Lettre Flash n°4 : Rentrée dans les universités : mouvement ou régression ?

Publié le : 03/10/2014


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 Rentrée dans les universités : mouvement ou régression ?

La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et sa secrétaire d'Etat ont tenu leur conférence de presse de rentrée universitaire. Leurs affirmations sont largement contredites par les informations recueillies par le SNESUP-FSU.

Le ministère annonce une stabilité des effectifs en 1ère année de Licence ; les informations recueillies par le SNESUP-FSU auprès des collègues dans les établissements sont bien différentes !
Outre que l'on puisse s'étonner de la précision des chiffres ministériels permettant de mesurer des variations aussi infimes1, alors même que les inscriptions ne sont pas totalement achevées, les données parvenues au SNESUP-FSU, en provenance de 25 universités, indiquent de fortes hausses d'effectifs en L1, en particulier dans les licences Sciences et Technologies (20 % à Grenoble, 27 % à Dijon, de 20 à + 30 % à Nantes...), mais aussi en Sciences Humaines et Sociales (+ 4 % en Droit et Sciences Economiques à Limoges, 20 % en Economie et 34 % en Administration Economique et Sociale à Bordeaux...). L'enquête, lancée depuis une semaine par le SNESUP-FSU, se poursuit, car un panorama plus complet est bien sûr nécessaire (des baisses existent sans doute dans certaines universités et certaines filières) notamment pour comprendre l'origine de ces hausses (démographie, taux de réussite au bac, transfert depuis d'autres formations, réforme des programmes de lycée...).

Alors que « la réussite étudiante en premier cycle », et les « innovations pédagogiques » sont présentées comme des priorités, la réalité de terrain évolue dans un sens bien peu favorable.

Les universités sont en situation très difficile pour accueillir un afflux de nouveaux étudiants. Alors qu'il y a lieu de se réjouir de voir les filières scientifiques se remplir de nouveau, c'est l'inquiétude devant l'impossibilité d'assurer des conditions d'accueil correctes qui domine : groupes de travaux dirigés gonflés à 40 étudiants ou plus (sans places assises pour tous !), étudiants obligés de travailler en trinômes en travaux pratiques, séances d'exercices transformées en cours magistraux, journées continues... Faute de moyens, les établissements sont contraints de mettre en œuvre des mesures restrictives, absolument contraires aux améliorations pédagogiques souhaitables : réductions horaires dans des enseignements d'ouverture, suppression d'options, étudiants changés de filière pour équilibrer les effectifs... Lorsqu'elles ne sont pas appliquées dès cette rentrée (comme en STAPS à Montpellier, ou en anglais à Pau...) des « capacités d'accueil limitées » sont envisagées, voire annoncées pour l'an prochain (à Nantes ou à Toulouse par exemple).

Mme Fioraso affirme que, chaque année, « 1000 postes supplémentaires sont affectés dans l'enseignement supérieur ». Qui ignore encore qu'un nombre important de postes est en fait gelé ?

En 2011, l'autorisation d'ouverture était de 3613 postes d'enseignants-chercheurs ; celle-ci n'est plus que 2847 en 2014 (- 21%). De plus, de 2011 à 2013, ce sont 2080 postes autorisés qui n'ont pas été ouverts au recrutement et pourvus ! Cette tendance, systématique depuis le passage aux Responsabilités et Compétences Elargies en 2009, n'a pas de raison de s'arrêter : le transfert de la masse salariale aux établissements continue à se faire sans compensation intégrale des coûts induits. En 2014, c'est à peine la moitié des 200 M€ d'augmentation des charges qui sera compensée, et ce n'est certes pas l'augmentation de 45 M€ en 20152 du « beau budget » de l'ESR vanté par Madame Vallaud-Belkacem qui renversera la tendance. D'ailleurs, les annonces des gels de postes pour 2015 commencent déjà à sortir : 45 à Dijon, 29 à Pau,... A Marne la Vallée, c'est même la totalité des postes vacants (une cinquantaine), qui sera gelée, sur recommandation du ministère !


1 Une hausse globale de 0,1 % des effectifs de L1 représente environ 250 e?tudiants de plus qu'à la rentrée 2013 !
2 En 2014, l'augmentation initiale était de 113 M€ ; 6 mois plus tard l'annulation de crédits a été de 400 M€ !