Conseil départemental de Saint-Denis du 14 février 2019 :
Voeu relatif à l’augmentation des frais d’inscription
des étudiant·e·s extra-communautaires
Les élu-e-s du Conseil Départemental de la Seine-Saint-Denis observent avec une grande inquiétude les réformes successives dans l’enseignement supérieur.
De Parcoursup à la réforme du lycée professionnel en passant par la modification des frais d’inscription, c’est l'idée même d'un enseignement de qualité accessible à tout-e-s qui est attaqué, en contribuant à aggraver le tri social des étudiant-e-s.
Actualité la plus récente, le gouvernement a annoncé une hausse de frais d’inscription pour les étudiant-e-s non communautaires. De 170 € par an à 2 770 € en licence et en master (ou doctorat) de 243 à 3 770 €.
En France plus de 320 000 personnes sont concerné-e-s, et dans les 2 universités de Seine- Saint-Denis, 1/3 des étudiant-e-s sont étranger-e-s.
Les mobilisations et les expressions ont été nombreuses de la part d'une grande partie de la communauté éducative, d’organisations étudiantes, et d’experts de l’enseignement supérieur. La Conférence des Président-e-s d'Université elle-même a dénoncé sur le fond et sur la méthode ces annonces.
Dès le 3 décembre, la direction de l’université Paris 8, située sur notre territoire, a réagi :
« Pour notre université, riche de la variété de ses publics, de leur origine qu’elle soit géographique, sociale ou culturelle, à l’image de la population cosmopolite et multiculturelle de notre territoire, il n’est pas envisageable de mettre un prix à l’hospitalité et d’interdire l’accès de nos formations à tout-e-s celles et ceux qui y projettent leur espoir d’une vie meilleure. »
Plus de 20 universités en France ont annoncé leur refus d’appliquer une telle décision. Pour ces universités comme pour nous, cette décision n’est que budgétaire.
Elle consiste à faire porter le désengagement de l’Etat sur les étudiant-e-s, sans s’attaquer aux problèmes structuraux de financement des universités françaises, et nous craignons que cette hausse pour une partie des élèves ne soit qu’un prélude à une hausse généralisée.
C’est pourquoi :
CONSIDERANT l'importance de l'ouverture de notre système d'éducation supérieure à tous/tes les étudiant-e-s, y compris hors d’Europe, et qui contribuent au rayonnement de notre pays.
CONSIDERANT indigne la distinction entre étudiant-e-s étrangers/ères, non étrangers/ères, communautaires, non communautaires, alors qu’il s’agit du droit universel à l’éducation, y compris dans le cadre de l’enseignement supérieur,
CONSIDERANT que l’échange, le brassage multiculturaliste, la confrontation avec des systèmes et des contenus d’enseignement différents selon les pays et les continents, est une richesse et garantit une meilleure formation pour toutes et tous, y compris pour les étudiant-e-s français-e-s,
CONSIDERANT que la multiplication par 15 des frais d'inscription crée une barrière à l'inscription d'étudiant-e-s modestes ou les oblige à contracter des prêts étudiants aux taux souvent usuraires.
CONSIDERANT qu'aucune étude d’impact n'a été entreprise pour anticiper les effets d'une telle augmentation.
Le Conseil départemental, réuni en assemblée le 14 février, demande :
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que le gouvernement renonce à l'augmentation des frais d'inscription pour les étudiant-e-s étranger-e-s non communautaires,
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le lancement d’une concertation, sans délais, proposant des actions concrètes pour combler le manque criant de moyen dans les universités françaises ;
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la reconnaissance et la réaffirmation, comme objectifs fondamentaux, du rôle universel d'un enseignement supérieur pour la réussite de tou.te.s.