Université : la colère reste entière

Publié le : 16/04/2009


Tribune libre parue dans l'Humanité du 15 avril 2009

Université : la colère reste entière

  • Par Stéphane TASSEL, Secrétaire Général du SNESUP-FSU

A la dixième semaine d'une mobilisation sans précédent tant par l'unité des acteurs que par la durée et la diversité des actions qui l'animent, le gouvernement tente d'éluder le débat de fond et les raisons profondes qui maintiennent intacte la détermination des collègues.

Si la mobilisation a permis d'infléchir les positions que le gouvernement nous oppose maintenant depuis plus de deux mois, les collègues n'ont obtenu aucune réponse portant sur le cœur de nos revendications : leur colère reste entière.

Comment se fait-il qu'un statut présenté comme devant protéger les collègues et préserver leurs libertés scientifiques et pédagogiques remet en cause les fondements de la collégialité, et les expose plus encore aux pressions locales et à la concurrence avec leurs propres voisins de bureau ? Pourquoi n'est-il pas possible, concernant les services, de garantir l'existence d'un plafond pour les tâches d'enseignement pour les enseignants-chercheurs identique sur tout le territoire ? Pour quelles raisons maintient-on un texte sur les recrutements qui prévoit des comités de sélection ad hoc, fabriqués par les chefs d'établissement et qui peuvent varier y compris pour différents emplois de la même spécialité au sein d'un même établissement ?

Concernant le sujet sensible et complexe de la formation des maîtres mené sur un rythme insensé au mépris des collègues, l'annonce du maintien pour 2009-2010 des concours et l'ouverture des inscriptions en IUFM ne closent pas la question. Sans réponse, la mise en concurrence des IUFM et UFR impliqués dans la formation des enseignants finira de stériliser le terrain des coopérations futures essentielles à la nécessaire élévation des qualifications des enseignants des premier et second degrés au niveau master. Le flou qui entoure cette sorte de report doit faire place à une négociation reprenant sur le fond cette question majeure.

Le retour d'une partie des emplois supprimés en 2009 sous la forme de financements dans l'enseignement supérieur et la recherche ne sauraient tenir lieu de réponse d'ensemble aux revendications portées par la communauté universitaire et scientifique. C'est d'un véritable collectif budgétaire 2009 et d'un plan pluriannuel d'emplois publics dont l'université doit bénéficier d'urgence. C'est aussi la revitalisation des organismes de recherche, la préservation du CNRS et des autres organismes de recherche, le maintien des UMR (unités mixtes de recherche) associant les organismes et les universités, et l'exigence de financements stables récurrents nettement augmentés. 

Si les inquiétudes des étudiants concernant les conditions de réussite aux examens sont compréhensibles, c'est bien mal connaître les universitaires que de penser qu'ils ne considèrent pas cette question comme sérieuse. Les expériences passées montrent les ressources et l'imagination des collègues pour adapter et aménager leurs enseignements et les rendre compatibles avec une juste évaluation permettant de garantir la valeur des diplômes qu'ils délivrent. Cet écran de fumée distillé par la ministre en ce début de congés de printemps immisce un peu plus le germe de tensions inutiles dont elle devra assumer la responsabilité.

Alors que le président de la République et son gouvernement, mis en difficulté, soufflent le chaud et le froid, alternant provocations et subtiles inflexions, il est urgent que leur obstination cesse. Le gouvernement veut jouer la montre dans le pourrissement de la situation et l'affaiblissement du mouvement. Les universitaires ne laisseront pas faire. Les revendications, portées largement par la communauté universitaire, doivent maintenant être entendues !