Compte-rendu de la session qualification 2010 du CNU 27

Publié le : 17/03/2010

Compte rendu cnu qualifications section 27

Par les Élus SNESUP

Rappel : composition de la section

48 membres ;
Élections 6 listes mcf, 6 listes pr

  • Collège PR : 2 SNESUP ; 7 Specif ; 3 Sgen cfdt ; 2 alternative ; 1 unsa ; 1 indépendant
  • Collège mcf : 4 SNESUP ; 5 Specif ; 3 Sgen cfdt ; 2 alternative ; 1 unsa ; 1 indépendant

Bureau :

  • Président : Daniel Etiemble, Specif
  • VPA : Dominique Faudot, SNESUP
  • VPB : Annie Morin sgen-cfdt
  • Assesseur : Philippe Lopisteguy, Alternative

Réunion du bureau pour affectation des rapporteurs

Cette affectation est très régulière et consensuelle. Le premier rapporteur est spécialiste de la thématique principale de la thèse, le second est petitement ou pas du tout spécialiste. Chaque rapporteur se voit attribuer environ 45 ou 47 dossiers.
Vu le grand nombre de dossiers, 1046, (842 mcf - 788 l'an dernier ; 204 pr - contre 187), la période précédent la session est occupée en partie à répertorier les dossiers non reçus par les 2 rapporteurs afin d'établir un planning au plus juste. Ce nombre ne nous permet pas d'autoriser plus de 3 minutes par dossier. Ce qui déjà nous amène à environ 11h par jour sur 5 jours. Le travail en amont est alors fondamental pour extraire les éléments objectifs (formation initiale, qualité de la thèse avec contenu des rapports, enseignement, ...).

Qualifications mcf

Les critères (je reprends une partie de ce qui a été écrit l'an passé car toujours d'actualité)

Les dossiers sont étudiés sous les trois angles formation initiale, recherche, enseignement. Si le candidat a eu quelques charges collectives, c'est un plus pour le dossier mais cela n'est pas exigé.
Parmi ces trois critères, on demande qu'au moins la recherche et un des deux autres (formation initiale ou enseignement) dépendent directement de la section 27.

Pour ce qui est de la recherche, on demande une publication (conférence ou revue) internationale et de bon niveau en informatique, dans la spécialité de la thèse. On ne demande rien sur le nombre d'auteurs. Toutefois, il n'est pas dans les habitudes de la discipline de publier à plus de trois ou quatre ; l'ordre des auteurs (alphabétique ou autre) varie beaucoup entre les équipes. Aussi, aucune exigence de ce côté là..

Un enseignement un peu faible peut toutefois être compensé par une excellente recherche ; l'inverse est vrai officiellement mais dans les faits cela s'avère plus compliqué. Mais 0 heure d'enseignement est rédhibitoire.

Le contenu des rapports de thèse entre en ligne de compte lorsque la partie recherche semble légère ou lorsqu'il y a suspicion de dossier « mensonger ».
Les dossiers ne sont pas tous mono disciplinaires. En effet, de plus en plus de docteurs sont doublement compétents. Les frontières de la discipline deviennent floues pour la bioinformatique, les mathématiques appliquées, l'informatique médicale, l'image, le réseau, l'architecture (des machines) ou encore l'informatique industrielle. La difficulté pour juger ces dossiers est donc accrue, mais les collègues font preuve de plus en plus d'ouverture d'esprit et semblent accepter plus favorablement ces dossiers que dans le passé. Pour ces dossiers, nous regardons alors les compositions des jurys - au moins un rapporteur 27ème -, la spécialité du directeur de thèse, les conférences (ou revues) dans lesquelles le candidat expose ses travaux (conférences d'informatique)

Remarque : malgré le nombre de dossiers et le temps imparti aux 2 rapporteurs, si une discussion doit avoir lieu sur certains candidats nous prenons le temps afin d'obtenir une majorité sur l'avis de la section. Nous n'avons pas qualifié certains candidats ayant 2 avis favorables et a contrario, qualifié des candidats avec des réserves ou des avis négatifs des rapporteurs.

Les chiffres :

En 2010 % 2010 En 2009 % 2009 2008 % 2008  
Demandes  de qualification MCF sur Antares
842   788   837    
Dossiers non traités
138 16.38% 132 16.75% 148 17.68% Dossiers non reçus :
ce qui nous permet de raccourcir un peu les journées
et de passer plus de 4 minutes sur des dossiers "difficiles"
13 1.8% 27 3.43% 2 0.24% Hors délais. Voir ci-dessous
8   6 0.76% 7 0.84% Irrecevables
2   1 0.13% 1 0.12% Déjà qualifiés
 5 0.7% 10 1.27% 17 2.03% Renoncements du candidat.
Ce chiffre est peu fiable car les collègues ne l'indiquent
pas forcément.
Qualifiés
440 52.25% 416 52.79% 478 57.10% Qualifiés (% sur le nombre total de dossiers)
  62.5%   67.21%   69.57% Qualifiés (% sur le nombre de dossiers traités,
soit 686 par exemple pour 2010)
Non qualifiés
237 28.14% 196 24.87% 184 21.98% Non qualifiés (% sur le nombre total d'inscriptions)
  35%   31.66%   27.46% Qualifiés (% sur le nombre de dossiers traités,
soit 686 par exemple pour 2010)

 

Parmi les 842 dossiers, on a 228 femmes (27 %) ;

Parmi les 440 qualifiés, on trouve 188 femmes (42,72 % de qualifiés sont des femmes) et 82,45 % des candidates sont qualifiées.

Parmi les non qualifications on note

  • 14 au lieu de 13 dossiers mal faits
  • 21 au lieu de 17 problèmes en enseignement
  • 110 au lieu de 81 hors section 27 (46,41%)
  • 92 au lieu de 85 problèmes en recherche

La cause d'irrecevabilité est quasiment exclusivement l'absence de pièces obligatoires comme le diplôme. mais cette année nous avons fait une "entorse" à la règle car nous avons supposé que s'il est écrit sur le rapport de soutenance "thèse pouvant être publié en l'état" cela pouvait être une pièce justifiant l'obtention du titre de docteur ou d'hdr (pour les pr).

Discussion sur des questions générales

Nous avons l'habitude de tenir une assemblée générale pour discuter de problèmes des EC mais également propres à la section. Cette année a été abordée le problème de l'évaluation individuelle et de l'avis que les sections devraient émettre sur chaque dossier de candidats à la promotion.
La section se dit opposée au dossier électronique et demande tout le moins un dossier papier.
Pour ce qui est des avis de chaque dossier :

  • consensus pour être opposé au classement A, B, C
  • consensus pour ne pas mettre les pieds dans l'évaluation individuelle (vote d'une motion)

mais la discussion est moins consensuelle pour ce qui est de l'avis. Il est proposé de mettre "le nombre de promotions ne permet pas de promouvoir ce collègue" ou quelque chose comme ça sur chaque dossier de non promu.

De nombreux collègues défendent également la position qu'il n'est en aucun cas raisonnable d'émettre des avis sans avoir une connaissance complète du processus décisionnel qui va les utiliser. D'autres se disent incapables d'écrire la phrase proposée si le collègue est vraiment nul.
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Vote d'une motion à l'unanimité moins une voix

Les membres de la section 27, réuni le 20 Janvier 2010 pendant la session de qualification maîtres de conférences, rappellent que les points soulevés dans la lettre ouverte à Mme le Ministre adoptée le 13 Mai 2009, sont toujours d'actualité. Ils refusent toujours de participer à une éventuelle session d'évaluation durant le mandat actuel 2008-2011.

Unanimité moins une abstention.

Lettre ouverte à Mme le Ministre du 13 Mai 2009

Madame La Ministre,
Vous avez indiqué, lors du CTPU du 24 mars, que la période transitoire pour la mise en place du décret modifiant le fonctionnement, la composition et les missions du CNU se déroulerait en deux phases : une partie au renouvellement de mandature (mode de scrutin, suppléants, ...) et une autre, celle concernant l'évaluation des enseignants-chercheurs, dès la publication du décret.

Vous devez savoir, Madame La Ministre, que les membres actuels des sections du CNU n'ont été ni élus ni nommés pour cette mission. Vous avez ainsi décidé de modifier les mandats des représentants des disciplines universitaires dans cette instance reconnue par tous nos collègues sans pour autant donner les moyens de cette modification profonde et lourde de conséquences, impossible à mettre en oeuvre sans surcharger l'ensemble des membres de notre section.

Nous ne réfutons pas la nécessaire évaluation de nos activités, mais nous trouvons les objectifs de cette évaluation tellement flous que nous ne pouvons l'accepter en l'état. Nous refusons le calendrier que vous proposez, alors que le décret CNU prévoit lui-même pour l'ensemble de nos tâches des suppléants destinés à soulager la charge administrative que nous assumons pour chacun d'entre nous sans réelle contre partie.

Aussi nous tenons à vous informer par ce courrier que si les objectifs de l'évaluation ne sont pas clairement précisés et si les moyens humains et matériels nécessaires pour pouvoir effectuer ces évaluations ne sont pas donnés, nous serons dans l'impossibilité de mener à bien notre tâche d'évaluation et de siéger pour la session d'évaluation.

Veuillez recevoir, Madame la Ministre, nos respectueuses salutations.

 

Qualifications Pr

204 inscrits sur Antares dont 40 femmes (19,6%) ;

Les critères :
Les critères sont beaucoup moins clairs que pour les mcf : on exige en principe au moins une revue internationale récente et de bon niveau en informatique, un investissement collectif (soit pédagogique, administratif ou recherche), un enseignement complété par des supports de cours ainsi qu'une visibilité certaine en ce qui concerne la recherche (participation à des GT, organisation de colloques, relecteur de revue ou de conférences, ...), des encadrements au moins de master recherche sinon de thèse.

Tout ceci reste cependant vraiment très théorique. Un dossier est un tout et une faiblesse dans une des rubriques ou un petit creux dans la production peut toutefois s'expliquer et ne pas être rédhibitoire.

Les chiffres:

  En pourcentage    
204     Demandes de qualification sur Antares
120 58.82% Qualifiés (Nombre de qualifiés/Nombre d'inscrits)
  67.04% Nombre de qualifiés/Nombre de dossiers étudiés
24 11.77% Non reçus et renoncements du candidat
     
2 0.98% Irrecevables
     
58 28.43% Non qualifiés (Nombre de qualifiés/Nombre d'inscrits)
  32.58% Nombre de qualifiés/Nombre de dossiers étudiés

 

120 qualifiés dont 24 femmes (20 %) ; 60% des femmes candidates sont qualifiées

Parmi les non qualifications on note

  • 7 dossiers mal faits
  • 5 problèmes en enseignement
  • 26 hors section 27
  • 20 problèmes en recherche

Les dossiers de collègues étrangers sont la plupart du temps jugés favorablement, sur des bases différentes des français. Les rapporteurs mettent en avant le peu d'enseignement dans certains pays comme l'Allemagne ou l'Angleterre. Nous avons d'ailleurs délivré une dizaine de dispenses d'hdr. Il faut donc être vigilants afin que l'investissement nécessaire à l'obtention d'une Hdr pour les candidats français ne devienne pas finalement inutile et générateur de retards de carrière par rapport à des parcours plus rapides de chercheurs étrangers.

Les dossiers pluridisciplinaires sont très rares chez les candidats pr. Être mcf entraîne en effet une nette (et nécessaire ?) spécialisation.

Comme pour les mcf, de nombreux dossiers émanent d'anciens qualifiés qui demandent un renouvellement de qualification. Le cnu regarde en principe, l'évolution des 4 dernières années, et non le dossier dans sa globalité. Le renouvellement ne pose problème que dans le cas où le collègue n'a pas publié dans ces 4 dernières années pour les pr ou s'il est "sorti du système" pour les mcf.

Pour les mcf, un nombre qui apparaît moins que l'an passé est celui du nombre de contrats ANR. Par contre, nous voyons apparaître le classement des revues et conférences dans des classements "australiens", dblp, ... par exemple, Nous sommes plusieurs à le dénoncer et les tenants de ce genre de critères se calment un peu pour les pr.

De même, l'an dernier nous avions dénoncé l'utilisation excessive des ordinateurs et des recherches d'éléments sur Internet durant les sessions. Cette année a marqué un progrès sur ce point même s'il demeure quelques irréductibles. Nous insistons pourtant pour garantir un traitement équitable de tous les dossiers.

Une remarque d'une collègue fait réagir car elle s'est adressée directement à un candidat pour lui demander des éléments lui permettant de "défendre" son dossier. Nous insistons sur le fait que nous ne sommes pas des avocats mais que nous devons faire des rapports sans parti pris.

Nous voyons également apparaître nombre de revues "commerciales" dans lesquelles les auteurs doivent payer pour voir leur article publié. Nous devons réfléchir à une position syndicale à l'égard de ce phénomène qui devrait se développer. En particulier, il conviendrait de transmettre des conseils avisés aux collègues qui seraient tentés de répondre aux critères de ce pseudo-élitisme scientifique de la course à la publication en utilisant, sciemment ou non, ces canaux peu recommandables de communication. Cette dérive de l'évaluation quantitative de la production scientifique a pourtant été très largement dénoncée par nombre de scientifiques de renom et risque d'entrainer l'ensemble de la communauté scientifique dans l'abyme...