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Le gouvernement accélère sa politique de mise en concurrence généralisée et d'entrave aux libertés scientifiques avec une arme dévastatrice : le grand emprunt. Cette arnaque conçue pour servir les profits financiers offre aux marchés une occasion supplémentaire de prêter de l'argent à l'État. Celui-ci le distribuera, majoritairement, à des fondations qui devront ensuite le placer pour utiliser des intérêts forcément diminués des rémunérations que les financiers ne manqueront pas de prélever une deuxième fois au passage !
Le gouvernement utilise ce grand emprunt comme un levier pour obliger universités et organismes de recherche à s'organiser de la façon dont il l'a décidé. Tout en faisant croire que la communauté scientifique est libre de son action : autonomie, quel joli mot !
Aux multiples appels d'offres lancés par le ministère, ce ne sont pas les établissements qui répondent, mais des individus, au mieux des équipes. Ce ne sont pas les instances scientifiques des établissements qui évaluent l'opportunité ou la cohérence de ces propositions, mais des jurys ad hoc désignés par le ministère, ou l'ANR. Résultat : le gouvernement a beau jeu de décider lui-même des investissements tout en prétendant que les universités deviennent maîtresses de leur avenir.
Les organismes ne sont même plus chargés de structurer la recherche au niveau national. Après avoir créé l'AERES et l'ANR pour leur retirer l'évaluation et le financement, le ministère a lancé les alliances pour les bâillonner. La délégation globale de gestion leur retirera la gestion. Que leur reste-t-il ? L'embauche et la promotion des personnels ? Que nenni ! Après avoir imposé le salaire différencié au mérite, la ministre affiche maintenant la volonté de confier l'organisation des concours de recrutement des chercheurs aux alliances, ce qui finira de transformer les EPST en simples agences de placement des personnels.
Face à ce rouleau compresseur, nous devons résister, défendre les personnels et exiger la résorption de la précarité. Il devient urgent de bâtir un autre projet pour l'enseignement supérieur et la recherche qui replace, parmi les grandes missions de l'État, le soutien d'un système de recherche public libre de ses orientations et porteur d'avenir. Dans la perspective d'un changement politique en 2012, le SNCS, en synergie avec le SNESUP, mettra toutes ses forces dans la bataille pour la réalisation de ce projet.
L'édito
Autonomie ? joli mot !
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VRS n°381, juin 2010
Publié le : 29/06/2010