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Partout en Europe les manifestations du 1er mai, celle du 5 mai en France, la grève générale de l'éducation nationale le 9 mai en Espagne... expriment clairement le rejet de la rigueur et de l'austérité. Le « Haut Conseil des Finances Publiques » lui-même, peu suspect de réticence à l'égard de la politique européenne « de stabilité », note dans ses prévisions 2013-2017 que les mesures de consolidation budgétaire (comprendre les coupes claires), ont « un impact sur la croissance ». La France est désormais officiellement entrée en récession. Les conséquences sociales sont immenses : salaires en régression, chômage, exclusion, précarité, attaques contre les retraites.
Tous les secteurs d'activité et les services publics sont touchés. Alors que plusieurs universités sont de nouveau en déficit, un premier bilan effectué sur 35 universités montre que les dotations de fonctionnement de l'État sont en baisse en moyenne de près de 9 %. Apparaît même une taxe de « contribution au remboursement de la dette publique » (des centaines de milliers d'euros par université) ! Cela se traduit par des gels de postes (au moins 256 gels supplémentaires en 2013 pour ces 35 universités), des restrictions sur les crédits des composantes, des contrats non renouvelés.... dégradant les activités de formation et de recherche et le fonctionnement des services.
Face à une réforme de la formation des enseignants menée dans la précipitation, la confusion, l'absence de véritable concertation et préjugeant d'évolutions réglementaires, la revendication grandit d'un moratoire d'un an qui permette l'élaboration collective d'une réforme vraiment conforme aux besoins sociaux, comme en témoignent les motions votées dans les conseils. Les récentes déclarations de V. Peillon sont totalement inacceptables : sous prétexte qu'ils seraient trop éloignés du terrain, certains personnels des IUFM ne seraient pas intégrés dans les ESPE2.
Le projet de loi ESR ne répond en rien aux difficultés (budgets, postes...) que rencontre le service public d'ESR et à la demande de rupture avec les orientations imposées par les gouvernements précédents, qu'il prolonge et aggrave même dans certains aspects. Jusqu'au sein de la majorité gouvernementale, des voix s'élèvent, parmi les militants et les parlementaires, pour critiquer ce projet, jugé décevant et même combattre certains de ses articles, comme l'article 2 qui ouvre largement la porte aux enseignements dispensés en anglais.
Exigeons le retrait de ce projet de loi et la mise en chantier d'un autre projet, incluant une programmation budgétaire à la hauteur des besoins des personnels, des étudiants et de la société, en rupture avec les lois « Pacte Recherche » et LRU.
1 « Bilan consolidé des sources de financement des universités » http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20130422/cult.html
2 Voir lettre FDE n°2 sur la loi de refondation de l'Ecole
3 http://www.loiesrtoujoursinacceptable.org 4 http://etudesimpact.assemblee-nationale.fr/index.php?cle=29921&leg=14
SE MOBILISER POUR EXIGER UNE AUTRE POLITIQUE
Des budgets d'austérité
L'État contraint ainsi les universités à augmenter leurs ressources propres, qui représentent déjà en moyenne 14,1 % de leur budget en 2013, en hausse de 10 % par rapport à 2012.
Le rapport1 des sénateurs D. Gillot et P. Adnot n'hésite pas à suggérer d'augmenter les droits de scolarité pour les porter à la moyenne européenne (600 € par étudiant) en contrepartie de bourses et d'un rattrapage pour les universités les moins bien dotées. Le SNESUP s'y oppose résolument. La connaissance n'est pas une marchandise mais un bien commun à partager le plus largement possible sans dresser d'obstacles financiers à son accès.
Des pilotages autoritaires
De même, en cohérence avec les exigences du MEDEF (la loi transcrivant l'ANI du 11 janvier et refus de l'amnistie sociale), F. Hollande a indiqué vouloir « stimuler l'esprit d'entreprise dans notre pays » grâce un enseignement de l'entrepreneuriat de la sixième à l'enseignement supérieur ! Bel exemple de subordination de l'enseignement au politique, au mépris des principes d'indépendance dans l'élaboration des programmes et à l'opposé de la diffusion des outils scientifiques de compréhension du monde contemporain que nous revendiquons.
Pour une tout autre loi de l'ESR, mettre en œuvre toutes les formes de mobilisation
Le SNESUP et de nombreux syndicats du supérieur appellent3 à intensifier les actions d'information et de mobilisation pendant l'examen du projet à l'Assemblée Nationale (du 13 au 17 mai et les semaines suivantes - préavis de grève déposés) :
Dans l'immédiat, comme dans les semaines et les mois à venir, développer une autre conception de l'enseignement supérieur et de la recherche et de ses missions et convaincre que de telles orientations sont possibles, c'est s'opposer résolument à la politique d'austérité budgétaire, de marginalisation des services publics et de remise en cause des acquis sociaux.
sur le site du SNESUP
Lettre Flash n°26 : se mobiliser pour exiger une autre politique
Publié le : 16/05/2013