Edito FDM : D’autres choix, un autre calendrier
Motions votées par les CA des universités, les conseils d’UFR, les CE des IUFM, lettres aux deux ministres rédigées par la FSU, des présidents d’universités, des sociétés savantes : la demande d’un report de la date du recrutement des futurs enseignants du premier et second degré au niveau master se généralise. Le mouvement a peu a peu gagné en ampleur. Le report d’au moins un an est en effet la seule solution pour permettre aux acteurs de construire une formation des enseignants cohérente et des maquettes de masters qui correspondent aux besoins du système éducatif. Nous refusons la disparition des concours. Nous voulons imposer que les nouveaux concours (nature et nombre des épreuves) fassent l’objet de vastes concertations et que la formation professionnelle soit complète.
Aujourd’hui les collègues sont appelés par le SNESUP à ne pas transmettre -ni valider dans les CA –de maquettes- s’inscrivant dans le flou réglementaire, la dérégulation scientifique et un calendrier irresponsable.
Dans les IUFM et dans les UFR se manifeste une volonté de co-construire une nouvelle formation des enseignants mais comme l’illustre le dossier central de ce numéro, les liens entre recherches et formation sont subtils et font parfois l’objet d’incompréhensions réciproques ; la recherche en éducation, au sens large, en France, n’étant ni assez développée ni assez associée aux champs disciplinaires.
Petit à petit le refus de la casse de la formation qui a été programmée en juin dernier par le président de la République prend place dans la plate-forme qui fédère les luttes contre la casse de l’école. Les manifestations et mouvements de l’automne, celles qui se préparent pour janvier mettent en cause globalement la politique éducative du gouvernement Fillon et contestent de plus en plus Darcos et Pécresse.
C’est parce que nous avons une conception ambitieuse du métier d’enseignant garanti par le statut de fonctionnaire d’Etat que nous nous battons pour qu’un nombre nécessaire de postes soient inscrits aux budgets 2009, 2010 et 2011. Il ne doit pas y avoir d’année « blanche ». Mieux, ces budgets doivent permettre de combler les suppressions d’emplois (35000. Cet enseignant à venir doit être à l’image de la société française ; nul ne doit être empêché de devenir PE ou PLC pour des raisons financières ou d’éloignement. La justice sociale passe par des pré-recrutements, des bourses revalorisées et étendues, le maintien des centres départementaux des IUFM intégrés aux universités et des stages progressifs et rémunérés..
Défendre une formation des enseignants de qualité, c’est défendre la qualité de notre Ecole laïque. Nombreux sont ceux qui veulent voir cette école dépérir. Ils mettent tout en œuvre pour y parvenir : attaques contre la maternelle, les RASED…, aides aux écoles privées. Les changements de programmes et de parcours dans les lycées comme, dans le supérieur la suppression des CIES relève malheureusement de la même logique.
Dans la bataille engagée et qui se poursuit en janvier, tous les formateurs de tous statuts répondront une fois de plus « présents ».
Martine Gest
Jean Fabbri