En mathématiques aussi, des stéréotypes

Publié le : 19/02/2013


En mathématiques aussi,
des stéréotypes

par Michelle Lauton

Une étude du centre Hubertine Auclerc sur les
manuels de mathématiques montre que peu d’entre
eux se font les vecteurs d’une culture de l’égalité.

Le centre Hubertine Auclerc(1), qui étudie
les représentations sexuées dans
les manuels scolaires, diffuse une étude
sur les manuels de maths de terminale(2).
Celle-ci permet de s’interroger sur les
rapports entre discipline mathématique et
réalité sociale. Imagine-t-on que les
manuels de mathématiques – et même
les sujets d’examen – ne comportent aucune représentation sexuée (3)... que les programmes
de mathématiques
n’ont rien à voir
avec l’intérêt des filles
pour la discipline ? En
toile de fond de ces
aspects, on observe
aujourd’hui la disparition
de la géométrie, le
regain des statistiques
sans s’interroger sur la
pertinence des données
et des études menées, la quasi-absence
des démonstrations, éléments qui ne
concourent guère à l’objectif de développer
l’esprit critique... 
L’étude a notamment porté sur la détermination
ou l’indétermination du genre
du personnage, son statut historique ou
fictionnel, les activités socio-économiques
et les documents iconographiques. Le
constat est accablant : la sous-représentation
des femmes est flagrante (1 sur 5) ;
les personnages féminins sont peu
divers, cantonnés à des métiers usuellement
féminins (assistante médicale,
hôtesse, infirmière, « la » standardiste,
« la » secrétaire…). On ne trouve que 35
personnages historiques féminins contre
1 057 masculins et 631 femmes sur 2 256
personnages de fiction. Les femmes
illustres présentes dans les pages sont
souvent associées à leur mari (Marie
Curie) ou à leur frère (Simone Veil).
Quant à Sophie Germain, qui a pourtant
donné son nom à un théorème et à un
lycée parisien, un seul manuel indique
qu’elle a refusé de se soumettre aux
moeurs de son époque et qu’elle échangea
avec les plus grands scientifiques
de son temps.
Dans les perspectives d’évolution, les
auteures de l’étude ont examiné le sujet des probabilités et des statistiques. Si
certains manuels montrent bien l’inégalité
femmes-hommes en matière de
salaires et de temps partiel, ils sont
encore bien peu nombreux à se faire
les vecteurs d’une culture de l’égalité,
alors que le choix d’exercices pourrait le
permettre. 
Lever ces stéréotypes concernant les
maths, et plus généralement
les sciences, est
une condition pour que
plus de filles se dirigent
vers les sciences... et
notamment les maths !  
(1) Centre francilien de
ressources pour l’égalité
hommes-femmes. 
(2) « Égalité femmeshommes
dans les manuels
de mathématiques, une
équation irrésolue ? », Ambre Elhadad et
Amandine Berton-Schmitt, nov. 2012. 
(3) La réponse est clairement NON pour les
manuels et sujets de BTS ou DUT de mathématiques
pour la gestion et de mathématiques
financières, où le personnage en situation
est souvent « un » commerçant,
propriétaire, emprunteur...