Formation des enseignants et CPE – Recrutement : allons au bout du débat !

Publié le : 25/09/2012


SNEP, SNES, SNUEP,  SNESUP

 

 

Formation des enseignants et CPE - Recrutement : allons au bout du débat !

 

Certains échos dans la presse laissent entendre que le Ministère de l'Éducation Nationale se dirigerait vers un concours en fin de M1 au motif que cela « faciliterait l'accès aux métiers enseignants».

Cela pose deux problèmes : le premier est celui d'une consultation tronquée puisqu'il a été affirmé aux participant-es qu'aucune décision n'avait encore été prise. Le deuxième est que ce ne seraient pas des considérations pédagogiques qui piloteraient une telle décision en plaçant toute la formation professionnelle en M2.

Un concours en M1 entretiendrait la coupure entre une formation disciplinaire pour préparer le concours en M1 (concours qui ne peut être très professionnel à cette étape) et une formation professionnelle en M2. Il empêcherait l'existence de vraies formations conduisant au diplôme national de master, garantissant la qualification des lauréats. Le lien de la formation avec la recherche serait de plus en plus ténu, les masters risquant ainsi d'être perçus comme des sous-masters.

Les fonctionnaires stagiaires seraient confrontés à une charge de travail colossale devant assumer de front leur service en responsabilité, leur réussite en M2 et la titularisation. Ce concours en M1 fragiliserait le rôle des Écoles Supérieures du Professorat et de l'Éducation fédérant tous les acteurs de la formation et les degrés d'enseignement, que le ministère a pourtant appelé de ses v½ux. Il porte en germe le décrochage entre premier et second degrés.

De plus, les métiers de l'enseignement débordent largement le cadre de l'éducation nationale : enseignement agricole, enseignement supérieur, enseignement privé, enseignement à l'étranger... Placer un concours en M1 transformerait les masters en master « Éducation Nationale », n'ayant pas de valeur à l'étranger.

Cette décision ferait fi du consensus au sein de la concertation sur la nécessité de pré-recrutements dès la licence, apportant le salaire et la sécurisation des parcours nécessaires pour faciliter l'accès aux métiers de l'enseignement et de l'éducation. Elle ne permettrait pas une formation intégrée - pourtant nécessaire -comprenant savoirs académiques et professionnels étroitement liés. Or, une formation de haut niveau, disciplinaire et professionnelle, en lien avec la recherche, nécessite de garder la cohérence de 2 années de master intégrant des stages de pratique accompagnée, en responsabilité progressive.

Si la nécessité de démocratiser et d'élargir les viviers est bien réelle, d'autres solutions existent, proposées depuis longtemps par les syndicats de la FSU. La mise en place d'une allocation d'autonomie permettant aux jeunes d'étudier dans de bonnes conditions en licence et d'y réussir est un premier impératif. Il faut aussi améliorer le cursus licence pour mieux prendre en compte la diversité des publics. Pour l'accès aux concours, les syndicats de la FSU proposent plusieurs possibilités : choix précoce du métier d'enseignant et des pré-recrutements dès L3 et concours en fin de M2 ; choix après l'obtention d'un master « classique » du métier d'enseignant ; personnes en reconversion ou passant les concours internes, pour lesquelles un dispositif VAE/VES et des compléments de formations doivent permettre de passer le concours et de valider un Master à la fin de l'année de stage. Ainsi les concours restent ouverts à tous et le master la référence pour tous.

La situation d'un recrutement d'une ampleur exceptionnelle à la rentrée 2013 impose des mesures transitoires qui ne doivent pas obérer l'avenir, ni opposer les acteurs mais qui devraient permettre d'enclencher le processus de refondation de l'École. Elle nécessite une négociation spécifique.

Paris, le 24 septembre 2012