Des voeux brutaux et provocateurs

Publié le : 06/01/2012


DES VŒUX BRUTAUX ET PROVOCATEURS

Lors de la présentation de ses vœux au monde de l'éducation et de la recherche, avec autosuffisance, le Président en campagne Nicolas Sarkozy a prononcé un discours brutal et provocateur, alliant l'affabulation et l'incohérence.

Axant son propos en priorité sur l'enseignement supérieur et la recherche, il n'en a pas moins omis de dessiner sa feuille de route, en particulier pour les enseignements primaire et secondaire, éludant le sort des élèves : autonomie des établissements, meilleure utilisation des moyens... « Il n'y a pas de place pour la médiocrité », c'est par ces propos que le président de la République a résumé la ligne de sa politique. Hors d'une supposée excellence, point de salut. Nicolas Sarkozy, non sans contradiction avec sa conception d'une « école qui ne peut pas tout », notamment concernant le chômage, a réaffirmé une fois de plus sa vision étriquée et utilitariste pour les formations du supérieur en considérant que « seuls les diplômes menant à l'emploi méritent d'être des diplômes ».

Sans prononcer une seule fois le terme de service public, sans s'adresser une seule fois au personnel administratif, le Président a tiré un bilan à mille lieux de la réalité dans les établissements d'enseignement supérieur. Alors que l'urgence, utilisée comme argument d'autorité, a été le lot quotidien de la communauté universitaire durant sa mandature, Nicolas Sarkozy s'est fait l'accusateur « de ceux qui privilégient le court terme au risque de sacrifier l'avenir, quitte à oublier leurs valeurs ». Devant tant d'incohérence et de mystification notamment sur le financement de l'enseignement supérieur et de la recherche, comment peut-il revendiquer de « parler vrai »... ?

De la part de celui qui fait de la sélection arbitraire, du creusement des inégalités et de la mise en concurrence l'essentiel de sa politique pour l'enseignement supérieur et de la recherche, revendiquer « l'excellence, la justice et l'unité » est indécent. Enfin, ce n'est pas en méprisant une fois de plus la communauté universitaire ou en qualifiant de manipulateurs les organisations qui ont porté la contestation contre la LRU, que l'on construit l'avenir pour le service public d'enseignement supérieur et de la recherche dont le pays a besoin.

Paris, le 5 janvier 2012