Communiqué de la section SNESUP-FSU de l’URCA, de la FSU Champagne-Ardenne, du SNES académique et du SNASUB de l’URCA
26 novembre 2017
Chers collègues,
Nous avons le (dé)plaisir de vous informer que l’université de Reims s’apprête à entrer dans le Guinness des records à deux titres : celui de la plus grande activité de création de maquettes de diplômes du monde et celui du mépris vis-à-vis des étudiants et des personnels de la part de managers devenus fous.
Co-portées par les UFR concernées (SEN, LSH et SESG) et par l’ESPE, les maquettes des masters sur les formations au métier d’enseignant MEEF ont été déposées en mars dernier. Elles avaient préalablement donné lieu à des cadrages précis et à une vérification de leur respect par les instances de l’université. C’était déjà un 1er exploit quand on sait la charge de travail des maitres formateurs, des enseignants et des enseignants-chercheurs mais aussi on l’oublie trop souvent des personnels administratifs. Sans compter le temps nécessaire à la réflexion sur les maquettes et le climat tendu du plan de retour à l’équilibre de notre université !
On apprend toutefois aujourd’hui que le dynamisme des collègues investis dans les maquettes ne va pas baisser. Loin s’en faut ! Voici que, suite à un « challenge sportif » imaginé par notre « rationnel » ministère, ils vont devoir repousser les limites de l’insoutenable. Il leur est en effet demandé de revoir ces maquettes et de les remonter pour le 7 décembre. Et oui, et oui, suite à une « erreur technique », le ministère aurait oublié, l’année dernière, de transmettre la totalité de la règle du jeu. Ce n’était ni option rugby ni option dépôt de maquettes, mais massacre à la tronçonneuse à savoir 30% de réduction supplémentaire des maquettes. En conséquence, nos collègues sont obligés de rejouer le match. Si cela ne permet pas d’améliorer notre niveau rugbystique, considérer des personnels en burnout comme des ressources profondément renouvelables permettra peut-être au moins à notre gouvernement de tenir les objectifs de la COP21.
Des questions viennent tout de même, car après le rire amer une rage froide nous envahit.
Notre ministre, pourtant universitaire, ignore-t-elle que la formation des futurs enseignants nécessite des équilibres subtils entre pédagogie, didactique et savoirs disciplinaires ? Ignore-t-elle aussi que les métiers auxquels préparent les masters MEEF contribuent à former des citoyens qui participeront au progrès économique de notre pays mais aussi à son progrès social pendant une génération ? Et que cela ne peut se faire sans moyens ? Notre gouvernement sait pourtant les trouver quand il s’agit d’abonder à destination des entreprises un crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) dont les résultats sont proches du néant.
La préférence du ministère va-t-elle à la formation des enseignants ou à la recherche d’une main d’oeuvre en stagiaires bon marché pour boucher ses trous ? Le stage en situation est noble, bien sûr, mais avec ces réductions de maquettes on va envoyer sur le terrain des étudiants de moins en moins formés sur … l’essentiel ! Merci Madame la ministre !
La partie (droite) du cerveau du ministère qui veille à ses équilibres budgétaires (qui se traduit notamment par un plan de retour à l’équilibre financier (PREF) drastique à l’URCA) est-elle en connexion avec celle (gauche) qui doit veiller à une formation de qualité des enseignants et accessoirement à l’égalité entre les étudiants des différentes universités dans la préparation à des concours nationaux ?
Sollicitée avec la délicatesse coutumière du ministère, quelle position la présidence de notre université va-t-elle prendre face à cette situation ? Entend-elle alerter les managers fous sur ses propres difficultés ainsi que sur celles des collègues ? Ou entend-elle profiter de cette situation pour durcir son PREF ? À moins que son objectif caché soit, astucieusement, de devancer toutes les autres universités dans le classement de Shanghai catégorie burnout des universitaires ?
Chers collègues, comme dirait Stéphane Hessel :
INDIGNONS-NOUS ! RÉSISTONS !