Lettre Flash n°33 : les élections européennes

Publié le : 22/05/2014

   

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 Ce dimanche 25 mai, les députés européens seront élus pour un mandat de cinq ans. Ces élections constituent un temps fort de la démocratie. En effet, le Parlement européen dispose de pouvoirs importants. Il devra élire le futur président de la Commission européenne, puis approuver ou non la proposition de composition de la Commission européenne1. Ce Président élu aura des pouvoirs conséquents, notamment celui de « définir les orientations dans le cadre desquelles la Commission exerce sa mission » et, depuis l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, il pourra forcer à la démission un commissaire européen.

Le Parlement européen détient le pouvoir de codécision dans les domaines législatif et budgétaire. La plupart des lois européennes (règlements, directives, décisions), le cadre financier pluriannuel et le budget annuel de l'UE doivent être adoptés à la fois par les députés européens et par le Conseil de l'Union européenne (composé des ministres concernés des 28 États membres).

Le Parlement européen peut donc peser sur l'orientation de la politique de l'Union européenne. À lui seul, il peut empêcher quasiment toute nouvelle mesure européenne de type néolibéral. En particulier, il sera appelé à adopter, et pourra donc rejeter, le Traité transatlantique sur le commerce et l'investissement - si les négociations ne sont pas interrompues auparavant.

Si les électeurs européens le décidaient par leur vote du 25 mai, ils pourraient enclencher un bras de fer entre le Parlement et les gouvernements européens pour réorienter l'UE vers une politique sociale et de défense de l'environnement. Nul doute que les mouvements sociaux à l'échelle européenne auraient alors un rôle important à jouer dans ce bras de fer.

L'enseignement supérieur et la recherche sont victimes de l'orientation politique de l'UE et de ses États membres. Les conséquences sur les collègues sont doubles.

D'une part, les conditions de travail se dégradent. La précarité se développe. Le temps consacré à des tâches bureaucratiques et à la quête de financements cannibalise de plus en plus les activités effectives de recherche et d'enseignement. La qualité des relations humaines se détériore. Les cas de souffrance au travail se multiplient. Les libertés académiques sont de plus en plus restreintes. Les débuts de carrière revêtent le plus souvent la forme d'une « galère » au débouché incertain.

D'autre part, la nature et le champ des activités d'ESR tendent à se restreindre et s'appauvrir sous la pression d'un mode d'organisation (appels à projets, agences d'évaluation et de financement, ingérence des entreprises, etc.) qui se substitue aux principes de libertés académiques et pédagogiques, de collégialité et de démocratie. Les finalités du service public de l'ESR cèdent la place aux impératifs de l'« innovation », de l'« employabilité » et de la formation de travailleurs adaptés au marché ; au service de l'attractivité et de la « compétitivité » des territoires et des profits des grandes entreprises.

Il en résulte un affaiblissement de la formation à l'esprit critique et une réduction de la capacité de la société à se penser, à se projeter, à se remettre en question et à se transformer et se mobiliser pour répondre aux enjeux sociétaux et aux besoins humains d'aujourd'hui et de demain.

Face à cette situation, les universitaires et les chercheurs doivent s'exprimer en votant le 25 mai pour un réel changement de la politique européenne, pour une Europe sociale, écologique et démocratique.

Des forces politiques sont organisées et s'opposent à l'échelle européenne. Pour certaines, il s'agit de poursuivre les politiques néolibérales et laisser en l'état, voire accroître, le pouvoir démesuré des entreprises multinationales et des marchés, en particulier sur l'Enseignement supérieur et la recherche (ESR). Ces forces soutiennent le projet de Traité transatlantique. Pour d'autres, nationalistes et xénophobes, la démocratie et les libertés constituent une entrave, ce que ne saurait nous faire oublier leur entreprise de dissimulation.

Pour les forces de progrès, qui combattent notamment le Traité Transatlantique, il s'agit au contraire de revitaliser la démocratie et d'ouvrir une nouvelle période où les conquêtes sociales seront croisées à la défense de l'environnement.

Le 25 mai, les électeurs ont la possibilité de peser sur l'orientation de l'UE et corrélativement sur le devenir de l'ESR. Les militants du SNESUP et les collègues sont appelés à s'en saisir.

1. Proposition issue d'un accord entre le nouveau président de la commission et le Conseil européen composé des chefs d'Etat et de gouvernement des 28 Etats membres.