Le nouveau ministre de l'Education a annoncé une refonte de la formation des enseignants. Cette remise à plat est essentielle et les négociations qui s'ouvriront seront l'occasion de peser sur les choix pour aboutir à une réforme effective, pensée, et négociée à même de répondre aux exigences d'une formation de qualité au service de la réussite des élèves. Mais cette nécessaire réforme, dont l'objectif reste que la société dispose d'enseignants mieux formés, ne suffira pas pour prendre à bras-le-corps à elle seule la lourde question de l'échec scolaire. A l'instar de la médecine qui, pour progresser dans les soins, a besoin de la recherche médicale et pharmaceutique, l'éducation a besoin de recherches.
L'université française est insuffisamment organisée pour développer la recherche en/sur/pour l'Education. Cette dernière est même insignifiante au regard des priorités politiques nationales et locales. Ce qui peut paraître étonnant alors que l'Education concerne l'ensemble de la population... Une impulsion nouvelle et claire est donc indispensable pour, qu'enfin, en France on se préoccupe de cette question.
L'EPS subit plus encore ce manque de recherches, aggravant une marginalisation à l'œuvre dans l'histoire récente où la place des savoirs et compétences de l'EPS est niée et rejetée du « socle commun » et donc de ce qui est considéré comme « fondamental » à apprendre à l'école. Par ailleurs les recherches menées en STAPS n'ont pas investi fortement la discipline de l'EPS.
Le SNEP et le SNESUP ont donc décidé d'alerter le gouvernement et de faire de cette question une urgence, pour que, le plus rapidement possible, avec les moyens qui sont les siens, la recherche sur l'EPS puisse devenir un domaine valorisé. Cette exigence vaut évidemment pour l'ensemble des disciplines.
Réunis lors d'un colloque (Amiens les 23/24/25 mai) une soixantaine de chercheurs en intervention se sont d'ores et déjà joints à cet appel. Il sera étendu progressivement à l'ensemble des chercheurs en STAPS et à la profession.
Télécharger le texte de l'appel
Pour signer l'appel : http://www.snepfsu.net/phpetitions/appel_recherche/index.php3
Au cours des dernières décennies, une préoccupation s'est exprimée dans la société et particulièrement dans l'Ecole : développer des connaissances dans les domaines de l'éducation, de l'enseignement, de la didactique et de l'intervention. Elle a été insuffisamment satisfaite, particulièrement en EPS où la situation est inquiétante. Aujourd'hui la nécessaire démocratisation de l’École, et donc la réussite possible de tous les jeunes, imposent un véritable développement de ce type de recherches. Cela vaut plus précisément pour l'EPS dans les domaines visant :
Une relance qualitative de la formation initiale et continue des enseignants s'impose, mais elle ne répondra aux exigences de l’École que si ce genre de recherches vient puissamment l'irriguer.
Jusqu'à présent, dans ce champ, les objets étudiés qui ont pu éclairer le travail des enseignants concernent essentiellement la planification, l'organisation et la mise en place d'activités d'apprentissage, la régulation de la relation pédagogique. Ils sont trop souvent déconnectés des contenus à transmettre.
Les savoirs et/ou les compétences caractéristiques des APSA, leur claire identification, les priorités qui s'imposent, leur mise en œuvre pédagogique, ont été peu travaillés. Après un certain essor, des années 80 au début des années 2000, force est de constater qu'aujourd'hui ces recherches s'essoufflent et sont même menacées de disparition. La politique gouvernementale de privilégier le financement par appels d'offre (ANR notamment) au détriment du financement récurrent de la recherche a contribué largement à cette situation. Il faut ajouter que des choix de la communauté STAPS (critères de qualification, constitution d'équipes, recrutements, ...) ont participé à privilégier certaines thématiques de recherche et à en écarter d'autres.
La production de connaissances pour l’École, et par là même pour l'EPS, doit viser explicitement les problèmes liés à la réussite et à l'échec. L'élaboration de méthodes propres à ce type de recherche, en particulier l'implication des enseignants dans ces travaux, est d'une importance déterminante. Elle doit favoriser à terme l'entrée des futurs enseignants et des enseignants dans la recherche et permettre ainsi le développement d'une pépinière de futurs doctorants.
Il en va de la dynamique de l'éducation physique et sportive qui, aujourd'hui, ne dispose plus des cadres institutionnels de réflexion (formation continue, recherchesactions...).
Nous appelons les formateurs d'enseignants et les enseignants- chercheurs centrés sur l'EPS, les formateurs d'enseignants et plus largement les chercheurs en STAPS à participer au développement d'un corpus de connaissances qui permette de mieux définir les contenus de l'EPS, de mieux comprendre, éclairer, et optimiser l'enseignement de l'EPS et les pratiques propres au sport scolaire.
Comme pour toutes les filières déficitaires, en STAPS ou en recherche en éducation, il est urgent de créer des postes de maîtres de conférences ou professeurs des universités, qui permettent de recruter des personnels impliqués dans ce type de travaux, avec des thèses portant sur l'EPS, qu'ils soient enseignants du second degré qualifiés, en poste dans le supérieur ou pas, ou jeunes chercheurs.
Un second souffle pour la recherche en EPS
Appel : un second souffle pour el recherche en EPS
Un second souffle pour la recherche en EPS
Publié le : 25/05/2012