Les masters des Idex : vers l'explosion des coûts d'inscription ?

Publié le : 19/04/2012


Les masters des Idex : vers l'explosion des coûts d'inscription ?

La nécessité de rentabilisation immédiate, au nom de l'excellence, ne peut que conduire à une importante augmentation des frais d'inscription et à une centralisation des décisions.

par Xavier Lambert, secrétaire national, section Toulouse 2

L'Idex de Toulouse, récemment validé dans le cadre de la 2e session, est particulièrement emblématique de l'idéologie qui sous-tend la refonte de l'ensemble du service public d'enseignement supérieur et de recherche. Le principe de l'excellence affiché comme moteur de cette refonte renvoie à une volonté de rentabilisation immédiate de la recherche et des formations, quel que soient le prix à payer à long terme et les risques de stérilisation du
milieu par assèchement progressif du vivier. En ce qui concerne le volet formations, les choses s'orientent de façon évidente vers une université à deux vitesses dans la même structure. L'objectif clairement annoncé est de mettre en place des diplômes « étoilés » pour un tout petit nombre d'étudiants : « Les meilleurs étudiants seront progressivement orientés vers les programmes spécifiques de licences d'excellence et plus tard vers les mastères et les doctorats d'excellence. » Et, sans fioritures, le chiffre à atteindre est énoncé : « D'ici 2016, l'objectif est d'atteindre un flux de 1 000 diplômés des programmes de L et M ». Et, sans ambiguïté, il s'agit d'établir des filières d'excellence « qui puissent répondre aux demandes des employeurs et donc augmenter l'employabilité des étudiants». Il va de soi que de tels dispositifs sont très coûteux, notamment en termes d'encadrement. La manne attendue de l'Idex couvrant à peine l'inflation, cela signifie nécessairement un redéploiement des moyens et un certain nombre de mutualisations déjà annoncées
dans le projet. Mais il est tout à fait probable que, non seulement comme cela se fait actuellement à Toulouse 1, les étudiants devront payer certains enseignements optionnels, mais qu'en plus il faut s'attendre à une augmentation substantielle des frais d'inscription. En outre, ces formations étoilées
auront non seulement obligation de reconnaissance internationale, mais il est à peu près évident qu'ayant vocation à une composante internationale de mobilité, les droits d'inscription, à l'instar des masters erasmus mundus, seront « libres ». À travers la fusion des établissements du supérieur, quels que soient leur statut (privé/public) et leur ministère de rattachement, le propos est de constituer une entité unique qui centralisera tout au niveau de «l'Université de Toulouse » remplaçant l'actuel PRES. Cela signifie que les décisions en matière de recherche, de formations, de GRH, et donc de financements, se prendront au niveau de la structure centralisée (dans des conditions particulièrement antidémocratiques) et que, pour permettre que les
choses soient traitées encore plus efficacement dans cette logique, cette structure prendra le statut de Grand Établissement, avec l'aspect dérogatoire
que cela suppose par rapport aux statuts ordinaires des établissements universitaires. Et comme quoi les choses sont bien faites, ce statut dérogatoire permet de déroger, justement, aux obligations faites aux universités de ne pas dépasser un certain seuil en ce qui concerne les frais d'inscription des étudiants.