Journée de mobilisation FSU du 15 octobre contre la précarité dans la Fonction publique
Le 15 octobre dernier notre fédération a organisé une action réussie avec les agents non titulaires (ANT) pour faire un état des lieux de l'emploi non titulaire dans la Fonction publique (FP) et porter auprès des responsables politiques ses revendications. En particulier il était important de rappeler à l'approche des débats à l'Assemblée sur la prolongation de deux ans du dispositif de recrutements réservés de la loi Sauvadet que le projet ne résoudrait pas les causes d'exclusions que la FSU avait dénoncées (temps incomplet, emploi « occasionnel » ou vacation,...).
La matinée a réuni 150 syndiqué.e.s de la FP, dont plus d'une centaine d'ANT, en présence de Bernadette Groison, secrétaire générale de la fédération. Les témoignages venaient d'horizons très divers : territoriale, culture, universités, GRETA (95 % d'ANT !), enseignement scolaire et agricole,... Les échanges fructueux ont mis en évidence des problématiques communes malgré des cadres d'emploi et des dispositions réglementaires différentes suivant les ministères et les établissements publics : pression, nécessité de « faire ses preuves » en permanence, traitement souvent empreint de mépris, diversité des contrats, réemploi aléatoire, isolement notamment face à de multiples contournements de la loi, difficultés d'accès aux formations, à la préparation de concours, à la protection sociale. Ils ont aussi fait émerger le constat que la loi Sauvadet n'a pas bloqué l'extension de la précarité, tant elle laisse de côté des secteurs entiers, en particulier celui des enseignants du supérieur et des chercheurs. Cette matinée a abouti à l'adoption d'un Appel pour des emplois stables et pérennes(1).
L'après-midi la FSU a été reçue, avec des délégations de contractuels, dans les ministères (FP, MENESR, Travail, Agriculture, Justice) et par des groupes parlementaires. Des sénateurs ont ainsi reconnu ne pas avoir mesuré l'ampleur de la précarité quand bien même ils étaient sensibilisés à la question, et ils ont proposé d'intervenir par différents moyens. La délégation FSU a demandé que la loi soit plus prescriptive auprès des employeurs publics. Si la FP territoriale a été principalement mise en cause pour sa multiplicité d'employeurs et ses disparités de traitement, l'ESR est concernée au même titre. Rappelons cependant que l'amélioration de la situation des ANT dépend pour beaucoup de dispositions réglementaires, sous la seule responsabilité du gouvernement. Le cabinet de la ministre de la FP a partagé que des comportements de l'administration ou d'employeurs sont inadmissibles. Il a assuré vouloir recueillir tous les dysfonctionnements pour corriger les anomalies. La secrétaire générale de la FSU a dénoncé la recherche de services rendus à moindre coût et insisté pour que soient conduites sans attendre au niveau approprié les concertations nécessaires à l'élaboration de mesures répondant à la situation réelle des services et des personnes.
Le 15 octobre a mobilisé avec succès les non titulaires syndiqués. Il a libéré la parole des « invisibles » sans qui le service public ne fonctionnerait pas et l'a portée auprès des représentants de l'État, renforçant ainsi les revendications de notre fédération pour améliorer les conditions de travail des ANT et résorber la précarité. En février le congrès fédéral du Mans s'est engagé à donner des suites à cette journée en vue d'obtenir l'ouverture de discussions. Les instances de la FSU travaillent maintenant à la construction d'initiatives concrètes. Imposer des mesures significatives et l'arrêt des dérogations à la règle de l'occupation des emplois publics par des fonctionnaires passe par une mobilisation élargie, avec la participation active des titulaires. Ceux-ci ne peuvent se satisfaire d'un service public faisant appel à la précarité pour faire plus avec des budgets insuffisants ; Cette orientation des politiques publiques va de pair avec les attaques contre leurs statuts. En particulier dans les instances de tout niveau de l'ESR les représentants des chercheurs et enseignants du supérieur doivent la combattre énergiquement et demander les moyens nécessaires aux missions des services.
Compte-rendu et réflexions d'un participant SNESUP ( 119.58 kb) (mensuel Le Snesup, décembre 2015)
(1) disponible sur http://www.fsu.fr/Contre-la-precarite-dans-la.html