La principale inquiétude des personnels concerne la disparition de la formation professionnelle au sein de la formation des enseignants. Cette inquiétude est fondée lorsqu'on constate que dès cette année, des étudiants sont mis en responsabilité devant les élèves sans la moindre formation.
Cela a commencé dès cette année avec les stages 108h qui dans la réalité sont des vacations.
En laissant, sans contrôle réel, la formation des enseignants à la charge des universités, dans un cadre de concurrence exacerbée, le gouvernement prend le risque de la fermeture des centres départementaux de formation (IUFM), laissant des départements français privés de formation des enseignants. Cela a déjà commencé avec la fermeture du centre de Douai et les menaces qui pèsent sur ceux d'Antony, d'Etiolles, de Bourg en Bresse ou de Privas.
Une réforme sur la formation des enseignants implique l'existence d'une structure spécifique. Les IUFM remplissent ce rôle actuellement. Mais après les nombreuses annonces gouvernementales et présidentielles concernant leur disparition, aucune solution alternative n'apparait.
En ne laissant que 4 mois aux universités pour créer des maquettes de master là où il en faut habituellement plus de 18, le gouvernement ne laisse aucune chance aux universitaires de proposer d'autres débouchés concrets aux étudiants qui auraient raté le concours.
Cette réforme de la formation des enseignants implique la création de plus de 500 master. L'impact énorme que cela va avoir sur l'ensemble des autres master n'a été ni étudié ni anticipé par le ministère de tutelle. Mais il est probable que cela va déboucher sur la disparition de masters existants, et à terme sur celle de nombreux laboratoires, et sur des pans entiers de la Recherche.
Après avoir affirmé que les enseignants devaient être formés par des équipes comportant une proportion importante de formateurs ayant une expérience du terrain, ce qui était le cas au sein des équipes pluri-catégorielles des IUFM et des UFR, le gouvernement laisse désormais faire le contraire.
Cela a commencé dès cette année avec le retrait des personnels en décharge partielle ou en temps partagé qui intervenaient dans les IUFM. Cela continue avec la transformation de nombreux postes de statut premier et second degré en poste d'enseignants-chercheurs par les universités, avec souvent un re-déploiement vers d'autres composantes des universités, malgré les promesses faites lors de l'intégration des IUFM.
On voit bien que l'inquiétude principale concerne, sur le fond, la notion de service public. Ces réformes ne mènent actuellement qu'à un désengagement massif de l'État.
Inquiétudes sur la formation, les personnels et les IUFM
Enseigner est un métier qui s'apprend
Et l'an prochain, la majeure partie des lauréats du concours auront leurs classes en responsabilité (2/3 de temps) sans jamais avoir été formé au métier d'enseignant.
Utilisation détournée des stagiaires non formés comme moyen de remplacement
Autant un stage en responsabilité peut participer de la formation s'il est intégré dans le cursus, autant le dispositif mis en place va à l'encontre de l'intérêt des étudiants et des élèves.
Ces vacations seraient dommageables pour les élèves, qui auraient devant eux des étudiants sans formation pédagogique, et pour les étudiants mis devant les élèves dans une immersion globale (avec des journées entières de classe à préparer).
Et ce dispositif est appelé à perdurer.
Augmentation des inégalités territoriales
Sans parler des personnels amenés à devoir déménager, augmentant l'impact économique sur ces régions.
Et ce n'est pas une simple question d'aménagement du territoire ; le coût social pour les étudiants et leurs familles est énorme. Et la formation dans le département où ils seront amenés dans la grande majorité des cas à enseigner permet de leur faciliter l'exercice de leur métier dans les premières années par une connaissance de ce territoire et de ses populations.
Incertitude sur l'avenir des IUFM
Le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche s'est désengagé du dossier en faisant disparaître les moyens fléchés des IUFM (et des IUT d'ailleurs).
Le dossier est laissé à la charge des présidents d'université, au nom de la loi LRU. Et on pourrait imaginer que dans certaines académies, il y ait une disparition pure et simple de toute structure.
Cette structure, qui pourrait être celle d'un IUFM rénové, doit être la même d'une académie à l'autre pour être clairement identifiée par les étudiants et les familles, et doit donc faire l'objet d'un cadrage national strict.
Insertion professionnelle et reconversion des étudiants
Conjugué avec la baisse du nombre de postes aux différents concours, et le non-renouvellement des postes lors des départs à la retraite, l'université française va produire chaque année des dizaines de milliers d'étudiants qui n'auront d'autre solution que de devenir précaire ... pour le compte du ministère de l'éducation nationale ou du ministère de l'agriculture (lycées agricoles).
Bouleversement à l'Université dans l'offre MASTER
Et l'absence de cadrage national va aussi induire de nombreuses disparités au niveau national.
Perte de la richesse des équipes de formation
Jusqu'à aujourd'hui, les enseignants accueillant et encadrant les stagiaires dans les établissements (IPEMF, tuteurs second degré) suivaient une formation reconnue et certifiée au niveau national et travaillaient en équipe avec les équipes pédagogiques des IUFM dans la deuxième année de formation des futurs enseignants. L'incertitude concernant ce dispositif est grande, et pourrait laisser place à des conseillers choisis par les équipes d'inspection, sans formation spécifique.
Service public
Cela n'est pas passé inaperçu : après les accords KOUCHNER entre l'État français et le Vatican (abandon du moindre contrôle de l'État sur certains diplômes de l'enseignement supérieur en France pour peu qu'ils soient validés par le Vatican) les universités catholiques offrent par anticipation des master enseignement dès cette année avant même tout cadrage (prévu début décembre).
Fiche 4 : Inquiétudes sur la formation, les personnels et les IUFM
Publié le : 21/10/2009