Publié le : 19/06/1999


L?ESPACE EUROPEEN DE L?ENSEIGNEMENT
SUPERIEUR

Déclaration commune des
Ministres européens de l?Education

Réunis à Bologne, le 19 juin 1999

texte
officiel du site de l'Union européenne - version anglaise - format pdf

portail de l'union européenne : processus de Bologne

29 pays signataires : l'Allemagne, l'Autriche, la
Belgique, la Bulgarie, le Danemark, l'Estonie, l?Espagne, la Finlande, la
France, la Grèce, la Hongrie, l'Irlande, l'Islande, l'Italie, la Lettonie,
la Lituanie, le Luxembourg, Malte, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, le
Portugal, le Royaume-Uni, la République tchèque, la Roumanie, la
Slovaquie, la Slovénie, la Suède, la Suisse.

La construction européenne, grâce aux réalisations
extraordinaires de ces dernières années, devient une réalité de plus en
plus concrète et pertinente pour l?Union et ses citoyens. Les
perspectives d?élargissement, ainsi que les liens de plus en plus
étroits qui se tissent avec d?autres pays européens, enrichissent encore
cette réalité de dimensions nouvelles. En même temps, nous assistons à
une prise de conscience grandissante, dans l?opinion publique comme dans
les milieux politiques et universitaires, de la nécessité de construire
une Europe plus complète et plus ambitieuse, s?appuyant notamment sur le
renforcement de ses dimensions intellectuelles, culturelles, sociales,
scientifiques et technologiques.

Il est aujourd?hui largement reconnu qu?une Europe
des Connaissances est un facteur irremplaçable du développement social et
humain, qu?elle est indispensable pour consolider et enrichir la
citoyenneté européenne, pour donner aux citoyens les compétences
nécessaires pour répondre aux défis du nouveau millénaire, et pour
renforcer le sens des valeurs partagées et de leur appartenance à un
espace social et culturel commun.

L?importance primordiale de l?éducation et de la
coopération dans l?enseignement pour développer et renforcer la
stabilité, la paix et la démocratie des sociétés est universellement
reconnue, et d?autant plus aujourd?hui au vu de la situation en Europe
du sud-est.

La Déclaration de la Sorbonne du 25 mai 1998, qui s?inspirait
de ces mêmes considérations, mettait en exergue le rôle clé des
universités dans le développement des dimensions culturelles européennes.
Elle insistait sur la nécessité de créer un espace européen de l?enseignement
supérieur, comme moyen privilégié pour encourager la mobilité des
citoyens, favoriser leur intégration sur le marché du travail européen et
promouvoir le développement global de notre continent.

Plusieurs pays européens ont accepté l?invitation qui
leur a été faite de s?engager à réaliser les objectifs énoncés dans
la déclaration, en la signant ou en exprimant leur accord de principe. Les
orientations de plusieurs réformes de l?enseignement supérieur
entreprises depuis lors en Europe témoignent de la volonté d?agir de
nombreux gouvernements.

Les établissements d?enseignement supérieur en Europe
ont, pour leur part, relevé le défi en jouant un rôle clé dans la
construction de l?espace européen de l?enseignement supérieur, suivant
aussi les principes fondamentaux énoncés en 1988 dans la Magna Charta
Universitatum. Ce point est d?une importance capitale, puisque l?indépendance
et l?autonomie des universités sont garantes des capacités des systèmes
d?enseignement supérieur et de recherche de s?adapter en permanence à
l?évolution des besoins, aux attentes de la société et aux progrès des
connaissances scientifiques.

Les orientations ont été définies dans la bonne
direction avec des objectifs significatifs. La réalisation d?une plus
grande compatibilité et comparabilité entre les différents systèmes d?enseignement
supérieur exige néanmoins une dynamique soutenue pour être pleinement
accomplie. Nous devons soutenir cette dynamique à travers la promotion de
mesures concrètes permettant d?accomplir des progrès tangibles. La
réunion du 18 juin a rassemblé des experts et des universitaires de tous
nos pays, et nous a apporté des idées très utiles sur les initiatives à
prendre.

Nous devons en particulier rechercher une meilleure
compétitivité du système européen d?enseignement supérieur. Partout,
la vitalité et l?efficacité des civilisations se mesurent à l?aune de
leur rayonnement culturel vers les autres pays. Nous devons faire en sorte
que le système européen d?enseignement supérieur exerce dans le monde
entier un attrait à la hauteur de ses extraordinaires traditions
culturelles et scientifiques.

En affirmant notre adhésion aux principes généraux de
la Déclaration de la Sorbonne, nous nous engageons à coordonner nos
politiques pour atteindre, à court terme et en tout cas avant la fin de la
première décennie du nouveau millénaire, les objectifs suivants, qui sont
pour nous d?intérêt primordial pour la création de l?espace européen
de l?enseignement supérieur et la promotion de ce système européen à l?échelon
mondial :

Adoption d?un système de diplômes facilement lisibles
et comparables, entre autres par le biais du " Supplément au
diplôme ", afin de favoriser l?intégration des citoyens européens
sur le marché du travail et d?améliorer la compétitivité du système d?enseignement
supérieur européen à l?échelon mondial ;

Adoption d?un système qui se fonde essentiellement sur
deux cursus, avant et après la licence. L?accès au deuxième cursus
nécessitera d?avoir achevé le premier cursus, d?une durée minimale de
trois ans. Les diplômes délivrés au terme du premier cursus
correspondront à un niveau de qualification approprié pour l?insertion
sur le marché du travail européen. Le second cursus devrait conduire au
mastaire et / ou au doctorat comme dans beaucoup de pays européens.

Mise en place d?un système de crédits - comme celui
du système ECTS - comme moyen approprié pour promouvoir la mobilité des
étudiants le plus largement possible. Les crédits pourraient également
être acquis en dehors du système de l?enseignement supérieur, y compris
par l?éducation tout au long de la vie, dans la mesure où ceux-ci sont
reconnus par les établissements d?enseignement supérieur concernés.

Promotion de la mobilité en surmontant les obstacles à
la libre circulation, en portant une attention particulière à : pour
les étudiants, l?accès aux études, aux possibilités de formation et
aux services qui leur sont liés, pour les enseignants, les chercheurs et
les personnels administratifs, la reconnaissance et la valorisation des
périodes de recherche, d?enseignement et de formation dans un contexte
européen, sans préjudice pour leurs droits statutaires.

Promotion de la coopération européenne en matière d?évaluation
de la qualité, dans la perspective de l?élaboration de critères et de
méthodologies comparables.

Promotion de la nécessaire dimension européenne dans l?enseignement
supérieur, notamment en ce qui concerne l?élaboration de programmes d?études,
la coopération entre établissements, les programmes de mobilité et les
programmes intégrés d?étude, de formation et de recherche.

Par cette déclaration, nous nous engageons à réaliser
ces objectifs - dans le cadre de nos compétences institutionnelles et en
respectant pleinement la diversité des cultures, des langues, des systèmes
éducatifs nationaux et l?autonomie des universités - afin de consolider
l?espace européen de l?enseignement supérieur.

A cette fin, nous poursuivrons dans la voie de la
coopération inter gouvernementale, ainsi que dans celle des organisations
non gouvernementales européennes compétentes dans le domaine de l?enseignement
supérieur. Nous comptons à nouveau sur la réponse prompte et positive des
établissements d?enseignement supérieur et sur leur contribution active
au succès de nos efforts.

Convaincus que la création réussie d?un espace
européen de l?enseignement supérieur nécessite des efforts permanents
de soutien, de suivi et d?adaptation pour répondre à des besoins en
évolution constante, nous avons décidé de nous réunir à nouveau d?ici
deux ans afin d?évaluer les progrès accomplis et les nouvelles mesures
à mettre en place.