La session 2011 du CAPES/CAFEP histoire et géographie

Publié le : 24/06/2011


La session 2011 du CAPES/CAFEP histoire et géographie

par Marie-Albane de Suremain, IUFM de Créteil

Comme dans les autres disciplines, le CAPES/CAFEP d'histoire et géographie a été touché de plein fouet par la mise en place de la réforme de ce concours. Lors de la session 2010, il y avait 5 829 inscrits, 3 970 présents aux deux épreuves (68 % des inscrits) pour 792 postes et contrats. Pour la session 2011, les chiffres tombent à 4 474 inscrits (-23 % par rapport à 2010) et 2 420 présents (-39% par rapport à 2010 ; plus que 54 % des inscrits) pour 657 postes et contrats, soit une diminution de 17 % par rapport à 2010. Les conditions pour passer les concours sont devenues très dissuasives pour les étudiants. Outre la nécessité d'avoir un master, on peut simplement rappeler que les épreuves écrites se passent désormais en ... novembre au lieu d'avril ! - ce qui a réduit le temps de préparation à une très faible période pour la session 2011 et augure de préparations étalées de fait sur ... 18 mois pour les sessions suivantes (dès le mois de janvier du Master 1 pour des épreuves se terminant en juin du Master 2). La chute des effectifs met aussi en péril le recrutement d'enseignants de qualité pour l'avenir. Le ratio entre présents aux épreuves et nombre de postes est tombé de 5 en 2010 à un peu moins de 3,7 en 2011. 1334 candidats ayant été déclarés admissibles, le ratio admissible/nombre de postes est de 2,07, ce qui est une proportion assez courante ; mais cela signifie aussi que plus de la moitié des candidats ont été déclarés admissibles, ce qui est beaucoup plus inhabituel qu'une proportion d'un quart ou d'un tiers.

Quant aux épreuves, si la structure de celles de l'admissibilité (deux dissertations) n'a guère été modifiée, la définition des programmes et la nature des épreuves d'admission ont en revanche été bouleversées, laissant pendantes de nombreuses questions.
Les « quatre périodes » conventionnelles de l'histoire sont désormais représentées par... trois questions : « le prince et les arts » couvre ainsi l'histoire médiévale et l'histoire moderne, renvoyant aussi à une « histoire des arts », inscrite désormais dans les programmes du collège. A l'avenir, comment assurer la représentation de toutes les périodes tout en assurant la rotation des « questions transversales » ? Le jury envisage-t-il de hardis rapprochements thématiques entre histoire ancienne et histoire contemporaine par exemple ? De plus, les contraintes du nouveau calendrier sont telles qu'elles impliquent de faire connaître le libellé des nouvelles questions d'une session ... deux ans avant les épreuves d'admission (par exemple juin 2011 pour la session 2013, dont les cours de préparation d'épreuves écrites passées en novembre 2012 devraient commencer dès janvier 2012). Le (dis)crédit accordé à un dispositif étant toujours à la (dé)mesure des orgues de tuyauterie déployée pour l'édification d'une usine à gaz, ce sont autant de contraintes et complications susceptibles de mettre en péril le recrutement d'enseignants par concours de la fonction publique d'Etat.
Les épreuves d'admission sont, elles, passées de trois à deux oraux, la leçon étant désormais tirée au sort de manière exclusive entre l'histoire ou la géographie, même si les candidats sont à 90 % historiens de formation et les départements de géographie des universités, de fait, mobilisés par de multiples autres centres d'intérêt que la préparation des concours. En revanche, l'épreuve sur dossier représente désormais la moitié des points de l'admission. La première partie, évaluée sur 14 points, relève de l'épistémologie et de l'histoire des disciplines, y compris celle de leur enseignement, et s'appuie sur l'étude de trois documents. Le premier s'inscrit directement dans ce champ, le deuxième est, lui, lié aux questions de programme du concours, mais les membres des commissions d'histoire ou de géographie, « spécialistes » de ces questions, ne sont pas pour autant membres de ces commissions d'épreuve sur dossier. Le troisième document est de nature didactique. La transformation de cette partie d'épreuve sur dossier semble donc pour lors très limitée par rapport à l'épreuve antérieure.
La deuxième partie de l'épreuve, évaluée sur 6 points, porte sur la compétence « agir en fonctionnaire de l'Etat et de façon éthique et responsable » et s'appuie sur un document complémentaire. Le jury du CAPES d'histoire et géographie semble se distinguer d'autres disciplines confrontées à cette épreuve commune, en affirmant ancrer celle-ci dans l'enseignement de l'éducation civique. Il n'en demeure pas moins que ce sont bien les responsabilités de l'enseignant d'histoire, de géographie et d'éducation civique en tant que fonctionnaire de l'Etat qui constituent l'objet de cette épreuve. Il reste donc à voir comment il déclinera en pratique cette épreuve si décriée parce qu'elle prétend vérifier a priori une compétence qui ne pourrait être éprouvée qu'en situation et pour ce qu'elle signifie d'un point de vue idéologique.