Lettre à V. Pécresse sur les conditions de la rentrée

Publié le : 16/09/2008

Communiqué de presse

Courrier adressé à V. Pécresse

Paris, le 4 septembre  2008

Madame la Ministre,
 

Cette rentrée universitaire, déjà entamée pour nombre de collègues et d’étudiants, s’ouvre dans des conditions difficiles et avec dans les têtes beaucoup d’inquiétudes ; ce climat est  néfaste à la qualité du travail universitaire.

Encore trop d’étudiants arrivent perdus dans le maquis des formations et beaucoup souffrent de difficultés de logement, de difficultés financières voire de santé. La logique de concurrence  entre les filières qui vous amène, dans vos propos, à survaloriser la fonction des classes préparatoires pour réussir des études supérieures réussies n’aide pas à la confiance des étudiants en L1. 

Divers dispositifs d’aide à la réussite des étudiants, en particulier pour le L1, sont souhaités par nos collègues, mais ils sont mis en œuvre avec des moyens très insuffisants conduisant à l’alourdissement des charges de travail. Aucune amélioration n’est possible  durablement sans création d’emplois d’enseignants et enseignants-chercheurs titulaires. Ce n’est pas le sens des informations dont nous disposons aujourd’hui sur le budget 2009. Les suppressions de postes envisagées sont contraires aux déclarations sur la priorité « recherche-supérieur », et bien davantage contraires aux intérêts immédiats et à venir de notre pays.

D’autres choix budgétaires sont possibles : revenir sur le CIR, sur les volumes de crédits alloués à l’ANR (pour n’évoquer que des aspects relevant de notre secteur).

La revalorisation des métiers du supérieur et de la recherche, l’amélioration des conditions de travail et des salaires pour tous ne peuvent attendre plus longtemps. Il s’agit d’une question de justice, il y va aussi de l’avenir quant à l’attractivité de ces métiers. De vraies négociations sont indispensables : le SNESUP y est prêt avec des propositions qui ont une légitimité électorale que n’a pas le rapport Schwartz et qui ouvrent des pistes cohérentes et réalistes. 

En trop d’occasions, le ministère, les commissions qu’il  a constituées, ont ignoré les analyses et propositions des organisations syndicales. La commission Philip a poussé à l’extrême cette attitude vis-à-vis du SNESUP. La recomposition du CNESER contre son gré et  le refus que vous avez signifié de voir des commissions ou groupes de travail du CNESER se pencher sur la mastérisation de la formation des enseignants et les concours, ainsi que sur les filières professionnelles vident ce conseil de toute fonction. Excluant  les organisations syndicales, les réunions organisées par la DGES,  limitées au périmètre de la CPU, de la CDIUFM, des conférences de doyens, cassent la réflexion et la collégialité qui ont fait la force et la richesse de l’enseignement supérieur en France. Cette situation est sans précédent et doit changer.

Cette dimension vous l’ignorez aussi, malgré vos engagements, dans la réflexion sur l’avenir et l’organisation du CNRS (avec l’éviction de la directrice scientifique des SHS et ce, dans des conditions qui ont heurté la communauté tout entière) et vous n’avez pas retenu jusqu’ici la possibilité d’associer la communauté scientifique et sa représentation élue et légitime aux grands choix prospectifs.

Nos collègues aspirent à consacrer leur énergie à l’avancée des connaissances, à la diffusion de celles-ci en premier lieu vers les étudiants. Il faut pour cela les entendre.
 
Nous vous prions de croire, Madame la Ministre, en notre profond attachement au service public de l’enseignement supérieur et de la recherche.
 
Jean FABBRI
Secrétaire Général du SNESUP