Les conséquences de l'Idex : l'évolution du CNRS

Publié le : 20/04/2012


Les conséquences de l'Idex : l'évolution du CNRS

par Arnaud Le Ny, élu SNESUP au conseil scientifique du CNRS
Le CNRS est profondément affaibli dans son rôle de centre national d'une recherche au service des besoins sociétaux, impulsée par les chercheurs, sur tout le territoire.
Si le CNRS est présent à des degrés divers dans les huit Idex sélectionnés, il n'est en revanche partenaire que d'une partie des Labex, Equipex ou autres investissements d'avenir. Accompagnant ce mouvement inédit de concentration et de déstructuration de l'enseignement supérieur et de la recherche, abandonnant ainsi un rôle moteur dans ce domaine, on parle maintenant au CNRS d'une politique de sites et d'une quinzaine de concentrations
destinées à accueillir les grands centres universitaires à fort potentiel qui forcément émergeront de tout ce bazar. Une grosse quinzaine de sites sont cités ça et là, dans divers magazines ou instances, où le CNRS prétend continuer à soutenir la recherche de base à travers des UMR qui resteraient la brique de
base de la recherche française, mais pas partout quand même... Et si les Labex étaient des marteaux-piqueurs, que restera-t-il de cette brique de base ? Comme le conseil scientifique actuel du CNRS s'en est alarmé dès sa première réunion, avec les Labex, c'est non seulement le financement de la recherche mais la notion même de laboratoire qui sont mises en cause. Les Labex ont une vocation déstructurante et la logique de concentration des Idex avec leur Perimex capteurs de fonds conduira inéluctablement à la désintégration des UMR, soit par dégradation AERES, soit par exfiltration de ses non-ex par le bas.
Accompagnateur plutôt que moteur, rôle de pompier pour saupoudrer ça et là les quelques postes ou euros qu'il lui reste, mais aussi pourvoyeur en personnels avec, d'une part, des velléités de fléchages thématiques locaux et, d'autre part, des engagements contractuels qui conduiront inévitablement
le CNRS à concentrer lui aussi ses moyens sur ces quelques sites, ne jouant son rôle derégulateur national uniquement sur quelques autres sites dans des thématiques bien précises. Une autre conséquence prévisible, dans ces gros mastodontes, est la fragilisation voire la disparition des UPR. Dans cette logique de concurrence, le CNRS devient à un moment donné le concurrent de tous ses partenaires, comme l'illustrent les débats récurrents sur les délégations globales de gestion des laboratoires, ou sur les sempiternelles questions de postes environnés dans les UMR.
Dans la lignée du Pacte pour la recherche, de la création de l'ANR, de l'AERES, des alliances etc., en droite ligne avec la politique suivie depuis plus de dix ans, le CNRS continue de se voir affaibli dans son rôle pourtant unique au monde de centre national d'une recherche au service des besoins sociétaux, impulsée par les chercheurs, sur tout le territoire. Jouant pleinement son rôle d'opérateur obéissant de l'État, il devient un simple partenaire dans des projets élaborés en catimini dans des cabinets de consulting, le partenaire prestigieux que l'on sort pour l'oral et que l'on démembre petit à petit, consciencieusement, qu'il ait le dos tourné ou pas.