Par Gérard BOUCHET
L'ampleur du mouvement social sur les deux gros dossiers des retraites et de la décentralisation a fait passer au second plan celui de la réforme de la formation des enseignants.
Parce que nous ne souhaitions pas que ce dossier qui est manifestement essentiel pour l'avenir du système éducatif soit laissé dans l'ombre, nous avons tenu, malgré les difficultés techniques liées aux circonstances, à ce que cette journée ait lieu et que l'année universitaire ne s'achève pas sans que les revendications et les propositions de nos syndicats en matière de rénovation de la formation n'aient été une nouvelle fois portées.
Au cours de leurs douze années d'existence, les IUFM, et la formation des maîtres, ont été auscultés, radiographiés, disséqués bien plus qu'aucun autre établissement et qu'aucune autre activité ne l'a sans doute jamais été. Cela montre bien que la fonction que la fonction de formation est une fonction centrale pour le système éducatif et la société dans son ensemble.
Les résultats de ces analyses multiples sont clairs.
Même les observateurs les moins bienveillants sont obligés d'en convenir, malgré des insuffisances, les IUFM n'ont pas failli à leurs missions !
Le dernier rapport en date, celui des inspections générales dont la vocation initiale était de fournir les justifications techniques à une opération de démantèlement, est obligé de faire ce constat. Je lis, page 21 : " les nouveaux maîtres sont jugés, par ceux qui les côtoient ou les contrôlent, intellectuellement curieux, sensibles aux nouvelles problématiques, dotés d'une solide culture générale et d'une bonne capacité à comprendre les concepts pédagogiques.
Nous n'aurions pas espéré lire un tel propos sous la plume des " camarades " inspecteurs et puisqu'ils l'ont tenu nous pensons qu'il est juste et qu'il faut en tirer toutes les conséquences.
La création des IUFM a été l'occasion d'un progrès incontestable de la formation des enseignants du 1er et du 2°. Ce progrès n'est pas le fruit du hasard. Il a été rendu possible par un certain nombre de mesures dont il faut souligner toute la pertinence et sur lesquelles il ne saurait être question de revenir à l'occasion d'une réforme :
• Je ne poursuivrai pas la liste, car une de nos tâches d'aujourd'hui sera précisément de désigner clairement ce que nous considérons comme les points d'appui forts et stables sur lesquels la mise en route d'une nouvelle étape de développement de la formation doit se fonder.
Car il faut effectivement engager une nouvelle étape de développement de la formation. La pire des choses aujourd'hui, dans le contexte qui est celui de l'enseignement supérieur, serait que la formation ne bouge pas.
Lorsque le ministre a conclu sa conférence de presse du 7.10.02 en annonçant une réforme de la formation, ce n'est pas cette annonce qui nous a posé problème mais le fait qu'il liait ses choix à ce qu'un nouveau rapport, celui de l'IGEN, proposerait. Il nous est clairement apparu alors que le ministre ne voulait pas tant engager une amélioration de la formation que réaliser une réforme précise - certainement contradictoire avec qui ce qui avait été débattu jusqu'ici - en application de la politique générale du ministère Raffarin. En effet, le travail d'analyse sur les besoins existe, des rapports ont été rendus, des propositions formulées, une synthèse a même été fait par le Conseil National d'Evaluation. Il existe donc une matière consistante pour impulser une nouvelle dynamique de la formation.
Dans une tribune libre de septembre 2002 - tribune qu'aucun organe de presse n'a accepté de publier, ce qui donne à penser que l'offensive anti-IUFM a été bien coordonnée - trois de nos collègues rappelaient qu'une nouvelle impulsion pouvait être donnée ) partir des orientations de 1989 énoncées dans le rapport Bancel qui n'avaient pas, ou alors très mollement, été mises en œuvre. Il s'agirait en particulier d'assurer le développement de la recherche dans les domaines disciplinaires, didactique ou en éducation, développement nécessaire pour faire évoluer de manière maîtrisée les contenus et les méthodes d'enseignement et d'organiser de manière large la diffusion des acquis de cette recherche. Ils ajoutaient évidemment la nécessité de doter les IUFM d'un personnel permanent adapté en qualité et en nombre et de créer les conditions d'un accueil convenable des étudiants et des stagiaires.
# • Ce sera notre deuxième tâche du jour de désigner les lignes de force de la nouvelle étapede développement de al formation et des IUFM car ls propositions qui ont été faites par le ministre le 9 mars - les 28 propositions - ne répondent pas, ou alors de très loin pour quelques unes d'entre elles, et sont pour la plupart franchement contradictoires avec ce que nous considérons comme susceptibles de créer ce nouvel élan.
En transformant de fait les IUFM en écoles professionnelles de l'Education Nationale, et en tentant de recentrer la formation sur l'apprentissage des gestes techniques du métier, Luc Ferry et son équipe s'éloignent de ce qui fait le sens même des IUFM.
Ces 28 propositions, l'ensemble des IUFM les ont clairement rejeté par la grève du 1er avril.
Le ministres ne s'est pas trompé sur le sens de cette mobilisation. En recevant nos syndicats le 7 avril, il a jugé opportun de nous dire qu'il fallait prendre tout le temps nécessaire pour discuter de la réforme et il a tenté de nous convaincre - sans succès - qu'il ne voulait pas vider les IUFM " mais leur donner un dynamisme nouveau " .
Cela dit, si L. Ferry a supprimé sa conférence de presse du 9 avril " pour ne pas avoir à répondre hâtivement aux journalistes à propos de dispositions qui n'auraient pas été préalablement discutées à fond ", il n'a pas retiré pour autant se propositions et n'a pas renoncé à l'esprit qui les fonde.
Nous avons, par l'action, retenu un sursis. C'est bien. Mais ce n'est qu'un sursis à exécution. Nous voyons suffisamment la détermination du gouvernement à ne rien céder sur le fond de ses orientations dans les dossiers des retraites et de la décentralisation pour ne pas nous faire trop d'illusion sur sa souplesse dans un dossier qui ne fera pas dépaver les rues aux gros bataillons de la CGT.
Nous devons donc rester extrêmement vigilants, prendre toutes les dispositions pour relancer l'action dès la rentrée afin de faire prévaloir nos exigences quant à la réforme.
La journée d'aujourd'hui s'inscrit dans la continuité de la mobilisation syndicale engagée avec le 1er avril et qui devrait normalement se poursuivre, si vous en êtes d'accord avec la tenue, au cours du premier trimestre de la prochaine année universitaire, d'ASSISES NATIONALE DE LA FORMATION, qui pourraient rassembler, autour d'une volonté commune, l'ensemble des forces attachées à la qualité de l'école publique : nos syndicats mais aussi les associations de parents d'élèves, les mouvements pédagogiques, les associations de spécialistes....
Nous aurons, en fin de rencontre à discuter de cette perspective qui doit être ouverte dès maintenant afin de signifier clairement au gouvernement que nous ne tenons pas le dossier de la formation des maîtres pour un dossier clos, mais que nous avons, en la matière des idées, des perspectives et des exigences.
Introduction à la rencontre nationale du 16 juin
La mission a considéré que cette élévation du niveau était un atout à valoriser d'avantage etqu'il était sana doute plus facilement envisageable sur un substrat de cette qualité de bâtir une culture professionnelle ouverte et évolutive ".
Introduction à la rencontre nationale du 16 juin 2003
Publié le : 12/09/2003