Lettre Flash n°27 à télécharger ( 262.2 kb)
Le 9 avril 2014, plus de 120 participants étaient présents à la journée intersyndicale1 de rencontres et de témoignages sur les conditions de travail et d'études dans l'enseignement supérieur et la recherche (ESR). De nombreux témoignages ont illustré une détérioration considérable de la situation, directement liée au développement dans l'ESR des modalités de « new management », subies depuis des années par les salariés du privé.
Ainsi, les restrictions budgétaires et la course aux financements qui en résulte, tant en recherche qu'en enseignement, multiplient les situations de stress, les pressions, les surcharges de travail. Les évolutions des structures à marche forcée (fusions, COMUE...), les mises en chantier perpétuelles et subies (masters d'enseignement, mutualisations...), les évaluations sans fin (entretiens individuels, AERES, primes...) engendrent une instabilité des conditions d'exercice des métiers, souvent désignée par « précarité subjective », qui s 'ajoute à la précarité d'emploi, touchant plus du tiers des personnels de l'ESR (34 % en 2012, selon le bilan social du ministère).
L'intérêt ou la passion pour les activités d'enseignement ou de recherche sont affectés par la perte de sens qu'engendrent la multiplication des tâches annexes, la concurrence exacerbée, le morcellement des activités de recherche par les appels à projets, la poursuite d'objectifs irréalistes... Les situations les plus graves se multiplient (harcèlement, épuisement au travail et attitudes suicidaires voire suicides), et, quelle que soit la catégorie de personnel, se heurtent à l'insuffisance des moyens de la médecine préventive et aux entraves de l'action des élus dans les CHSCT.
Les conditions d'études, de travail et de vie des étudiants sont également alarmantes : beaucoup d'entre eux sont contraints d'exercer une activité salariée, renoncent à se soigner, ou à déposer des demandes de soutien, faute de personnels et de moyens attribués à l'action sociale. En outre, les orientations contraintes, la limitation des capacités d'accueil de certaines filières, voire la sélection, la dégradation des formations et des conditions de réussite provoquées par l'austérité budgétaire, contribuent à mettre en difficulté les étudiants les plus fragiles.
Ces constats appellent des mesures urgentes. Une large part des moyens stérilisés par le Crédit Impôt Recherche (6 Md€ en 2014) doit servir à financer une programmation pluriannuelle de moyens et de postes statutaires et assurer aux étudiants des conditions de vie et d'études propices à la réussite. Nous devons aussi obtenir une amélioration significative des dispositifs de prévention de la souffrance au travail et le renforcement du rôle et des moyens d'action des CHSCT. Ces questions doivent faire l'objet de propositions précises du SNESUP-FSU, élaborées avec les syndiqués et les personnels de toute la communauté universitaire et scientifique.
Dans le droit fil du travail de terrain engagé depuis l'automne, sur l'austérité dans les établissements, sur les droits statutaires, notamment le refus de la modulation de service, toujours présente dans le projet de décret, sur les regroupements forcés d'universités et d'établissements, dont le SNESUP-FSU demande un moratoire, le SNESUP-FSU s'engage, avec les personnels et les étudiants, à poursuivre l'action sur les conditions de travail au niveau de chaque établissement. Dans la poursuite du travail intersyndical engagé, le SNESUP-FSU propose que ses sections initient la rédaction de cahiers de doléances à adresser au gouvernement et aux parlementaires. Ils viendront ainsi compléter les dossiers Austérité2 et Statuts3, et conforter le mémorandum revendicatif4 du SNESUP-FSU.
Cette campagne sur les conditions de travail se poursuivra à l'occasion de la journée de grève nationale interprofessionnelle et intersyndicale dans la fonction publique, pour l'emploi et les salaires, du 15 Mai 2014. Elle sera pour nous l'occasion d'alerter sur la réalité des salaires dans l'ESR, le poids écrasant de la précarité, le déficit grandissant des emplois scientifiques.
Des cahiers de doléances pour faire aboutir nos revendications
1 à l'appel de : FSU (SNESUP, SNCS, SNASUB, SNEP) - CGT (SNTRS, FERC Sup, CGT INRA) -
UNSA (Sup'Recherche, SNPTES) - SNPREES-FO - Sud Recherche EPST - UNEF
2 /Le-Snesup/Dossiers-actu?cid=3863
3 /Le-Snesup/L-actualite-du-SUP?aid=6863&ptid=5
4 /Le-Snesup/L-actualite-du-SUP?aid=6972&ptid=5
Lettre Flash n°27 : Des cahiers de doléances pour faire aboutir nos revendications
Publié le : 16/04/2014