Secteur Formations : Collectif FDE
par Sylvie PLANE ([email protected] )
La mastérisation
• Quelques déclarations...
Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, sur les réformes engagées dans le domaine de l'enseignement, de l'école primaire à l'université, à Paris le 2 juin 2008.
- « L'enseignement supérieur, comme l'enseignement primaire et secondaire, a souffert de quoi ? D'un déficit de réformes qui allaient jusqu'au bout. Pas d'un déficit d'annonce de réformes, ça, l'annonce des réformes, on en a eu. Mais les réformes qui allaient jusqu'au bout, c'est là où il y avait déficit. Alors son affaiblissement est aussi dû à un déficit de moyens et d'investissements, j'en conviens bien volontiers. »
Communiqué de presse de M. Xavier Darcos, Ministre de l'éducation nationale, le 15 janvier 2009
- « Dans sa volonté de revaloriser le métier de professeur, le Président de la République a décidé de rénover la formation des maîtres par une reconnaissance universitaire de niveau Master et une rémunération de début de carrière correspondant à ce niveau de qualification plus élevé. Les enseignants français bénéficieront désormais d'une formation universitaire comparable à celle de l'ensemble de leurs collègues européens au terme de cinq années d'études. L'enjeu de cette réforme est qualitatif : une meilleure qualité de la formation des futurs enseignants pour assurer une meilleure qualité de l'enseignement délivré à nos élèves. »
Déclaration de M. Xavier Darcos, ministre de l'Éducation Nationale 28 août 2008
[à propos des lauréats des concours dont il supprimait la formation initiale]
- « Nous n'allons pas les lâcher comme des frites dans l'huile bouillante ! »
Allocution de M. Luc Chatel, porte-parole du gouvernement et/ou ministre de l'éducation nationale le 27/09/2010
[La rentrée de septembre 2010 est la première où des promotions entières de lauréats des concours sont affectées dans les classes sans que cette expérience professionnelle s'accompagne de la moindre formation]
- « Mais, ce qui nous réunit aujourd'hui, c'est le cinquième et dernier axe défini lors des États généraux de la sécurité à l'École : le renforcement de la formation des professeurs [...]
Et, dans ce domaine aussi, les choses sont en mouvement : le 8 avril dernier, j'avais pris l'engagement de définir et de mettre en œuvre une nouvelle politique de formation [...]
j'ai souhaité que le dispositif national d'accompagnement mis en place dans le cadre de la réforme des concours d'enseignement leur apporte toutes les réponses et les ressources nécessaires. »
• Et quelques éléments de commentaire en réponse à ces déclarations ...
- sur l'élévation du niveau de recrutement des enseignants
- avant la réforme les enseignants faisaient déjà cinq ans d'études supérieures
- sur les difficultés des enseignants nouvellement recrutés à la rentrée 2010
- cf témoignages http://sites.radiofrance.fr/franceinter/ev/fiche.php?ev_id=1442
- sur la prétendue revalorisation des rémunérations des enseignants associée à la mastérisation
- la titularisation plus tardive des enseignants entraine une perte de revenu supérieure à 40 000 euros sur l'ensemble de la carrière
- la titularisation plus tardive des enseignants fait que la plupart d'entre eux n'auront pas les annuités nécessaires au moment de leur départ en retraite.
Mandats du Snesup - congrès 2007
Rapports et mandats de la commission 1 « Formation des maîtres »
Mandat 1 : un cadrage national pour l'intégration des IUFM
- Un cadrage national a posteriori doit permette la mise en cohérence des situations de l'ensemble des IUFM :
- la mise en place de procédures transitoires (maintien des anciens conseils) ;
- une réglementation claire qui permette une représentation équitable, au sein du Conseil de l'Ecole interne, des différentes catégories de personnels intervenant dans les formations ainsi que des représentants des organisations syndicales représentatives des premier et second degrés ;
- la création d'une commission consultative nationale des IUFM (qui se substitue à la commission nationale d'évaluation de la formation des maîtres que le ministère a mise en place de façon discrétionnaire), comportant des représentants élus des personnels et dont les missions devraient s'articuler avec celles du CNESER en ce qui concerne l'harmonisation des formations, l'évaluation des plans de formation, la détermination des cartes des formations.
Mandat 2 : des masters pour la formation des enseignants
Le SNESUP rappelle son attachement au recrutement des enseignants par des concours nationaux au sein de la fonction publique d'Etat, concours dont il demande la rénovation.
Le SNESUP se donne le mandat d'œuvrer au développement de masters intégrant les besoins de formation pour les métiers de l'enseignement. Ces masters doivent s'inscrire dans un cadrage national, afin de garantir une cohérence entre les différentes universités.
Le SNESUP émet le vœu que les équipes universitaires (Université, IUFM) inventent des masters qui prennent en compte les spécificités des métiers de l'enseignement.
Dans une première étape il faut identifier les masters existants qui rendent possible la délivrance de crédits ECTS en leur sein.
Dans l'immédiat, le SNESUP demande qu'après approbation par les instances de l'Université des plans de formation de l'IUFM concerné, des modules de formation soient intégrés dans des parcours de masters et permettent la délivrance de crédits ECTS dans les masters habilités.
Soucieux de l'élévation du niveau de recrutement et de qualification des enseignants, le SNESUP a pour objectif le recrutement à terme, par des concours nationaux, des enseignants sur la base d'un master.
Mandat 3 : développer la recherche en éducation
Afin de favoriser l'articulation entre enseignement et recherche pour la formation des enseignants, le SNESUP demande :
- des moyens nécessaires pour articuler enseignement et recherche en IUFM ;
- l'ouverture de concours réservés permettant le recrutement comme enseignants chercheurs des formateurs docteurs qualifiés ; ce vivier permettrait d'augmenter le nombre d'enseignants chercheurs dans les IUFM qui n'en ont pas été suffisamment pourvus ;
- la qualification par la recherche des formateurs de terrain (conseillers pédagogiques, PEIMF) ;
- le renforcement d'équipes pluri-catégorielles de formateurs construites sur un principe qui pourrait être le suivant : tuteurs, conseillers pédagogiques, PEIMF seraient recrutés (avec 5 ans minimum d'exercice du métier) après obtention d'un master formation de formateur ; ils pourraient ensuite postuler pour un poste à temps plein en IUFM et bénéficier d'un service intégrant la préparation d'une thèse ; une décharge destinée à cette préparation leur serait alors garantie. Avec ce système, la formation des enseignants serait alors pleinement en prise avec la recherche et l'université puisque chaque formateur serait titulaire d'une qualification universitaire.
Le SNESUP s'engage par ailleurs à être à l'initiative d'une journée de réflexion consacrée à la recherche en éducation. Cette journée sera construite dans le cadre d'un partenariat largement ouvert.
Mandat 4 : abrogation du cahier des charges des formations
Le SNESUP demande la suppression du cahier des charges des formations (abrogation de l'arrêté de décembre 2006) dans la perspective d'une négociation ouvrant sur la définition d'une formation à la fois plus professionnelle et plus universitaire, réellement adossée à la recherche.
Mandat 5 : formation syndicale
Le SNESUP s'engage à mettre en œuvre des sessions de formation syndicale.
Appel lancé le 24 juin 2008
Pour une formation des enseignants de haut niveau dans des IUFM rénovés
Les initiateurs de l'appel sont Yves Jean, professeur à l'université de Poitiers, Michelle Lauton, maître de conférences à Paris-Sud (Paris-XI), Philippe Meirieu, professeur à l'université Lumière (Lyon-II), François Poirier, professeur à l'université Paris-Nord (Paris-XIII), Claire Pontais, enseignante à l'IUFM de Basse-Normandie (université de Caen) et Maeliss Rousseau, stagiaire en deuxième année à l'IUFM de Lyon (université Claude-Bernard, Lyon-I).
Le recrutement et la formation des professeurs et cadres éducatifs sont des questions qui engagent l'avenir de notre Ecole et de la société toute entière. Elles ne peuvent être traitées à coups d'annonces dans la presse, sans concertation avec tous les acteurs du système éducatif. Elles ne peuvent être régies par une logique politicienne ou comptable. Elles ne peuvent être traitées comme des questions purement techniques.
Enseigner est une profession à haute responsabilité qui doit bénéficier d'une reconnaissance sociale et salariale à la hauteur des enjeux éducatifs de la modernité. C'est un métier complexe qui nécessite la mise en œuvre de compétences de haut-niveau dans différents domaines (scientifique, didactique, pédagogique, éducatif, institutionnel, éthique..). C'est un travail d'expert que chacun s'accorde aujourd'hui à reconnaître comme de plus en plus exigeant. Ainsi la formation des enseignants doit prendre en compte l'ensemble des apports possibles tout en étant irriguée par la recherche.
Le compagnonnage auprès d'enseignants expérimentés peut constituer un de ces apports mais ne peut, en aucun cas, se suffire à lui-même. La formation exige, au contraire, un véritable travail en alternance, permettant d'articuler modèles théoriques et prises de décisions pratiques. Cette alternance doit être organisée, tout au long du cursus universitaire, en lien avec des équipes d'établissements et des équipes de formateurs (enseignants chercheurs, enseignants, maîtres formateurs...). Faute d'une organisation rigoureuse de cette alternance et sans une institution dédiée à la formation et clairement identifiée comme telle, cette dernière deviendra très vite un processus aléatoire générateur de différences et d'inégalités dont les élèves feront inévitablement les frais.
Enfin, l'Ecole doit être en phase avec la société. Pour cela l'ensemble des couches sociales doivent avoir accès aux recrutements des enseignants que seuls des aides et des pré-recrutements peuvent garantir.
La formation doit donc être considérée comme un investissement et non un coût !
Le processus de « mastérisation » annoncé doit se traduire par une élévation du niveau de qualification et non l'inverse ! Il ne doit pas être un prétexte pour dégrader les contenus de formation et les conditions d'étude, supprimer les concours de recrutement ou balayer d'un revers de main les expériences accumulées depuis 15 ans dans les IUFM. Il ne peut être question, non plus, de recréer, à cette occasion, des clivages obsolètes et dangereux pour l'avenir de notre école, entre premier et second degrés, entre professeurs des lycées et collèges et professeurs des lycées professionnels, entre enseignants et conseillers principaux d'éducation, etc.
Les IUFM, récemment intégrés aux universités, doivent avoir les moyens d'élaborer des masters, préparer aux concours de recrutement et d'améliorer la formation en relation étroite avec les autres composantes des universités (intégratrices ou non) ainsi qu'avec les partenaires de l'Education Nationale (maîtres formateurs, établissements, inspecteurs...). Supprimer cette structure, la diluer dans l'ensemble de l'Université ou l'étrangler faute de moyens fléchés serait une remise en cause de la spécificité et de l'efficacité de la formation des enseignants. Pour autant, il n'est pas question d'en rester au statu quo : la formation des enseignants doit encore être améliorée, tant sur le plan académique que sur le plan professionnel, tant dans le domaine de l'articulation avec la recherche que dans celui de l'implication des enseignants, des étudiants et des stagiaires dans leur parcours de formation.
Les signataires s'opposeront à toute réforme qui aboutirait au démantèlement de la formation et des statuts des enseignants et des IUFM. Ils demandent une réelle concertation avec des Etats généraux de la formation.
Position du Snesup - 17 octobre 2008
Congrès avril 2009 - SNESUP
Masterisation de la formation des enseignants
Dix grands principes pour la formation des enseignants
Préalables
Le Snesup-FSU réaffirme sa condamnation du projet et exige le retrait du projet de réforme de la formation des enseignants.
Nous demandons :
- un bilan contradictoire de la formation actuelle incluant tous les acteurs
- l'ouverture d'un calendrier pour la réflexion sur le champ des possibles qui ne se situera pas dans le cadre de réflexion imposé.
Notre cadre général de réflexion est le suivant : Quels enseignants souhaitons nous former ? Quelles connaissances et quelles compétences doivent-ils avoir ?
Dix grands principes
- 1. Un recrutement par un concours national pour l'égalité de la qualité des enseignants sur tout le territoire. Les contenus de concours, fixés nationalement, doivent être débattus, les organisations représentatives doivent y contribuer. Nous exigeons des postes statutaires correspond aux besoins , inscrits dans un plan pluriannuel (5 ans) et le maintien du couplage concours/postes/statuts . Nous refusons un système instaurant la précarité (reçus/collés).
- 2. L'élévation du niveau de qualification et l'amélioration de la formation professionnelle sont indispensables pour la démocratisation de l'école. Il faut une reconnaissance par un master du niveau de formation.
- 3. Une année de stage rémunérée post concours (statut de fonctionnaire stagiaire) en alternance et sans détérioration des conditions actuelles.
- 4. La construction progressive de la professionnalisation de la licence jusqu'en T1 ou T2, la mise en place d'une véritable formation continue. Une formation en alternance permettant de faire des aller retour entre théorie et pratique et de développer une posture réflexive.
- 5. La mise en place d'un prérecrutement, d'aides, d'allocations aux étudiants pour maintenir un recrutement de qualité et socialement divers.
- 6. Une formation liée à la recherche (par et avec la recherche) et le développement de la recherche en éducation .
- 7. Il faut former à un métier de la fonction publique d'État. La qualification acquise doit être reconnue à bac +5 en terme de revalorisation de la grille indiciaire de la fonction publique.
- 8. Une formation inscrite dans des écoles de formation des enseignants, IUFM rénovés. Construire une égalité territoriale d'accès aux préparations des métiers de l'enseignement pour tous les étudiants sur le territoire national. Maintenir des équipes pluricatégorielles.
- 9. 1er et second degré partagent des objectifs de formation et des lieux de formation.
- 10. Penser en lien formation disciplinaire et professionnelle, construire les formations à partir des questions professionnelles. Cette formation doit prendre en compte les évolutions scientifiques disciplinaires et didactiques, les évolutions de l'école.
Points en débat sur lesquels il faudrait faire un travail d'approfondissement
- Sur la préprofessionnalisation en L, à quel moment , quel contenus, place des stages, contenus, encadrement
- Quelle formation construire pour les enseignants de lycées professionnels ?
- Articulation concours master possible ou non, place de la recherche, type de recherche
- Renforcer les SHS, quand, comment, contenus
- Travailler la question de la formation par comparaison avec celles d'autres professions comme les médecins, sans pour autant oublier la spécificité du métier et de fonctionnaire
- Un ou deux concours, faut-il conserver l'agrégation ?
- Master et VAE pour les formateurs
- Si admission à bac + 5, admissibilité à quel moment ?
Contribution du collectif FDE aux débats - 7 juillet 2009
Les grands principes que nous défendons:
- - amélioration de la formation dans ses différentes dimensions (compétence académique et maîtrise des contenus, culture professionnelle, compétences professionnelles, dispositions intellectuelles de recherche et d'évolution...)
- - égalité territoriale dans la formation des enseignants
- - pas d'utilisation des stagiaires comme moyen de remplacement, pas de stage en responsabilité tant que l'enseignant en formation n'a pas le statut de fonctionnaire stagiaire
- - pas de décrochage entre 1° et 2° degré,
- - adossement à la recherche (recherche académique sur les savoirs disciplinaires ou transversaux, recherche sur les pratiques professionnelles et les situations d'apprentissage), avec adossement à un laboratoire. Même principe pour le 1° et le 2° degré, tout en tenant compte des différences selon les disciplines ou les contextes d'enseignement.
- - préparation à la réalité du métier dans toutes ses dimensions, intégrée dans la cohérence de la formation ; construction progressive depuis la licence ;
- - dépasser le fossé entre disciplinaire (associé aux savoirs universitaires) et professionnel (associé au pratique), et prendre en compte la diversité des : la compétence professionnelle intégrant les connaissances disciplinaires pertinentes et la réflexion sur ces connaissances
- - équipes pluri-catégorielles
- - les master doivent comporter dans leur principe des passerelles avec d'autres formations
Principes |
Pistes d'opérationnalisation |
Egalité territoriale dans la formation des enseignants | Cadrage national Organisation interuniversitaire dans chaque académie ; offre de proximité dans les universités à faible effectif (mandat de défense des petits centres) |
Amélioration de la formation dans toutes ses dimensions | Formation des enseignants au niveau de la mention ou de la spécialité dans les master ; refus de simples parcours (nécessaire pour la reconnaissance européenne) Il ne suffit pas de garder les choses en l'état : il faut construire de véritables formations professionnelles universitaires, intégrées et progressives, articulant les différentes dimensions dès l'année de M1. |
Pas de décrochage entre 1° et 2° degré, tout en tenant compte des spécificités (disciplines, 1° et 2° degré) : | Fourchettes horaires fixées et en partie communes (fourchette globale pour le master, fourchettes internes : part des différents éléments ) ; le lien avec la recherche et un mémoire dans les deux cas |
Préparation à la réalité du métier dans toutes ses dimensions, intégrée dans la cohérence de la formation ; | Les masters doivent penser dès l'année de M1 la maîtrise des connaissances nécessaires à l'enseignement en relation forte avec la dimensions de professionnalisation et la connaissance des réalités de l'enseignement : -savoirs académiques disciplinaires pertinents pour les enseignements disciplinaires et réflexion épistémologique sur ces savoirs,
Ces savoirs doivent pouvoir être mis en relation avec l'observation, puis la mise en de situations d'enseignement et d'apprentissage préparées et analysées, donnant lieu à des approfondissements théoriques pertinents pour l'enseignement et à un retour réflexif sur les activités menées. Les stages ne peuvent se réduire à une simple sensibilisation ou une imprégnation pratique |
Construction progressive depuis la licence : | Conception de parcours harmonisés si possible au niveau académique, centrés sur une progressivité dans la découverte du métier et la construction des compétences, en évitant la juxtaposition de stages et d'enseignements académiques. |
Équipes pluricatégorielles | Construire des projets de formation intégrés permettant des modes de travail et des perspectives complémentaires sur les mêmes contenus, et la coopération de formateurs ayant des compétences et des expériences différentes : universitaires, professeurs de terrain et autres professionnels (co-encadrement des stages et des TD) Cela suppose la reconnaissance des maîtres formateurs et formateurs associés, une véritable formation des maîtres de stages et la facilitation des poursuites d'études en M2 (par la VAE et l'exonération des frais d'inscription) |
Adossement à la recherche (recherche académique sur les savoirs disciplinaires ou transversaux, recherche sur les pratiques professionnelles et les situations d'apprentissage), | Il faudra inventer un type de mémoire de recherche pertinent pour cette formation (mémoires mixtes à deux volets : recherche discipline et recherche enseignement, ou deux mémoires différents (mathématiques) Consensus sur le mémoire : doit tenir dans les deux ans et faire partie des épreuves d'admissibilité |
Pas d'utilisation des stagiaires comme moyen de remplacement, pas de stage en responsabilité tant que l'enseignant en formation n'a pas le statut de fonctionnaire stagiaire | Les stages de différents types doivent être intégrés au parcours de formation, de façon progressive en fonction d'objectifs de construction des compétences professionnelles. Ils doivent être préparés, accompagnés et analysés par les différentes catégories de formateurs |
Les master doivent comporter dans leur principe des passerelles | Construire des relations avec d'autres masters pour pouvoir accueillir des étudiants à des différents moments de la formation (tenir compte des parcours différents d'étudiants qui ne seront pas passés par l'intégralité de la formation), ou permettre la réorientation vers d'autres formations |
Lettre de la formation des enseignants n°1 - septembre 2009 (collectif FDE Snesup)
SE BATTRE SUR DE NOUVEAUX FRONTS
Après une année universitaire au cours de laquelle nous nous sommes battus sans relâche pour défendre la formation des enseignants, nous allons continuer ce combat mais il va se dérouler sur de nouveaux fronts, à la fois sur le plan national et sur le plan local.
L'année 2008-2009 a été marquée par une mobilisation sans précédent des formateurs, enseignants, chercheurs, enseignants-chercheurs, biatoss et étudiants qui se sont résolument engagés pour défendre l'enseignement supérieur, la recherche et la formation des enseignants. Nous avons fait front commun contre toutes les attaques visant à déstructurer le service public par une grêle de mesures destinées à l'affaiblir : réformes affectant l'organisation de l'université, les services et les carrières des personnels, le recrutement des enseignants, leur formation, et donc plus largement l'école et la fonction publique dans leur ensemble. Mais si nous avons su nous montrer solidaires, déterminés et inventifs, nous n'avons pas été en mesure de manifester suffisamment d'unité dans les propositions alternatives. Cela tient au fait que ces questions sont très complexes, et que selon le lieu où l'on se situe pour les traiter - IUFM, UFR, établissements scolaires - on ne met pas nécessairement l'accent sur les mêmes points. Pour cette raison un tel dossier aurait dû être traité de façon concertée et éclairée, et non pas avec la précipitation et l'impéritie qui ont caractérisé la méthode employée par nos ministères soucieux avant tout de trouver des solutions permettant à l'État de se désengager au plus vite de ses responsabilités et de ses charges.
L'été 2009, quant à lui, a vu se dérouler quasi simultanément deux processus antagonistes : un dispositif de consultation - avec des hauts et des bas - et le passage en force de mesure prises au cours de la même période, comme si la consultation se déroulait sur une autre planète et ne concernait en rien le contenu des décrets et arrêtés préparés ou publiés pendant ce temps.
Il nous faut donc aujourd'hui faire le point sur la situation et nous organiser pour être en mesure de défendre avec efficacité la formation des enseignants dans le contexte actuel.
Où en sommes-nous au terme de l'été 2009 ?
• De la commission Marois-Filâtre aux commissions Marois et Filâtre
Au cours de l'été, la commission co-présidée par le Recteur William Marois et le Président d'université Daniel Filâtre, mise en place par les ministères de l'éducation et de l'enseignement supérieur et de la recherche, s'est vite trouvée court-circuitée par le Ministère de l'éducation nationale lui-même qui n'a pas hésité à faire connaître son intention de publier des décrets sur la formation et le recrutement des enseignants élaborés avant même la tenue de cette commission chargée de lui transmettre des préconisations..
Il en est résulté une scission de cette commission unique, avec d'un côté une commission Marois disposée à orienter ses conclusions de façon à ce qu'elles soient en parfaite concordance avec les décisions annoncées par le MEN, et de l'autre une commission Filâtre qui a procédé à des auditions et des consultations plus larges. Ces deux commissions ont rendu leur rapport le 21 juillet.
Sans surprise, le rapport Marois reprend les propositions gouvernementales : il se préoccupe principalement des stages et se prononce en faveur d'une admissibilité en début de M2.
De son côté le rapport Filâtre comporte des propositions sur lesquelles nous pouvons nous appuyer. Ainsi il préconise que soit défini un référentiel de formation pouvant servir de base à un cadrage national, tout en signalant que les spécificités et les contraintes des différents champs disciplinaires et des différents métiers de l'enseignement doivent être reconnues. Il s'intéresse avec pragmatisme aux épreuves de concours dont il souhaite l'évolution de façon à éviter les redondances entre master et concours, ce qui revient à accentuer la dimension professionnelle du concours. Il estime en effet qu'il faudrait imposer des épreuves composites (c'est-à-dire relevant de plusieurs blocs de compétences du référentiel de formation), que les épreuves traditionnelles devraient être repensées pour éviter que le concours ne contrôle que des acquis déjà vérifiés dans le cadre de la formation de master et qu'une ou plusieurs épreuves du concours s'appuient sur un travail personnel réalisé lors du master. Le rapport Filâtre examine également toutes les combinaisons possibles de calendrier pour les épreuves d'admission et d'admissibilité défendues par les différentes parties prenantes dans le débat et, considérant que la solution la plus satisfaisante (l'admissibilité se situerait en fin de M1, ce qui permettrait de concilier l'organisation de la formation sur deux ans et la gestion des flux étudiants) est exclue par les décrets, il propose que l'admissibilité et l'admission aient lieu en fin de M2, ce qui permet de mettre en place une formation intégrée, à condition que soit pensée finement l'articulation concours / master. Notons toutefois que cette solution ne résout pas le problème de la gestion des flux. En ce qui concerne les stages, le rapport Filâtre insiste sur le fait que ceux-ci doivent être pleinement intégrées dans le dispositif de formation, c'est-à-dire encadrés et accompagnés, et rémunérés selon les principes réglementaires. Le rapport Filâtre insiste également sur les liens nécessaires entre la recherche et le master, et plus généralement entre la recherche et l'enseignement à différents moments de la carrière des enseignants.
Si les IUFM sont bien mentionnés dans chacun des deux rapports, ils ne sont toutefois pas identifiés comme étant la structure spécifiquement dédiée à la formation des enseignants.
Un certain nombre des points du rapport Filâtre n'auraient pu y figurer sans les réflexions menées au cours des différentes AG qui ont émaillé le mouvement de l'année dernière.
• Des décrets qui ne tiennent guère compte de l'avis des intéressés
Alors que le rapport Marois et le rapport Filâtre, quoique n'ayant pas la même appréciation sur la place du concours, recommandaient l'un et l'autre une concertation avec tous les acteurs concernés, les décrets sur la formation et le recrutement des enseignants ont été publiés quasiment en l'état le 28 juillet, soit à peine 8 jours après la publication des rapports (JO du 29 juillet). Tous les syndicats ont unanimement dénoncé ce double langage.
Toujours au cours de l'été, le 31 juillet, était publié un référentiel national d'équivalence horaire des tâches des enseignants-chercheurs qui tient compte de l'évolution effective des missions assurées à l'université mais laisse ouverte la possibilité de disparités importantes en fonction des rapports de force locaux.
• Des propositions émergentes qu'il faudra faire évoluer et défendre
Bien des positions que nous avons défendues ont été écrasées par les différentes mesures qui se sont abattues sur l'éducation nationale et l'enseignement supérieur, les ministères ayant utilisé tout l'arsenal légal à leur disposition : la place du concours en M2 est actée, l'année de formation en alternance rémunérée a été mise à mal, le processus de suppression de 50 000 postes en 3 ans est largement enclenché... Mais nous avons réussi à marquer quelques avancées, non seulement en amenant le MEN à infléchir ses projets initiaux, mais aussi en convainquant la communauté universitaire de certaines spécificités de la formation des enseignants qu'il importe de préserver ou de défendre, et cela a été une des tâches importante du collectif Formation des enseignants du SNESUP :
- - L'idée d'une formation intégrée comportant une dimension professionnelle a fini par s'imposer : la reconnaissance de la nécessité de stages en est le signe marquant. Toutefois, la conception des stages dans le plan ministériel, avec en particulier l'utilisation des stagiaires comme moyens de remplacement, et la confusion commune entre stage et formation professionnelle - comme si cette dernière se réduisait à l'expérience sur le terrain - nous montrent qu'il faut nous mobiliser pour trouver et imposer les formes que doit prendre la formation des enseignants dans le contexte universitaire et professionnel actuel.
- - La nécessité d'une entrée progressive dans le métier est désormais reconnue si bien que le ministère, qui a tout tenté pour que l'année post-concours soit une année d'exercice professionnel à temps plein, a été amené à concéder que cette année devrait comporter désormais un temps de formation « pouvant relever en partie de l'université ». Il nous faudra donc, en tant que composante universitaire, nous emparer de ce dossier et développer ce secteur pour lequel les formateurs d'IUFM ont l'expérience appropriée et viser à imposer une place importante et obligatoire aux composantes universitaires de formation des enseignants. Il nous faudra encore lutter pour que le temps de formation soit plus important.
- - La situation des étudiants connaît un début de prise en considération par les ministères : il n'est plus possible de fermer les yeux sur les conséquences sociales de l'allongement des études pour devenir enseignant et de continuer à feindre d'ignorer que la plupart des étudiants ne pourront satisfaire l'ensemble des conditions leur permettant d'être recrutés car il leur faudra réussir à la fois le master, les épreuves d'admissibilité, les épreuves d'admission, et valider l'année post-concours. Des bourses ont été obtenues, et le rapport Filâtre insiste sur la nécessité de les développer. Les positions que nous avons défendues, en faveur de prérecrutements, demeurent d'actualité.
- - La nécessité de préserver le potentiel de formation que constituent les IUFM est désormais reconnue. C'est là une conséquence positive de la grande crise qui, en secouant le monde universitaire, a aussi montré que la solidarité entre les composantes universitaires était indispensable, au moins sur le plan fonctionnel. Une piste de réflexion est apparue : les IUFM pourraient évoluer vers des structures interuniversitaires, et nous aurons donc à faire avancer ce dossier à la fois sur le plan national et sur le plan local.
Des chantiers et des combats dans lesquels nous nous engageons
La publication des décrets fait qu'un certain nombre de décisions ont été actées, en particulier la place du concours. Mais, en prenant appui sur les acquis - tangibles ou symboliques - issus des combats que nous avons menés et en construisant des rapports de force favorables, nous sommes en mesure d'obtenir des avancées sur des points décisifs pour lesquels tout n'est pas joué.
Il se dessine actuellement quatre axes sur lesquels nous allons nous mobiliser. Selon les cas la lutte se situera davantage sur le plan local afin d'infléchir un contexte jusque là défavorable, ou davantage sur le plan national afin d'obtenir un cadrage satisfaisant. Nous avons également à faire face à des dossiers qui demandent un traitement urgent et à d'autres qui exigent un travail de plus longue haleine pour traiter les questions de fond.
Nous incitons les collègues à mettre en place localement des instances de réflexion lors de la journée du 15 septembre afin d'étudier collectivement les dossiers sur lesquels nous serons appelés à nous mobiliser.
1. SE MOBILISER sur les urgences liees à la transition
Beaucoup de luttes sont à mener dès la rentrée sur le plan local afin de peser sur des décisions urgentes.
• Organiser l'année transitoire
Le cadre de l'année transitoire est défini par les décrets de juillet et par la circulaire de la DGSIP du 5 juin. Mais les situations locales sont très différentes d'une académie à l'autre. Il faut se mobiliser localement afin de faire prévaloir des mesures ou des solutions qui ont été mises en place dans certaines académies et qui sont plus favorables :
• Les inscriptions pour l'année 2009-2010
Alors qu'il avait d'abord été annoncé que les inscriptions en IUFM vaudraient inscriptions en Master, les textes parus durant l'été, qui ne reprenaient pas cet engagement, ont jeté le doute. Des conseils divergents ont alors été donnés aux étudiants qui se sont trouvés désemparés. Le Snesup a rencontré la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche le 7 septembre et demandé que soit rectifiée cette anomalie. C'est chose faite. Sur le site du ministère il est désormais noté : « durant l'année 2009-2010, année transitoire, l'inscription en IUFM, ou dans une autre composante universitaire offrant une préparation aux concours de l'enseignement est considérée comme équivalente à une inscription en 1ère année de master ». Cette équivalence permet l'inscription aux concours de l'enseignement.
Il faut donc faire connaître cette décision et insister pour que tous les étudiants préparant un concours d'enseignement soient inscrits à l'IUFM (à l'exception de ceux qui ne préparent que l'agrégation et qui sont donc inscrits uniquement à l'université). Ils peuvent être amenés à prendre une double inscription, par exemple dans le cas où l'IUFM a été intégré à une université de sciences humaines et que les étudiants préparent un CAPES scientifique. Dans ce cas, il convient que l'inscription principale soit prise à l'IUFM et que l'inscription secondaire soit prise en M1 à l'université, sans frais supplémentaires, une convention prévoyant éventuellement les modalités de reversement entre institutions.
Dans bien des cas il n'existe pas encore de M1 correspondant à la situation : les masters PE n'ont pas été mis en place ; les masters scientifiques existants ont peu de choses à voir avec ce que seront les masters préparant aux métiers de professeurs de SVT ou de physique-chimie ; il n'existe pas de masters de PLP... L'inscription pédagogique en M1 à l'université doit alors être étudiée au cas par cas : il serait déraisonnable d'inciter les étudiants préparant ces concours à s'inscrire dans des M1 déjà existants mais qui ne conviennent pas car cela les obligerait à mener un double cursus en préparant à la fois un concours et un master sans lien avec le concours et il y a de fortes chances qu'ils échouent au moins à l'un des deux. En revanche, il convient de définir des modalités de validation appropriées pour permettre à ces étudiants d'obtenir les crédits ECTS des M1 qui se mettront en place et qui seront exigés d'eux.
• Les dispositions de validation pour 2009-2010
La circulaire DGESIP du 5 juin 2009 stipule que les étudiants inscrits dans une préparation aux concours, - organisée par un IUFM ou des UFR ou en première année de master, - et admis aux concours 2010 se verront octroyer « la validation des 60 crédits ECTS correspondant à une première année de Master ».
Pour les étudiants qui auront préparé un concours, s'y seront présenté, mais auront échoué, il convient de prendre des mesures d'urgence pour leur permettre de postuler pour une validation de tout ou partie d'un master 1 mention ou spécialité ou parcours « Métiers de l'enseignement ».
Il convient donc de définir :
- - d'une part la nature des éléments qui seront pris en compte pour la validation (par exemple : les résultats aux concours (relevé de notes) ; l'appréciation des travaux menés au cours de l'année selon des modalités et des critères explicites définis en début par les équipes pédagogiques; l'assiduité à l'année de préparation dans les UFR et à l'IUFM (avec certificat du ou des responsables de la préparation) ; éventuellement, comme éléments d'appréciation : les résultats de L3 (notes des S5 et S6), la validation d'UE et mémoire dans le cadre de la préparation d'un master 1, la participation à des stages dans des établissements d'enseignement dans le cadre du cursus universitaire... )
- - d'autre part, la composition des commissions ad hoc qui auront à examiner les dossier des candidats et à se prononcer sur la validation des ECTS. Il convient d'être très vigilant sur la composition de cette commission de façon à ce que l'institut de formation soit représenté. Ces commissions pourraient comprendre le directeur de l'IUFM ou son représentant, les directeurs des UFR ou département concernés, les responsables de préparation à ces formations à l'IUFM, le vice président du CEVU de l'université. Pour les PE, les PLP et les CPE, la commission pourrait comporter un ou des représentants des formations spécifiques à ces secteurs dans l'IUFM.
Dans le cas des étudiants déjà titulaires d'un M1, la circulaire du 5 juin 2009 invite les universités à envisager une validation partielle ou totale de M2 pour les étudiants présents aux épreuves du concours et inscrits pédagogiquement dans une composante (IUFM ou UFR) de l'université. Ces étudiants représentent une proportion relativement importante des préparationnaires, et il faut donc prévoir leur cas en définissant, comme pour la validation du M1, les éléments à prendre en compte (éventuellement la validation d'UE et le mémoire pourraient faire partie du dossier des étudiants) et la composition de la commission ad hoc. Comme pour le M1, l'IUFM doit être représenté, sauf pour la préparation à l'agrégation qui relève de la seule université.
• Les stages des étudiants en 2009-2010
Tous les plans de formation des IUFM comportent des stages auxquels sont affectées différentes modalités et différentes fonctions selon le moment du cursus où ils se situent.
Pour cette année, alors que les plans de formation sont encore en vigueur et que les modalités des concours sont conservées, le ministère de l'éducation nationale tente d'imposer des stages en responsabilité rémunérés de 108h dès la première année de préparation aux concours, sous prétexte de formation professionnelle et d'aide financière aux étudiants (BOEN du 27 août). De fait cette mesure poursuit plusieurs visées moins pures : le ministère veut se prémunir face aux critiques qui s'élèvent contre le fait que les lauréats des concours se verront attribuer en responsabilité dès la rentrée 2010 un très lourd service d'enseignement en pleine responsabilité sans y avoir été préparés ; et il veut aussi profiter des moyens d'enseignement que présentent ces étudiants. On tâche de séduire les étudiants par la rémunération et leur disant que ces stages leur permettraient d'acquérir une expérience qui leur serait utile pour réussir le concours. Or s'il est vrai que les étudiants ont réellement besoin d'une aide financière, en revanche les arguments ne manquent pas pour montrer que ce type de stage bricolé ne peut que leur porter préjudice : les concours actuels ne valorisent pas ce type d'expérience ; bien au contraire, quitter la préparation à un concours pendant une longue période n'est pas raisonnable, sauf si l'on est doublant ou triplant ; non encadré et non préparé un stage en pleine responsabilité ne peut être qu'une expérience de survie et d'improvisation en milieu scolaire et non un moment de formation ou d'autoformation réfléchie ; les plans de formation présentent une cohérence et une progressivité qui ont été pensées, et la survenue d'un stage qui ne s'intègre pas à ces dispositifs de formation n'est donc rien de plus qu'un déchiquetage de ces plans de formation.
La pression effectuée par les rectorats pour que s'effectuent ces stages et l'attitude des présidents et directeurs d'IUFM sont variables selon les académies. Il est probable que dans le cas où les IUFM refusent de sacrifier leur plan de formation, les rectorats publieront sur leurs sites des annonces appelant les étudiants à effectuer ce qui sera alors appelé stage, et qui, dans d'autres circonstances aurait été appelé vacation.
Lors de la rencontre du SNESUP le 7 septembre avec la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, celle-ci a reconnu le bien fondé de nos arguments Elle s'est prononcée pour que les stages prévus dans les plans de formation à l'intention des étudiants inscrits à l'IUFM et préparant un futur M1 soient considérés comme suffisants, et qu'il ne convienne donc pas de leur imposer les 108h de stage envisagés hors de ce cadre
Sur le plan national, nous nous battrons pour obtenir un cadrage des stages à venir quant à leurs fonctions dans la formation, leur durée, la détermination des périodes, et leur encadrement.
Sur le plan local il faut se mobiliser pour obtenir localement que les seuls stages mis en œuvre et évalués soient ceux prévus dans les plans de formation
• Préparer l'année 2010-2011
Sur le plan national : on peut encore, et il faut lutter pour obtenir une évolution des proportions entre formation et service en établissement lors de la première année de prise de fonction (un tiers de formation étant nettement insuffisant). Cela suppose une convergence avec les syndicats du 1° et du 2° degré. La journée FSU du 7 novembre (date prévisionnelle) sera consacrée à un travail en commun avec ces collègues.
Sur le plan local, il faut négocier avec les rectorats et les universités ce que peut être la formation accompagnant les professeurs stagiaires lauréats de concours de 2010, ainsi que les stages des étudiants préparant le professorat. Il faudra définir une articulation véritable entre les différentes interventions et moments de formation, avec un vrai projet de formation.
2. SE MOBILISER POUR DÉFINIR LA FORMATION
Il est nécessaire dans un premier temps de participer au travail sur les maquettes pour sauvegarder la dimension professionnelle et la place de la recherche en éducation, et veiller à ce que la formation proposée soit bien une formation intégrant toutes les dimensions nécessaires à la préparation à l'enseignement. Ce qui ne préjuge pas des différentes actions à venir en fonction de l'évolution de la situation.
• Les points initiaux à défendre
Sur deux points nous devons être particulièrement vigilants :
- - les masters à venir devront être définis au niveau de la mention ou de la spécialité et non pas au niveau du parcours (cette position a été adoptée par le CA du SNESUP) : en effet, le parcours relève davantage des initiatives locales et est donc moins cadré, moins régulé ; il peut n'être qu'une variante d'un master ayant une autre vocation. La mention a l'avantage de figurer sur le diplôme et d'offrir ainsi une garantie plus intéressante pour l'étudiant qui a obtenu son master.
- - nous devrons peser pour obtenir que le volume de formation en master soit au moins équivalent au volume actuel de la formation en IUFM. En effet, les volumes actuels des masters sont très disparates : les masters professionnels ont des horaires très lourds, tandis que les masters recherche en lettres et sciences humaines ont au contraire des horaires très réduits car une partie importante du travail de l'étudiant est consacrée à la préparation et a la rédaction du mémoire. Il faut prendre garde à ce qu'on ne tente pas d'aligner les horaires des masters menant aux professions de l'enseignement sur ceux des masters les moins-disants.
• Le calendrier d'élaboration des masters
Un calendrier officiel d'élaboration des maquettes a été prévu :
- - les groupes de travail (PE, agrégation, second degré, professionnel ) mis en place par les deux ministères devront rendre leurs conclusions en novembre. Elles ont été constituées et ne comportent pas de représentation syndicale
- - le cadrage des masters sera communiqué en décembre (passage au CNESER)
- - les maquettes seront confectionnées de janvier à mars
- - les maquettes seront déposées mi-avril directement au ministère (sans passage par l'AERES).
Ce calendrier ne va pas sans poser de problèmes : plus le cadrage sur les concours sera publié tard, moins il y aura de temps pour la conception des maquettes ; plus on commencera tôt le travail sur les maquettes, moins la réflexion sur le cadrage des concours sera approfondie.
Le SNESUP estime qu'il faut environ deux ans pour élaborer une maquette de master qui tienne la route, surtout s'il doit y avoir des conventions entre universités... il nous est proposé de faire cela en quelques mois...
• Poursuivre le travail de réflexion sur les masters et les concours
Il est nécessaire de poursuivre le travail avec les autres syndicats de la FSU pour élaborer ensemble des propositions. Il faut en particulier travailler sur les épreuves des concours avec les collègues des syndicats de la FSU directement concernés. Dans cette perspective, une journée FSU « DEFENDRE ET RENOVER LA FORMATION DES ENSEIGNANTS » est prévue le 7 novembre.
L'objectif est de se donner des outils, une culture commune, pour pouvoir peser sur les groupes de travail : à partir de documents préparatoires présentant des propositions, il s'agira de catégoriser les types de maquettes et de présenter des exemples avec les principes qui les ont guidés ; d'examiner des exemples de structures interuniversitaires régionales, permettant de réfléchir à ce que peuvent être des IUFM rénovés ; de réfléchir sur des exemples d'adossement à la recherche en éducation dans la formation d'enseignants
3.SE MOBILISER POUR DÉFENDRE L'AVENIR DES FORMATEURS ET DES SITES
L'évolution de la formation ne peut manquer d'avoir des conséquences sur les personnels et les établissements et les instances de formation. C'est pourquoi il nous faut rester plus que jamais mobilisés pour nous battre sur les dossiers suivants :
• La reconnaissance des tâches de formation, le statut des formateurs, la stabilisation des personnels non titulaires
Comme tous les fonctionnaires, les formateurs IUFM subiront les conséquences de la loi sur la mobilité, de la loi sur l'autonomie des universités qui accorde de larges pouvoirs aux présidents, et du référentiel national d'équivalence horaire des tâches des enseignants-chercheurs du 31 juillet. Outre cela, les spécificités des tâches liées à la formation sont méconnues et il nous faudra les faire reconnaître. Nous sommes partie prenante des combats que mène le SNESUP pour défendre les personnels
• Le fléchage des moyens
Il s'agit là d'un problème commun à d'autres composantes de l'université, notamment les IUT. Les moyens des IUFM n'étant plus fléchés, et ne relevant plus que de « contrats d'objectifs et de moyens » comme le dit le ministre, rien ne garantit que dans le cadre de l'autonomie les universités leur accordent les moyens nécessaires pour remplir leurs missions, et sur le plan local la porte est ouverte aux concurrences. Le budget des IUFM va donc faire l'objet de batailles locales, qui doivent être menées dans une perspective de partenariat et non de concurrence.
Sur le plan national, il faut continuer à se battre pour obtenir un fléchage des moyens spécifiques de la formation. Ce combat est à mener en lien avec les IUT.
Sur le plan local, il faudra lutter pour obtenir une transparence budgétaire et se montrer vigilant quant à l'affectation des locaux et des personnels
• La place des formateurs du second degré et des maîtres-formateurs dans les masters
Cette question nous amènera notamment à intervenir sur le dossier de la VAE de façon à permettre aux formateurs d'en bénéficier, tout en étant exonérés des frais y afférant.
• Le maintien du maillage territorial
Il s'agit là d'un argument que nous aurons à faire valoir pour défendre les sites menacés.
4. SE MOBILISER POUR OBTENIR UNE AUGMENTATION DES POSTES AUX CONCOURS ET UN PLAN DE RECRUTEMENT
Face à la mise en place par le gouvernement d'une agence de remplacements pour les enseignants dès la rentrée, il nous nous battre pour obtenir une augmentation du nombre de postes aux concours, et un plan pluriannuel de recrutement, seuls moyens pour que la masterisation ne se traduise pas par le développement de personnels qualifiés non titulaires.
Cette mobilisation nationale est à mener de concert avec les autres syndicats de la FSU.
Cette année va être déterminante, tout n'est pas joué. Notre syndicat peut peser sur l'évolution de la situation, notamment en intervenant et en continuant à faire des propositions sur les contenus de formation, sur les concours, sur les parcours, sur l'organisation et les structures de formation, et plus généralement sur la formation et le recrutement des enseignants.
Le syndicat continuera à agir au niveau national auprès des autres syndicats de la FSU, des autres organisations syndicales, des différentes coordinations, et sur le plan institutionnel auprès des groupes d'experts et des différentes directions générales.
Cela ne peut s'appuyer que sur le travail qui sera mené localement au sein de chaque université, de chaque UFR, de chaque IUFM, notamment en développant les liens entre établissements et entre composantes pour favoriser une réponse cohérente au niveau de chaque académie. Toutefois si les luttes sont locales et constituent des réponses à des situations particulières, il faut garder à l'esprit que nous nous battons pour l'égalité territoriale de la formation des enseignants et que nous avons à contribuer à des choix nationaux. La loi LRU et la politique publique générale, la tendance de l'état à se défausser de ses responsabilités sur les collectivités territoriales et les établissements remettent en cause le service public d'éducation. L'investissement de tous est nécessaire pour contrer le gouvernement dans sa volonté de nous isoler.
Texte adopté par la CAN le 4/12/09
Masterisation de la formation des enseignants
Formation des enseignants : Arrêter le massacre !
Jamais attaque contre la formation des enseignants n'aura été aussi violente. C'est la formation de tous les jeunes qui est en cause. Dans leur exposé du 13 novembre aux organisations syndicales de personnels, en prétextant faire de la réorientation des candidats ayant échoué à l'admissibilité un objectif premier, les deux ministères ont donné le ton. C'est maintenant confirmé : les candidats en échec seront malheureusement nombreux ! Faute de postes, c'est la mort annoncée des concours de la fonction publique et l'extension de la précarité qui sont programmées.
- Inacceptables, prises en dehors de toute concertation avec les organisations syndicales, ces décisions condamnent la formation professionnelle des maîtres, les IUFM et font peser une menace lourde de disparition d'emplois.
- Inacceptables, ces décisions déstructurent l'ensemble de l'offre des masters existants.
La question ne se pose désormais plus de transmettre ou non les maquettes de formation. Alors que la lutte contre l'échec scolaire et les difficultés sociales grandissantes de nombreux élèves rend nécessaire l'amélioration de la formation des enseignants, il n'est même plus question de masters mais d'assemblages improvisés de parcours ou d'options dans des masters existants et de stages indignes.
Le SNESUP appelle la communauté universitaire
- à refuser la réforme du gouvernement,
- à faire de la journée de grève et de manifestations du 24 novembre « pour des créations d'emplois et l'amélioration des carrières, pour une autre réforme de la formation des enseignants », un moment fort pour nos revendications.
Il appelle les sections syndicales à initier des AG dans les établissements qui débattront de propositions d'action et à faire prendre position aux conseils d'universités. Il y a urgence !
Le SNESUP proposera une journée d'action en décembre à ses partenaires.
Pour sa part, il ne participera pas à une mascarade de concertation ministérielle et mettra ses forces dans la construction d'une opposition large de la communauté universitaire, notamment au CNESER de décembre.
L'étendue du front syndical uni qui s'est dressé face aux représentants du gouvernement est à la hauteur des atteintes contre l'école de la République. Le SNESUP s'adresse à toutes les forces progressistes du pays (syndicats, sociétés savantes, institutions, associations éducatives, fédérations de parents d'élèves, partis politiques...) pour mettre en échec cette entreprise de destruction sans précédent au détriment de la société tout entière.
Texte adopté par la CAN du 19 novembre à l'unanimité
Lettre de la FDE n° 5 décembre 2009 (collectif FDE Snesup)
On attend toujours un vrai texte de cadrage des masters menant aux métiers de l'enseignement
Un projet de circulaire de cadrage des masters menant aux métiers de l'enseignement a été communiqué le 8 décembre 2009 par le Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche.
À l'annonce de cette nouvelle, on pourrait se dire que notre demande insistante est enfin prise en compte. Mais c'est loin d'être le cas :
- - le projet de circulaire ne comporte pas de cadrage véritable
- - il définit non pas des masters menant spécifiquement aux métiers de l'enseignement mais des masters menant à toutes sortes de carrières, l'enseignement n'étant qu'une éventualité parmi d'autres qui restent extrêmement vagues.
Bref ces masters devraient être à la fois spécialisés et généralistes.
Si bien que les points positifs que comporte cette circulaire sont neutralisés par leur dilution dans un ensemble flou et les objectifs qu'elle fixe sont pulvérisés par des injonctions contradictoires.
Quelques intentions louables... mais qui en restent à de simples préconisations
Le projet de circulaire :
- - met en avant l'importance de la formation professionnelle, mais imagine que la préparation aux métiers de l'enseignement puisse miraculeusement se reconvertir en une préparation à n'importe autre métier
- - demande d'organiser des passerelles et des réorientations, mais feint d'ignorer que la place des épreuves d'admissibilité en cours de M2 empêche toute réorientation efficace
- - identifie la diversité des éléments de formation devant figurer dans les masters, mais en reste à une simple énumération, sans la moindre indication de répartition entre ces différents éléments, ce qui ouvre la voie à des opérationnalisations extrêmement divergentes et prive les étudiants de repères
- - rappelle que les futurs enseignants doivent acquérir des connaissances théoriques relatives à l'enseignement, mais ne signale que celles ayant traits aux aspects institutionnels, oubliant de mentionner les autres savoirs théoriques utiles dans l'appréhension du métier d'enseignant (épistémologie, didactique, sociologie, philosophie, psychologie...)
- - prône l'adossement à la recherche, mais ne fait nullement mention des recherches ayant trait spécifiquement à l'éducation et l'enseignement (épistémologie, didactique...)
- - mentionne la production d'un mémoire, mais n'en définit ni le statut, ni la place, ni le rapport avec les productions de recherche, ni les liens avec les autres composantes de la formation professionnelle
- - prône la coopération inter-établissements, mais n'envisage pas de politique nationale pouvant favoriser la mise en place de structures interuniversitaires dédiées à la formation des enseignants qui garantiraient l'égalité territoriale et oblitéreraient toute velléité de concurrence entre établissements.
- - reconnaît la nécessité d'équipes pédagogiques associant différentes catégories de formateurs, mais omet de mentionner les IUFM
- - insiste sur l'importance de la lisibilité des cursus, mais envisage la coexistence de toutes sortes d'architectures de masters, ce qui ne peut que semer le trouble
- - prévoit que la formation des enseignants s'inscrira dans un continuum mais ne dissipe aucune incertitude quant à la formation des professeurs stagiaires
- - envisage la poursuite d'étude et l'accès à des formations certifiantes pour les enseignants titulaires, mais en reste à des vœux pieux
Pas d'engagement pour mettre en œuvre ces intentions :
Le projet de circulaire de « cadrage » ne comporte aucune indication quantitative, aucune piste de répartition, il laisse juste percevoir que le semestre 3 risque d'être creux et le semestre 4 totalement surchargé, tant pour les étudiants admissibles que pour ceux qui devront en toute hâte chercher à se reconvertir.
Le projet de circulaire affirme se soucier que les étudiants acquièrent les savoirs et les savoir-faire dont ils auront besoin pour enseigner. Et il énumère les différentes dimensions de ces acquisitions nécessaires, mais en l'absence d'un cadrage véritable, qu'est-ce qui garantira que les dispositifs de formation permettront véritablement ces acquisitions ?
La multiplicité des formes de masters envisagés, la diversité des modalités d'évaluation prévues pour agréer ces masters, les formules précautionneuses et imprécises employées pour évoquer l'organisation et le contenu des masters, tout cela montre qu'on est bien loin d'un cadrage.
Trois contradictions internes qui invalident les propositions positives :
- • Le projet de circulaire fait comme si la question du concours était marginale. Or c'est là faire fi de son poids dans les préoccupations des étudiants et de son importance dans la détermination des contenus de formation : les enseignements dispensés dans les préparations aux concours sont calibrés par les exigences des concours.
- • Les contenus évoqués dans le début du projet de circulaire renvoient spécifiquement aux métiers de l'enseignement, mais la fin de ce même texte précise que les masters ne sont pas destinés à former des enseignants, et la finalité professionnelle se trouve diluée parmi quantités d'autres visées floues.
- • Le projet de circulaire préconise de mettre en place des stages et de recourir à une logique d'alternance, mais la date tardive des épreuves d'admissibilité rendra impossible la prévision et l'organisation des stages. Il faudra au dernier moment, une fois le nombre d'admissibles connu pour chaque concours, dans chaque académie, essayer de trouver, en toute hâte, des places de stage pour les admissibles et des lieux de stages ailleurs pour ceux qui apprendront qu'ils doivent se reconvertir à un autre métier.
N'oublions pas que la date tardive des épreuves d'admissibilité, qui va rendre chaotique tous les cursus de formation et mettre en péril l'avenir de générations d'étudiants, est uniquement destinée à faciliter la planification des services des Divisions des Examens et Concours qui, en raison de leur manque de personnel, souhaitent que les épreuves d'admissibilité se déroulent dans les deuxièmes semestres d'année civile.
Finalement, le projet de circulaire, après avoir rappelé avec justesse la double finalité des masters qui doivent à la fois s'articuler à la recherche et poursuivre une visée professionnelle, après avoir énuméré des composantes qui devraient participer de la formation des enseignants, en arrive à la négation même de l'idée de master : le master décrit par le projet de circulaire mène à tout (= à n'importe quel métier) et à rien (pour ceux qui apprendront au dernier moment qu'ils ne peuvent devenir enseignants). Et par son absence de cadrage, cette circulaire dite de cadrage met à mal l'égalité territoriale.
Lettre de la FDE avril 2010 (collectif FDE Snesup)
Une dérégulation programmée de la formation des enseignants
La formation des enseignants est livrée à la dérégulation. Du fait de la mastérisation, elle se trouve régie par une multitude de textes réglementaires de statuts institutionnels différents, qui paraissent au fur et à mesure de décisions non corrélées entre elles, et qui légifèrent sur des thèmes se recouvrant partiellement.
Tantôt rigides, tantôt flasques, constamment tiraillés par des contradictions internes, ces textes constituent une nébuleuse obscure au travers de laquelle chaque institution, chaque secteur, chaque groupe, chaque individu cherche sa voie. D'où un éclatement de la formation des enseignants qui se trouve ballotée entre des décisions locales et soumise à toutes sortes de pressions. Les rapports de force entre institutions universitaires s'exercent à plein. Et de leur côté, les inspections académiques et les rectorats mettent la main sur la formation post-concours, et s'ingèrent dans la formation initiale. En effet, par les décisions locales qu'ils prennent en matière de stage, ils imposent leurs contraintes sur l'organisation des masters - et par conséquent sur les structures pédagogiques et les contenus - comme si l'arbitrage des masters, qui constituent une formation préalable à l'embauche d'enseignants, était désormais dévolue au recruteur. Il y a là de facto une rupture du principe selon lequel la responsabilité de la formation et celle du recrutement doivent être confiées à des instances différentes, principe que le ministère n'a cesse de rappeler dans les discussions portant sur la composition des jurys de concours de professeurs des écoles et plus encore dans celles portant sur les prérecrutements.
Par ce tenace éclatement de la formation, ce sont les futurs enseignants eux-mêmes qu'on bouscule et prive de repères.
• D'une disparité des cursus de formation vers un risque d'éclatement des métiers d'enseignants
Alors que la loi d'orientation de 1989 s'était donné pour projet l'unification des cursus de formation et l'unification des carrières d'enseignants, la mastérisation fonce dans le sens inverse.
Pour juguler la difficulté que pose la nécessité de conjuguer dans un même cursus l'initiation à la recherche, la préparation au concours et la professionnalisation, on voit désormais apparaître des modes de résolution qui diffèrent d'un secteur à l'autre, et surtout d'un degré d'enseignement à l'autre. Ainsi, il est envisagé dans certains établissements de mettre en place pour certaines formations de professeurs du secondaire un cursus en trois ans au lieu des deux années de master prévues statutairement (piste explorée par le groupe de travail CPU-CDIUFM-CDUS) : il y aurait alors deux années de master consacrées à l'acquisition de savoirs disciplinaires, suivies d'une année dédiée à la formation professionnelle et à l'acquisition de savoirs professionnels. Or un tel schéma de formation générerait toutes sortes de disparités :
- - disparités dans les dispositifs puisque dans telle université, la troisième année s'effectuerait dans le cadre d'un Diplôme Universitaire (à la charge financière des étudiants), et dans telle autre université, elle s'effectuerait dans le cadre d'une formation complémentaire, bien entendu si l'université est assez riche pour s'offrir ce luxe ;
- - disparité dans les modalités de formation, puisque pour certains secteurs d'enseignement, le mode de formation successif, dissociant savoirs disciplinaires et savoirs professionnels, serait conforté ;
- - disparité au sein des étudiants se destinant au métier d'enseignant : s'il faut six ans pour devenir enseignant dans certains secteurs, la sélection sociale jouera à plein ! Le décrochage entre les secteurs d'enseignement - professeur des écoles, PLP, CPE, Capes - se mettrait alors en route...
• D'une disparité des structures de formation vers des inégalités dans la qualité de la formation
Certains textes réglementaires sont tellement composites qu'ils laissent ouvertes toutes les possibilités et ne permettent pas de sanctionner des choix locaux qui iraient contre les principes d'une formation véritablement professionnalisante.
Rien n'est dit dans le texte présenté au CNESER du 21 décembre sur la proportion des différents domaines intervenant dans la formation, et sur la définition du professionnel ; rien n'est dit sur le rôle et les responsabilités des différents partenaires ; rien n'est dit sur les interventions des différents catégories de personnel.
Rien n'est dit non plus sur la manière dont doivent se prendre les décisions de gestion des flux. D'où des politiques très différentes d'une académie à l'autre, avec les conséquences que cela entraine. En effet, la manière dont se règlent les questions relatives aux flux (admission, passage en M2) engagent non seulement les ressources en personnels de formation et la situation locale des masters universitaires, mais aussi les possibilités de stages en situation qui peuvent être proposées par les rectorats. Choix de gestion des flux, nombre de places en stage, existence ou non de personnels en surnombre ou déficit de postes tout cela est lié. Pour les étudiants, l'absence de cadrage en matière de gestion des flux a également une incidence directe : la diversité des modalités de sélection entre le master 1 et le master 2, l'attribution d'équivalences de M1 ou bien de dispense de M1 permettant aux candidats ayant échoué cette année de se représenter sont autant d'inégalités de traitement difficiles à accepter
Rien n'est dit dans les textes de cadrage sur le rôle des IUFM, ce qui fait que la place des IUFM dans les offres académiques dépend des relations locales, avec toutes les tensions que cela suppose. Et dans certaines académies, l'université intégratrice pourra garder pour elle les ressources et les compétences que lui procure l'IUFM, dans d'autres le PRES permettra une meilleure répartition, dans d'autres encore, ce sera au niveau d'accords locaux parcellaires que se règlera la question.
Enfin rien n'est dit sur le fléchage financier, alors que l'on sait les conséquences des politiques budgétaires sur la qualité de la formation...
• D'une disparité des structures de diplôme vers une illisibilité des diplômes
Du fait de l'absence d'un cadrage sur le type de formation, de la réflexion dans l'urgence sans calendrier précis connu à l'avance, les différents départements et les différentes composantes d'une université réagissent différemment, sans que puisse être menée la réflexion collective globale sur l'offre de formation.
En effet, la circulaire présentée au CNESER le 21 décembre, censée établir un cadrage des masters, est rédigée de telle façon que toutes les interprétations sont possibles non seulement sur l'architecture de l'offre de formation mais aussi sur le pilotage.
C'est pourquoi on assiste selon les lieux, pour un même niveau de qualification, à la mise en place d'une mention, d'une spécialité, d'un parcours, d'un D.U....
Selon la manière dont sont constitués les territoires, il se met en place des cohabilitations ou non. Ou bien des concurrences. Selon les rapports entre établissements, l'inscription principale se prendra dans telle université et l'inscription secondaire dans telle autre structure. Ou bien l'inverse. Ou bien il n'y aura qu'une seule inscription...
Quelle lisibilité auront les diplômes dans ces conditions ?
• D'une disparité dans les conditions d'entrée dans le métier vers des situations ingérables
La circulaire du 25 février donne des instructions qui réussissent le prodige d'être à la fois autoritaires et sans contour. La seule chose stable et sûre dans cette lettre de cadrage, c'est que les enseignants débutants connaîtront des situations difficiles.
La circulaire prévoit que les enseignants stagiaires du primaire seront nomadisés ; les professeurs des écoles débutants seront affectés sur des postes de brigade (titulaires remplaçants) d'abord dans une école jusqu'à la Toussaint puis sur une zone de remplacement. N'ayant pas en charge une classe précise, ils seront amenés à enseigner dans des niveaux différents, pour certains dès le début de leur prise de fonction, pour tous sitôt après la Toussaint. Cette disposition les fragilise à un moment de leur carrière où leur manque d'expérience rend ce nomadisme particulièrement difficile : la charge de travail sera très lourde pour des débutants car chaque cours est nouveau pour eux et exige d'eux une très longue préparation; et chaque changement de classe les obligera à s'adapter à un nouveau public et à conquérir une autorité précaire et vulnérable. Par ailleurs, dans la mesure où les professeurs débutants seront affectés sur des postes de brigade, et que lors de leur absence pour formation il est prévu qu'ils soient à leur tour remplacés par des brigades, aucune disposition n'interdit qu'un stagiaire soit remplacé par un autre stagiaire.
Les enseignants stagiaires du secondaire seront placés en situation de concurrence avec leurs collègues, le texte prévoyant de les affecter sur des postes vacants ou sur des BMP (groupes d'heures). Dans certaines académies, les recteurs sont aux prises avec des contraintes contradictoires, pour lesquelles il n'existe aucune bonne solution : réserver suffisamment de postes « faciles » pour les débutants, et dans ce cas priver les titulaires d'autant de possibilités de mutations intéressantes, ou affecter les débutants sur des postes difficiles - donc non convoités - ou bricolés pour ne pas restreindre les possibilités de mutations offertes aux titulaires. Dans tous les cas, les conditions d'affectation des stagiaires seront défavorables et le temps leur manquera pour se former, d'autant plus que tout est fait pour qu'ils n'en aient pas la possibilité.
Jusqu'en 2007, les professeurs stagiaires n'avaient qu'un tiers de service à effectuer lors de leur année de prise de fonction, les deux autres tiers étant consacrés à la formation. Puis leur temps de service a été augmenté, réduisant d'autant le temps de formation qui est passé à l'équivalent d'un mi-temps. Pour les promotions qui seront recrutées cette année, le ministère a encore rétréci le temps de formation, mais, sous la pression de nos actions collectives, il a été amené à prendre officiellement l'engagement que les stagiaires aient au moins un tiers de temps consacré à leur formation. Il vient de rompre cet engagement, qui déjà en soi instaurait des conditions inacceptables, par deux tours de passe-passe.
Le premier tour de passe-passe consiste à englober dans ce tiers à la fois la formation proprement dite et l'accompagnement. Cette globalisation permet que la formation proprement dite soit réduite à portion congrue, le compagnonnage occupant alors la part du lion.
Le second tour de passe-passe porte sur la durée effective du service à assurer, grâce à un artifice rédactionnel de la lettre de cadrage du 25 février. Cette lettre présentait comme un signe d'ouverture le fait qu'on n'obligera pas les stagiaires à effectuer des heures d'enseignement au-delà de leur service statutaire. De fait, cette annonce ne faisait que rappeler une mesure qui n'a jamais cessé d'être en vigueur. Mais la lettre de cadrage permet en revanche - et certains recteurs ont saisi cette opportunité - d'affecter un service à temps plein à des stagiaires (donc sans la décharge promise d'un 1/3 de temps
pour la formation continuée), et de rémunérer en heures supplémentaires le temps qui aurait dû venir en déduction de leur service pour leur permettre de se former.
L'organisation de la formation pour les professeurs stagiaires préfigure-t-elle l'avenir, en permettant que celle-ci se déroule sur leur temps libre ? En effet, saisissant l'opportunité offerte par la lettre de cadrage, certains recteurs commencent à mettre sur pied une formation qui se déroulera dans les miettes de temps libre dont disposeront les stagiaires amenés à prendre en charge des services complets d'enseignement.
On voudrait sciemment dégoûter les jeunes gens de s'engager dans la carrière d'enseignants, on ne ferait pas mieux.
Nous rappelons notre exigence d'une année de formation en alternance (1/3 en établissement, 2/3 en formation pour les lauréats des concours 2010 en tant que fonctionnaires stagiaires.
Lettre de la FDE juin 2010 (collectif FDE Snesup)
Quelques aperçus sur l'année 2010-2011 et sur les suivantes
1. Formation des stagiaires 2010: tromperies, subterfuges et entourloupes en cascade.
Pour mettre en place sa réforme chaotique de la formation des enseignants le ministère de l'Éducation Nationale n'hésite pas à accumuler tromperies et subterfuges. En voici des illustrations.
• Remplacer la formation par le compagnonnage
La première et la plus massive de ces tromperies consiste à remplacer la formation proprement dite par le compagnonnage.
Le laminage de la formation des professeurs stagiaires a été préparé par une innovation terminologique : alors qu'il existait jusqu'à présent la formation initiale et la formation continue, le ministère a inventé un no man's land, « la formation continuée », terre inconnue dans laquelle il peut faire tout et ... surtout n'importe quoi, ou même rien du tout.
Mais d'autres tromperies, sans être aussi visibles, sont tout aussi nuisibles aux futurs enseignants, et donc aux élèves qu'ils prendront en charge.
• Faire comme si les lauréats des concours de juin 2010 avaient bénéficié de deux ans de formation
Les lauréats des concours de juin 2010 feront directement les frais de l'impéritie du ministère qui n'a pas prévu (ou plus exactement qui a choisi de ne pas prévoir) de véritable dispositif transitoire tenant compte de leur situation. En effet, alors que ces étudiants auront passé les concours selon les mêmes modalités que les promotions précédentes, il leur sera appliqué le régime des promotions suivantes qui seront recrutées quant à elles par les nouveaux concours. De la sorte, leur génération sera amputée d'une année de formation, puisqu'elle ne bénéficiera pas l'année de formation en alternance post-concours accordée jusqu'alors à tous ceux qui avaient passé le même concours qu'eux. Et ils commenceront donc à enseigner sans la moindre préparation professionnelle digne de ce nom.
Le résultat ne s'est pas fait attendre : les officines privées proposent à ces futurs enseignants la formation - moyennant espèces sonnantes et trébuchantes - que l'administration nationale leur doit et ne leur fournit pas.
• Ajouter le compagnonnage/formation des stagiaires à leur temps de service au lieu de l'inclure dans leur temps de service
Le ministère a d'abord tenté un coup de force en annonçant que les lauréats des concours 2010 effectueraient un service à plein temps. Mais devant les protestations qui ont alors fusé, il a choisi la ruse pour parvenir à ses fins. En effet, pour tenter de désamorcer les mécontentements, Xavier Darcos, feignant de prendre en compte les arguments qu'on lui opposait, a annoncé qu'« à la rentrée 2010, un tiers de l'obligation de service des nouveaux enseignants, recrutés lors de la session 2010 des concours, sera consacré à une formation continue renforcée, prenant la forme d'un tutorat et d'une formation universitaire à visée disciplinaire ou professionnelle » (Communiqué du 31 mars 2009 - voir archives en ligne de l'Éducation Nationale).
Mais ceux qui, se fiant à cette déclaration, avaient cru qu' « un tiers de l'obligation de service consacré à... » signifiait en conséquence que le temps d'enseignement en responsabilité serait de deux tiers d'ORS (obligation réglementaire de service) déchantèrent lorsqu'ils découvrirent la circulaire du 25 février 2010 sur le dispositif d'accueil et d'accompagnement des professeurs stagiaires. En effet, cette circulaire transforme la phrase initiale en lui substituant la formule : « le volume de formation et d'accompagnement dispensé sera équivalent à un tiers de l'ORS ». Cela signifie tout simplement que le volume horaire dévolu à la formation n'est pas nécessairement pris sur le temps de service des professeurs stagiaires, mais qu'il peut être en sus de leurs obligations de service : non seulement les professeurs stagiaires peuvent donc être amenés enseigner à plein temps dès leur prise de fonction, mais en plus, une grande part du temps de formation s'ajoutera à l'ORS!
Notons que l'administration reconnaît toutefois qu'il y a aura une surcharge de travail pour les stagiaires puisque la circulaire stipule : « Cette ORS constitue un maximum. Dans le second degré, il ne sera pas possible de la compléter par des heures supplémentaires à seule fin d'aligner temps de service et répartition des heures de cours. » Il est vrai qu'avec un service à temps complet auquel s'ajoute l'équivalent d'un tiers en formation, on ne voit pas comment les stagiaires pourraient en plus faire des supplémentaires...
• Faire commencer l'année scolaire par les étudiants futurs professeurs, alors qu'ils n'ont pas encore le statut de fonctionnaires stagiaires
Autre entourloupe, celle qui porte sur « l'accueil » avant la rentrée : les futurs stagiaires - qui ont encore le statut d'étudiants et ne seront stagiaires qu'à partir du 1er septembre - seront accueillis par les recteurs, aux environs du 26 août, suivant les académies. Cette invitation sur la base du volontariat ne traduit pas une convivialité soudaine des services rectoraux (le budget petits fours et champagne n'est pas prévu) mais apparaît clairement comme une convocation. En effet, les invités recevront « toutes les informations utiles et repères pour favoriser leur prise de fonction ». Comprendre: ils recevront une dizaine d'heures d'instruction au pas de charge, (comptabilisées clairement dans le dispositif de formation de certaines académies) pour leur permettre par exemple de préparer en accéléré une séquence d'enseignement (il est temps, la rentrée est proche!). La notion de volontariat est plus que douteuse quand on sait que le comité d'accueil est composé de ceux qui jugeront de la titularisation. Il est peu probable que les listes de présence soit perdues. Dans d'autres lieux, qui ne serait choqué par un employeur qui convoquerait son futur salarié sur la base du volontariat pour plusieurs journées d'activité non salariée? Les frais (transport, nourriture, logement) seront-ils aussi sur la base du volontariat?
Mais le premier but ce cet accueil est avant tout de dire aux parents d'élèves que les enseignants stagiaires qui font face à leurs enfants auront reçu une formation professionnelle, et c'est ici une tromperie majeure.
Tout cela prépare la mise en place d'un système dans lequel la formation continue se fera complètement en dehors du temps de travail, ouvrant à cette occasion une voie royale aux officines privées.
2. Des études, oui mais à quel prix et qui paye ?
• Le cas des écoles d'été
Afin de pallier le peu de temps de préparation alloué aux candidats pour la session 2011, certaines universités sont tentées de mettre en place une préparation spécifique. Le plus souvent, cette préparation porte le nom d'« école d'été ».
Ce dispositif varie énormément d'une université à l'autre, aussi bien quant aux périodes choisies (juillet, août, septembre ou à cheval sur ces mois), qu'en ce qui concerne les durées (de 2 à 5 semaines) ou le public accueilli (étudiants inscrits en 2009-2010, en 2010-2011 ou ouverte à tout le monde).
Il s'agissait, pour les collègues qui ont décidé de mettre un tel dispositif en place, d'offrir une solution alternative aux préparations privées, le plus souvent onéreuses.
Malheureusement, ce dispositif étant financé par l'université, la majeure partie d'entre elles a choisi d'en faire assumer le coût sur les étudiants.
Dans le cas le plus extrême, cette préparation se ferait en parallèle du M2 Enseignement, avec un coût de 150 euros pour 50 heures de formation, le soir et le samedi. Il ne s'agit ni plus ni moins que de la mise ne place des « écuries », telles qu'elles existent dans les facs de médecine en première et deuxième année, années qui débouchent sur un concours particulièrement sélectif.
Le principe d'une « école d'été » peut être acceptable si cette préparation est gratuite pour les étudiants inscrit dans l'université. Une université parisienne considère d'ailleurs, que l'étudiant ayant une inscription 2009-2010 qui court jusqu'au 30 septembre, ce dispositif fait partie de son cursus (PE1 ou M1). Des aides devraient être prévues pour les étudiants non inscrits dans l'université pour leur permettre de suivre ce dispositif et une attention toute particulière devrait être accordée aux périodes concernées, certains étudiants ayant besoin de travailler comme saisonniers les mois d'été pour financer leurs études. Rappelons que les aides sociales à destination des étudiants sont très faibles ces temps-ci.
• Préparation aux concours dans le cadre d'une reconversion ou pour les détenteurs d'un Master 2.
Grâce à la validation d'acquis (VAE, VES), à l'équivalence ou à la dispense de titres (ingénieurs, sportif de haut niveau ou mère de famille de trois enfants), ou parce qu'ils sont déjà détenteurs d'un master, certains n'ont pas besoin de suivre un cursus de master pour pouvoir passer un concours d'enseignement.
Il existe donc une demande importante, qui ira s'accroissant, de mise en place d'une année de préparation spécifique au concours, essentiellement pour le CRPE.
La solution le plus souvent retenue par les universités est celle d'un D.U. (Diplôme d'Université), souvent nommé « Diplôme de préparation au concours » !
Rappelons ici qu'un DU n'est pas reconnu par l'état. Sa mise en place peut provenir d'une demande locale (industrie, armée, collectivités territoriales,...) Ainsi en va-t-il du DU « Écrivain Public », qui avait été créée à Toulon, avec l'aide des municipalités varoises.
Elle peut aussi provenir d'une demande de branche : le DU D.E.S.U.P (Immobilier d'entreprise) de la Sorbonne est reconnu nationalement par la profession.
A l'extrême, rappelons la tentative de Paris Dauphine de transformer ses diplômes nationaux en DU, estimant que la mention « Paris Dauphine » est plus attractive et à plus d'avenir que celle de l'état français.
Dans le cas d'une préparation à un concours, on voit mal ce que pourra faire un étudiant de ce diplôme : sa valeur sera nulle, et pourrait même amener à s'interroger sur la valeur des autres diplômes de l'université qui choisirait cette solution.
En fait, cette solution n'est choisie que pour des raisons purement financières, et cela revient à faire supporter à l'étudiant le coût de cette formation (formateurs rémunérés en heures complémentaires et non en heures poste, location des salles, et même prix des fluides !).
La solution demandée par la FSU est celle d'une année de préparation au concours, reconnue par l'état (ce qui est déjà le cas actuellement : PE1, PLC1, PLP1, CPE, prépa agrégation...). Cela lui permet d'apparaitre dans la dotation de l'université. Les droits d'inscription pour l'étudiant sont alors au plus égaux à celui d'une inscription dans une année de master (FI ou FC).
3. Quel avenir pour les centres départementaux des IUFM ?
Avec la mise en place de la mastérisation, les IUFM ont vu leur charge d'enseignement diminuer de manière drastique. Cela peut atteindre jusqu'à 60% dans certains endroits.
Les centres départementaux, éloignés de leur université intégratrice, sont les plus touchés, pour peu que les CA ou les CEVU aient décidé d'un nombre minimal d'étudiants inscrits pour l'ouverture d'une année des nouveaux masters.
Les collègues de ces centres seront alors victimes d'une double peine :
- - Les formateurs qui sont en sous-service, et qui sont loin de toute université, ou bien qui sont empêchés par leur université de rattachement d'effectuer une partie de leur service dans une autre université faute de conventions entre universités, vont devoir faire une partie de leur service loin, très loin de chez eux. A la date du 15 juin, c'est le cas, par exemple, pour l'ensemble des collègues du site de La Seyne sur Mer à l'université de Nice.
- - Les centres départementaux, du fait du sous-service généralisé, verront in fine se poser la question de leur maintien. Les choix des présidents, pour des raisons liées à la LRU, sont d'abord des choix financiers, bien avant de celui des missions dévolues à l'université. Dès lors, cela veut dire qu'à court terme, nombre de centres départementaux vont fermer.
On peut déjà noter une certaine pression sur les collègues enseignants du second degré, de la part de l'institution pour les inciter à demander une mutation vers des établissements de l'éducation nationale.
Si l'on conjugue cela avec, d'une part, la baisse des effectifs, et, d'autre part, le fait que dans l'incertitude ambiante, les étudiants préfèrent tenter l'aventure dans des grosses universités, on voit tout de suite que les désirs du gouvernement risquent d'être satisfaits plus vite que prévu.
Il va falloir nous battre très sérieusement, collectivement, aussi bien au niveau national qu'au niveau local, pour que l'offre de formation des enseignants continue à être dans les années à venir une offre de proximité, ce qui est extrêmement important au niveau social, et pour que le cas du Cantal reste isolé (fermeture du centre d'Aurillac dès cette année).
Enfin, n'oublions pas que si nous ne nous battions pas, nous laisserions Mme Pécresse devenir une fieffée menteuse, elle qui avait promis en février 2009 aux maires des villes de petite et moyenne tailles qu'aucun centre départemental ne fermerait, et avait même ajouté que le ministère avait les moyens de tenir cette promesse...
Texte adopté par la CAN du 29 Juin 2010
Restructurations universitaires & « Masterisation » : Le gouvernement avance en terrain miné!
Devant l'imminence de la catastrophe qui va frapper la formation des enseignants, le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la recherche multiplie les preuves de son improvisation. La séance du 22 juin du CNESER, consacrée à l'examen des maquettes de master « enseignement », en est une démonstration flagrante. Incapable de transmettre la totalité des documents, réfugié derrière l'incantation de la « qualité » de l'offre de master, le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche a été contraint de reconnaître le problème des étudiants « reçus-collés » ou en reconversion. De plus, le ministère reconnait implicitement, l'impossibilité de mener de front une formation de master et une préparation au concours. Dans le même temps, le MEN, impose aux fonctionnaires stagiaires -dès la session 2011- d'être détenteurs du CLES 2 (1) et du C2I2E (2) pour être titularisés. Or la formation associée n'est ni incluse dans les maquettes de Master, ni organisée dans toutes les académies, ce qui constitue une rupture manifeste d'égalité devant les concours. Le SNESUP envisagera de déposer un recours en Conseil d'Etat. Le gouvernement doit retirer cette réforme, et les décrets et textes promulgués
Dans l'enseignement supérieur et la recherche, au moment du lancement des premiers appels à projets pour un Grand Emprunt aux fonds incertains, la supercherie ne trompe plus que la CPU. Sous couvert de visibilité internationale, alors que les établissements déjà écartés du plan campus ne seront pas repêchés, le gouvernement obère tout développement de coopérations équilibrées entre les universités au profit de projets de restructurations pilotés autoritairement. En particulier, le projet du campus de Saclay, associé à la loi sur le « Grand Paris », pousse cette logique à l'extrême. Le SNESUP condamne les tentatives de remplacer des universités de plein exercice par de grands établissements permettant le contournement des obstacles réglementaires à la sélection ou à l'augmentation des droits universitaires et la destruction des fondements collégiaux et démocratiques des universités.
De nombreuses voix condamnant la loi LRU se joignent maintenant à celle du SNESUP qui, dès avant sa promulgation, en août 2007, avait sollicité en vain les parlementaires pour intenter un recours devant le Conseil constitutionnel. Le SNESUP qui a déposé des recours contre les décrets « enseignants-chercheurs » et « comités de sélection » est dans l'attente des résultats. Pour conserver son emprise sur les universités, le gouvernement a décidé d'augmenter rétroactivement la prime - appelée maintenant prime de résultat- des présidents d'universités passées au « Responsabilités et Compétences Elargies ». Dans le même mouvement, pour mieux mettre en œuvre sa politique, il cherche à placer, sans condition de HDR, aux postes de recteurs des hauts fonctionnaires proches du pouvoir, déconnectés des considérations d'éducation et de recherche.
Comme la campagne 2009, la campagne emploi 2010 a montré de nombreuses dérives (comités de sélection biaisés, inversions de classements, postes non pourvus, profils d'emplois ad hoc, etc) dues au clientélisme et au rôle déterminant de présidents d'universités ou directeurs d'établissements intervenant sur les recrutements, en jouant de leur droit de veto ou en s'appuyant parfois sur des votes suivistes ou mal informés de CA restreints. De plus, la multiplicité et l'hétérogénéité des comités des sélections ont conduit à ne pas pourvoir nombre de postes pourtant essentiels pour assurer la prochaine rentrée dans l'enseignement et à la recherche.
La politique imposée par le gouvernement se heurte à des résistances croissantes. Rien n'est joué, la politique du gouvernement issu d'une majorité présidentielle, hier défaite dans les urnes lors du scrutin régional, peut être battue en brèche.
Dans le prolongement de son Congrès de Dijon, le SNESUP appelle les syndiqués, les collègues à s'engager, dès le mois de septembre, dans la construction de leur projet collectif pour l'enseignement supérieur et la recherche, en créant les conditions de son existence et en menant les combats locaux pour la défense des collègues, des activités pédagogiques ou de recherche, pour les créations d'emplois et le budget nécessaires au service Public d'Enseignement Supérieur et de Recherche.
(1) CLES 2 : Certificat de Compétences en Langues de l'Enseignement Supérieur de niveau B2 du cadre européen
(2) C2I2E : Certificat Informatique et Internet de Niveau 2 Enseignement