elle revendique son « implication active dans les affaires du monde » et son rôle de « pouponnière des leaders ».
Dès sa fondation en 1895 par le fabien Sidney Webb, la LSE s'est pensée comme une université de recherche sur le modèle allemand en se démarquant d'Oxford et Cambridge. Institution pionnière de l'université de Londres, elle introduit en Angleterre de nouvelles sciences sociales et la première licence
d'économie. Néanmoins, ses directeurs ont affirmé sa mission de « service du bien commun » motivée par la croyance en l'utilité des sciences sociales et en leur capacité à « améliorer la société ». Aussi la London School n'a jamais répugné à élaborer des savoirs appliqués et à délivrer des formations professionnelles en études commerciales et en travail social pour répondre à la demande de la ville de Londres, de la City ou de l'État. Institution
paradoxale, elle rassemble dans l'entre-deux-guerres aussi bien des réformateurs sociaux et des théoriciens du Welfare State que des libéraux hostiles aux thèses de Keynes. Dès les années 1960, son département d'Economics est à l'avant-garde de la critique de la régulation étatique et de l'apologie
du libre marché : Harry Johnson et Peter Bauer théorisent le Development Liberalism, la nouvelle doxa du futur « consensus de Washington ». Dès les années 1980, les demandes des étudiants et de la City amènent la LSE à proposer une offre démultipliée de formations appliquées mobilisant tous les départements d'économie, d'économétrie, de finance et de management.
Par sa politique de sélection des « meilleurs étudiants », la direction de la London School entend délivrer aux futures « élites mondiales» une « formation internationale », « universelle», « pertinente » et « globale », fondée sur la trinité « économie, gouvernance, droit ».
La LSE a étendu son rayonnement bien audelà de l'Angleterre. Dès avant 1939, elle attire les étudiants européens et coloniaux et forme nombre d'universitaires du Commonwealth.Dans les années 1960, elle exporte son modèle académique et intellectuel dans les universités post-coloniales qui délivrent ses diplômes, anticipant la pratique actuelle de l'accréditation. Enfin, dans les années 1980, en dépit de la hausse vertigineuse des frais d'inscription, la LSE devient la plus cosmopolite des universités avec 67 % d'étudiants étrangers. Liée aux autres World-Class Universities par des partenariats et des doubles cursus, elle fait circuler des savoirs standardisés, légitimés du sceau scientifique de l'universalité. Ses anciens étudiants, à la
réussite professionnelle éclatante, cumulent les hautes fonctions politiques, administratives et économiques nationales et internationales et sont des vecteurs démultipliés de son soft power.
La London School of Economics et la formation des "élites mondiales"
Publié le : 15/11/2011