demandé à l'UGA de prendre en charge les frais liés au travail à distance au delà des consommables, en accord avec le décret précisant les modalités de mise en oeuvre du télétravail dans la fonction publique (article 6: "L'employeur prend en charge les coûts découlant directement de l'exercice des fonctions en télétravail, notamment le coût des matériels, logiciels, abonnements, communications et outils ainsi que de la maintenance de ceux-ci."; voir le texte sur legifrance ici). Nous estimons qu'il est inacceptable que les personnels payent eux-même les frais liés à l'exercice de leurs missions et nous demandons que le cadrage du télétravail à l'UGA soit réévalué pour que cette situation ne puisse plus se reproduire.
 
(2) L'e-mail du président de l'UGA du 29 mai indique un "mode hybride" pour la rentrée, dans la lignée des préconisations du ministère (voir ici la fiche du ministère "hybrider la formation dans un contexte contraint")
Par ailleurs, le communiqué de F. Vidal du 3 juin indique "Pour cette raison, les établissements doivent prévoir des enseignements en distanciel et/ou en présentiel dans une mesure et selon des modalités qu'il leur appartiendra de déterminer et qui leur permettront d'anticiper une éventuelle dégradation des conditions sanitaires."

https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid152154/epidemie-de-covid-19-deconfinement-et-reprise-des-activites-sur-site-pour-les-etablissements-de-l-enseignement-superieur.html
 
(3) Notons par exemple, l'ordonnance n° 2020-351 du 27 mars 2020 qui confie à chaque université l'organisation des examens, cassant ainsi de fait le caractère national des diplômes et créant des inégalités de traitement entre les étudiant·e·s d'universités différentes:
 
(4) Voir la lettre Flash du SNESUP-FSU: "Un plan d'urgence pour l'ESR s'impose !"