Le 11 Juillet, Geneviève Fioraso a présenté l'organisation des Assises. Le Comité de pilotage - défini par le MESR, sans concertation préalable, présidé par Françoise Barré-Sinoussi et ayant pour rapporteur Vincent Berger - respecte la parité de genre. Il ne représente pas la diversité de l'enseignement supérieur et de la recherche (aucun Maître de Conférences ou Chargé de Recherche, sous-représentation des SHS, absence d'organisations syndicales de personnels...). Le SNESUP avait pourtant interpellé la ministre sur l'importance de l'organisation des Assises et demandé à être concerté.
La loi sur la programmation sur l'école, préparée au MEN et la loi d'orientation sur l'ESR ont des thématiques interdépendantes. C'est le cas par exemple de la formation des enseignants, de l'évaluation des personnels du premier et second degré, ou de l'articulation lycée-enseignement supérieur. Sur ce dernier point, le SNESUP s'oppose à une conception d'un Bac-3, Bac +3, coupé de la recherche et sous l'égide des régions. Une meilleure articulation lycée- université est nécessaire, notamment par le renforcement du baccalauréat comme premier grade universitaire. Il faut relancer la démocratisation et faire réussir plus de jeunes et d'adultes en reprise d'études. La formation des enseignants - sujet qui avait été au cœur des manifestations universitaires de 2009 - , doit être universitaire et professionnelle ; les nouvelles structures qui l'assureront doivent être dotées de moyens fléchés (postes, crédits). Il est primordial de développer les recherches en Education, pour tous les niveaux de la maternelle à l'université.
Répondre aux attentes de la communauté universitaire
Dans un calendrier très serré, avec des « assises territoriales » en octobre, puis des « assises nationales » fin novembre, de nouvelles dispositions législatives seraient soumises au Parlement début 2013. Trois thèmes, choisis par la Ministre, ne recouvrent pas l'ensemble des questions soulevées par la communauté universitaire : la réussite de tous les étudiants, la réorganisation de la recherche, la révision de la gouvernance des établissements et des politiques de sites et de réseaux.
Certaines questions sont absentes comme celle des personnels - retour à une gestion nationale des emplois, résorption de la précarité, conditions de travail...- ou celle des dotations des établissements d'enseignement supérieur ou des organismes de recherche. De plus, est annoncée « une initiative en faveur de la recherche technologique, présentée comme une composante stratégique du redressement économique » donnant lieu à la mise en place de « plate-forme régionale » où seront engagés « les collectivités et les acteurs régionaux ». Les perspectives avancées concernant la révision de la gouvernance des établissements et la poursuite des politiques de site et de réseaux sans arrêt des dispositifs d'investissements d'avenir sont bien en deçà des attentes de la communauté universitaire.
Si les annonces budgétaires du Premier Ministre à l'Assemblée Nationale prévoient 7,2 milliards de nouvelles recettes venant pour l'essentiel des bénéfices des entreprises et des contribuables les plus aisés, la faible augmentation du SMIC et le nouveau gel du point d'indice des fonctionnaires ne répondent pas à la demande d'augmentation du pouvoir d'achat des salariés. Les lettres de cadrage portent la marque de la rigueur budgétaire : la stabilité globale des effectifs et la baisse des dépenses de fonctionnement de 15% - sauf l'Education, la justice et la police - sont préjudiciables au service public.
Une série de concertations s'est ouverte ce début Juillet. En cette période de crise économique, sociale et environnementale, la conférence sociale ouverte par François Hollande le 9 Juillet aurait pu décider de mesures d'urgence pour la population et notamment pour les plus fragiles. Ces deux journées se sont plutôt inscrites dans une feuille de route. Bien que le contrat compétitivité emploi ait été enterré, et que le premier ministre ait annoncé la création d'une nouvelle instance de concertation bâtie autour du modèle du commissariat au plan, ces journées n'ont pas marqué de rupture avec les politiques antérieures. La question du pouvoir d'achat, et en particulier pour les fonctionnaires, reste posée.
En ce moment de préparation de la rentrée, la ministre confirme l'attribution et l'affectation prioritaire au 1er cycle de 5000 emplois supplémentaires pour l'enseignement supérieur, dont 1000 à la rentrée 2013 ... mais sans indiquer de quels types d'emplois il s'agit. Cette première prise en compte de nos revendications reste insuffisante. Nos demandes urgentes (dénonciation des contrats Etat-IDEX, suspension des SATT1, maintien des CDD dans l'emploi, ...) sont toujours d'actualité. L'enseignement supérieur et la recherche ne peuvent être l'objet d'une application restrictive (recensement inapproprié, exclusion de l'accès aux corps d'enseignants-chercheurs, d'agrégés, de chercheurs et d'ingénieurs de recherche, exclusion des CDD avec multi-employeurs pour un même poste) de la loi de résorption de la précarité, déjà très insuffisante. Ils ne peuvent être écartés de toute création d'emploi et de moyens nouveaux. Il serait impensable que les établissements soient laissés dans les difficultés financières actuelles. En effet, certains prennent déjà de lourdes décisions (gels d'emplois, refus des CRCT, augmentation du nombre d'étudiants en TD, fermetures de formations...) qui risquent d'hypothéquer des pans entiers de formation et de recherche. Le SNESUP exige un collectif budgétaire permettant d'augmenter les moyens des établissements.
La communauté universitaire et scientifique attend des signaux forts de rupture avec les politiques libérales antérieures. De l'engagement de chacun, de la capacité tous rassemblés à construire les rapports de force, dépendra notre capacité à peser. Le SNESUP prendra toutes dispositions pour que ses militants puissent participer aux débats, sans se cantonner aux thèmes proposés par le MESR. Il impulsera les mobilisations nécessaires. Il appelle d'ores et déjà à organiser des AG dès la rentrée dans les établissements pour mettre en débat les attentes et les revendications de la communauté universitaire.
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1 Société d'Accélération de Transfert de Technologie
Lettre Flash n°44 Répondre aux attentes de la communauté universitaire
Publié le : 12/07/2012