FDE. Motion de la section de Toulon

Publié le : 15/05/2012


Congrès d'étude du Mans : motion de la section de Toulon

Pour reconstruire une véritable formation des enseignant-e-s

Malgré les mobilisations, le gouvernement a imposé la destruction de la formation initiale et continue des enseignant-e-s et CPE. Depuis la rentrée 2010 les pires craintes concernant les conditions d'entrée dans le métier se sont trouvées justifiées :

  • négation du principe d'une formation professionnelle spécifique pour les personnels concernés. Il en résulte la disparition de l'année de formation professionnelle payée par l’État sous forme de stage à temps réduit.
  • pour les formateurs et formatrices comme pour les étudiant-e-s, la mise en place des masters enseignement s'est traduite par la déliquescence des contenus. L'enseignement n'est plus une voie attractive.

Des officines privées ne s'y sont pas trompées et se positionnent déjà sur ce nouveau marché, proposant aux nouveaux/elles recruté-e-s des stages payants pour préparer leur entrée dans le métier. Les étudiant-e-s et les nouveaux/elles enseignant-e-s devront payer eux et elles-mêmes des formations jusqu'à présent payées par l'Etat. Ces officines vendent aussi des préparations aux concours de recrutement.

Le nouveau dispositif introduit également des éléments de déréglementation, puisque son application est variable d'une académie à l'autre et qu'il s'inscrit dans le cadre du LMD qui a supprimé la définition nationale des maquettes et le cadrage national des diplômes au profit de parcours de plus en plus "individualisés" et "professionnalisés". Mais partout les nouveaux/elles enseignant-e-s sont placé-e-s en responsabilité face à des élèves à temps plein ou quasiment plein, la formation étant réduite à quelques semaines dans l'année scolaire, avec un vague compagnonnage. Cette situation ne peut que générer de vives tensions pour les enseignant-e-s, les élèves et les parents.
En outre, les nouvelles modalités de recrutement, en multipliant les conditions à remplir (Master 2, C2i, CLESS II, concours) constituent un obstacle supplémentaire au recrutement des jeunes d'origine populaire et créent une inégalité entre les candidat-e-s au niveau national.
Bien plus, elles favorisent le développement d'un vivier de personnels précaires (titulaires du Master mais pas du concours), et font régresser les droits actuels des précaires en poste.
Cette situation ne pourra qu'être aggravée par la suppression programmée des concours, inscrite dans la "mastérisation". De ce point de vue, les directions syndicales qui ont soutenu cette "réforme" y compris par leur vote dans les instances portent une lourde responsabilité.
Le congrès du SNESUP estime que les revendications syndicales et notamment celles de la FSU ne sauraient se situer sur le terrain d'un aménagement de la "mastérisation". Le rétablissement d'une véritable formation professionnelle exige :

  • l'abrogation des lois, circulaires et décrets, concernant le recrutement et l'entrée dans le métier des enseignant-e-s et CPE.
  • la suppression du dispositif LMD introduit dans l'enseignement supérieur depuis 2002 : il vise à vider de son contenu la valeur nationale des diplômes et la reconnaissance des qualifications dans les conventions collectives ; combiné avec la "masterisation" il permet à terme la suppression des concours et statuts nationaux.

Pour le SNESUP, une véritable formation professionnelle des personnels payée par l'employeur et visant à apprendre le métier dans le cadre des statuts et conventions collectives, s'oppose à l'orientation dominante de "professionnalisation" : cette dernière vise surtout, à travers la "logique des compétences", à la destruction progressive des métiers, des qualifications reconnues, des statuts et de la valeur nationale des diplômes - selon la logique capitaliste oeuvrant à la privatisation du système d'enseignement, de la maternelle à l'université.
Un projet syndical concernant la formation des enseignant-e-s doit donc s'intégrer dans la lutte contre la transformation capitaliste du système éducatif, qui vise à faire des jeunes une main d’œuvre précaire et flexible.
Pour une véritable formation professionnelle et la démocratisation des recrutements, le SNESUP revendique :
des pré-recrutements égalitaires à l'issue du L3 ouvrant droit au statut d'élève fonctionnaire, en lien avec un plan de recrutement pluriannuel. Des unités optionnelles de découverte et de sensibilisation doivent être accessibles pour tous/toutes dans le cadre des licences ;
après le pré-recrutement, deux années de formation professionnelle initiale rémunérée, prévoyant une entrée progressive dans le métier ;
une formation largement ouverte à la pluralité des approches pédagogiques, y compris les pédagogies actives centrées sur la coopération ;
des concours de recrutement à l'issue de ces deux années post-Licence.
la reconnaissance pleine et entière d'un niveau de qualification à Bac + 5, comme c'est le cas par exemple pour d'autres écoles professionnelles (écoles d'ingénieur-e-s, par exemple).
Mais pour cela il est nécessaire que les IUFM soient rénovés et retrouvent leur autonomie budgétaire et leur indépendance pédagogique : ils doivent être conçus comme des écoles professionnelles spécialisées. La formation dans les IUFM doit donc s'inscrire dans un cadrage national évitant l'atomisation des formations, et par conséquent nécessite de supprimer le dispositif LMD qui est contradictoire avec cet objectif.