Lettre Flash n°4 : Formation des enseignants : le ministère de l’éducation nationale, donneur d’ordres

Publié le : 14/10/2012


 

 
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Formation des enseignants : le ministère de l'éducation nationale, donneur d'ordres

Lors du CNESER du 15 octobre, l'agenda délirant concernant la réforme de la formation des maîtres et de leur recrutement a été confirmé. Tout devra être en place pour septembre 2013 !

6 mois pour tout plier

Ce qui attend les universitaires impliqués dans la formation des enseignants est édifiant (voir encadré).
Ils ne pourront commencer à travailler sur la rentrée 2013 qu'au fur et à mesure de l'adoption des deux lois (« refondation de l'École » en janvier, puis nouvelle loi d'orientation pour l'enseignement supérieur et la recherche en mars) et des textes d'application (partie régle-mentaire) qui en découlent.
En 2009, la précipitation imposée par N Sarkozy avait eu pour conséquence deux années universitaires catastrophiques.
L'histoire se répète :
le MEN est donneur d'ordres (maître d'ouvrage), en charge des arbitrages (V. Peillon au Conseil Supérieur de l'Éducation) et le MESR est renvoyé au rôle d'exécutant maître d'œuvre). Aux mêmes effets, les mêmes conséquences.
Le SNESUP rappelle, comme il l'a toujours dit, notamment en 2009, que la mise en place des maquettes de master nécessite au minimum 18 mois, une fois la réforme entièrement précisée (contenu des épreuves de concours et statut des ESPE compris). Imposer une « blitzkrieg » au motif de ne pas maltraiter les deux prochaines cohortes risque de se révéler une erreur lourde de conséquences.

Une mise en place de la réforme anticipée ?

Malgré les effets d'annonces concernant une deuxième session de concours en 2013, les écrits qui se dérouleront en juin se révèlent être ceux anticipés de la session 2014. Il s'agit de transformer les étudiants de M2 admissibles en moyens d'enseignement contractuels. Cette mesure du MEN plonge au mieux les étudiants
engagés dans ces filières dans la perplexité.
L'intégration des « emplois d'avenir-professeur », imposés aux universités, posera de nouveaux problèmes logistiques (emplois du temps L2, organisation dans les établissements d'accueil...).
Il y a abandon de la promesse du candidat Hollande de pré-recrutements, promesse pourtant réaffirmée par V. Peillon en juin. La crise des viviers de candidats n'est pas une priorité de ce gouvernement. La démocratisation de l'accès aux concours de recrutement de l'éducation nationale reste à construire.
De même, aucun effort d'information, notamment en direction des futurs bacheliers, n'a été prévu, alors même que le dispositif d'admission post-bac (APB) devrait démarrer en janvier.

Une transition IUFM-ESPE anxiogène

En CNESER, il n'a été apporté aucune réponse à des questions pourtant fondamentales comme : que vont devenir les collègues des IUFM ? Quel avenir pour les centres départementaux ?
Si la DGESIP ne veut pas préempter l'avenir de la réforme concernant les ESPE, il existe un risque de fermeture d'une partie des centres départementaux des IUFM, au détriment d'une formation de proximité. La mise en place d'un comité de suivi FDE, muni d'un secrétariat et de moyens, semble d'ailleurs être reportée sans date précise.
Une conséquence immédiate sera la difficulté de trouver des candidats pour les postes vacants en IUFM lors de la campagne 2012-2013.
Les instances du SNESUP (Commission Administrative), en réunion le jeudi 18, proposeront aux communautés universitaires et scientifiques une série de propositions. Une réforme d'une telle ampleur ne peut se faire sans l'adhésion de la majorité.

Session 2014 : anticipation des épreuves écrites donc modification des maquettes 2012-2013 (lettre de S. Bonnafous aux présidents d'université du 12/10).
Session 2014 : pour les admissibles, mise en place des stages et négociation avec les services rectoraux. Adaptation des emplois du temps des masters.
Rentrée 2013 : adoption du cahier des charges de la formation à partir du référentiel de compétences fourni par le MEN. Déclinaisons locales.
Rentrée 2013 : adaptation des maquettes de licence pour introduire la pré-professionnalisation.
Rentrée 2013 : création de nouvelles maquettes de master pour septembre 2013. Quid de leur habilitation ?
Rentrée 2013 : fermeture des IUFM et création des ESPE.

Recrutement juin 2013 : quelques mesures d'urgence pour assurer une formation de qualité aux candidats

Attirer des candidat-es et résorber la précarité.

  • Supprimer les exigences du CLES et C2i2e : les contraintes et l'effet de repoussoir qu'elles représentent pour l'inscription aux concours, ont été totalement sous-estimés ces quatre dernières années.
  •  Faire une campagne d'information vers les diplômés en statut précaire.
  • Ré-attirer les « collés au concours» des années Sarkozy. Certains ont été admissibles plusieurs fois mais ne peuvent actuellement passer aucun concours, ni l'interne s'ils ne sont pas contractuels de l'EN, ni l'externe faute de détenir le master.
  • Permettre à tous les contractuels de passer les concours dans de bonnes conditions.

Assurer un recrutement de qualité suppose des préparations au concours de qualité.

  • Donner des moyens spécifiques pour les préparations au concours des M1 (en plus du master).
  • Donner des aides spécifiques en urgence aux étudiants inscrits aux concours 2013.
  • Gratuité des préparations CNED pour les salariés et pour ceux qui sont géographiquement éloignés de toute préparation.
  • Rouvrir en urgence des masters dans les disciplines et/ou régions où ils ont disparu faute de candidats. A minima, des préparations adaptées.
  • Les AED candidats doivent bénéficier de décharges.