"Mastérisation" : au tour de la cour des comptes

Publié le : 16/04/2012


« Mastérisation » : au tour de la Cour des comptes

  • par Thierry Astruc, responsable du collectif FDE

Dans son rapport annuel, la Cour des comptes, si elle ne préconise pas le retrait de la réforme, fournit d'excellentes raisons pour son abrogation. La Cour des comptes (CC) est l'organe chargé de contrôler la régularité des comptes publics et de vérifier le bon emploi des fonds. Elle « assiste le Parlement dans le contrôle de l'action du Gouvernement ».
C'est dans ce cadre qu'elle a publié le 8 février dernier son rapport annuel dont un chapitre est consacré à la « mastérisation». On y trouve quatre recommandations qui vont toutes dans le sens d'une meilleure efficacité en termes comptables :

  • cadrage national sous la forme d'un référentiel ;
  • déplacement des concours ;
  • allègement de l'année de professeurs stagiaires (PS) ;
  • mise en place d'outils de suivi.

 

Pourtant, la Cour des comptes dresse un tableau édifiant de la situation.
Elle pointe les problèmes des PS (dysfonctionnement dans les affectations, surcharge de travail avec une formation en dehors des obligations de service...), la rupture d'égalité territoriale(1), la gestion des personnels et des stages...
Elle constate l'absence de mise en place de suivi de la réforme qui ne permet pas de mesurer l'efficacité des décisions prises. Ainsi, le gain financier même, qui était un des objectifs ne peut être quantifié, mais est très faible (pas de chiffrage possible pour les IUFM !). Rappelons que la commission nationale d'évaluation de  la formation des maîtres (cahier des charges de 2006) n'avait été jamais mise en place.
Mais, sans suggérer le retrait de cette réforme, elle fait apparaître de nombreux paradoxes et de questions sans réponses, concernant l'avenir des recalés au concours (1 académie, 1 master PE, 1 100 candidatures pour le master, 300 retenues pour 56 places au CRPE), la perte d'attractivité du métier ou les effectifs des licences concernées.
La Cour des comptes constate que cette réforme « ne garantit pas que les enseignants bénéficient désormais d'une formation initiale plus
professionnalisante » et rappelle que rien n'a été prévu au moment de l'affectation des lauréats des concours pour connaître leur origine (master enseignement, master R ou autre) ou la formation professionnelle qu'ils ont pu suivre. Mauvaise préparation, absence d'anticipation et précipitation, voilà le gouvernement correctement habillé pour le printemps 2012.

 

 1. « Selon leurs moyens disponibles, les académies ont donc fait des choix de décharges de service différents, et ont placé, de ce fait, les professeurs
stagiaires dans des situations inégales en termes de temps de travail annuel et d’obligations de service.
»