Décret statutaire : aucune nouvelle protection des enseignants-chercheurs !
Bien au contraire !
Le décret statutaire des enseignants chercheurs a été publié au JO du 4 septembre 2014, près de 7 mois après son examen (le 9 janvier 2014) au Comité Technique des Universités (CTU). Il faut rappeler que le vote final du CTU traduisait l'absence quasi totale d'avancées de ce texte par rapport au décret de 2009 et exprimait son rejet massif (encore plus qu'en 2009 !) par les organisations syndicales : 0 voix pour, 9 voix contre (SNESUP-FSU, SUPAUTONOME, CGT), 4 abstentions (SGEN, UNSA).
Ainsi donc, bien que n'ayant recueilli aucune voix favorable des organisations syndicales du CTU, le décret a été publié.
Les dispositions, que le SNESUP-FSU avait dénoncées, vont donc pouvoir être appliquées : la modulation de services et le rapport d'activités périodique, obligatoire et non confidentiel issus du décret de 2009, auxquels s'ajoutent le service partagé entre les établissements d'une COMUE et la multiplication des dérogations et contournements du CNU pour les recrutements ou les promotions. En revanche, pas plus qu'en 2009, ce décret statutaire n'apporte de garanties sur le droit et la liberté de recherche.
Pire encore, les différences entre le décret final et la version issue de l'examen par le CTU, ne sont pas anodines
Sur 90 propositions déposées par le SNESUP-FSU, toutes votées majoritairement (1), voire unanimement, par le CTU, seules deux mesures visant à améliorer les conditions de recrutement et de carrière avaient été acceptées par le ministère. Elles ont disparu de la version publiée ! Ainsi, la possibilité de recours après deux refus de qualification non consécutifs, a été supprimée, de même que la révision périodique des sections pouvant déroger à la parité dans les comités de sélection !
Par contre, le ministère a intégré, dans le décret final, une dispense de HDR dans une nouvelle voie d'accès au corps des professeurs s'adressant à des MCF ayant exercé certaines responsabilités, qui seront qualifiés par une commission ad hoc nommée par le Ministre. Le ministère avait pourtant initialement écarté cette dispense, convenant de son incohérence avec l'architecture des deux corps d'EC.
En cette rentrée marquée par un contexte budgétaire toujours plus tendu dans les universités, ce décret statutaire n'est en rien un rempart contre la détérioration, déjà très sensible, des conditions d'exercice et des perspectives de carrière des enseignants - chercheurs. Il demande même la plus grande vigilance, face aux risques d'aggravation encourus, en particulier via le recours à la modulation de services, comme alternative au paiement d'heures complémentaires.
Paris, le 10 septembre 2014
(1). Voir le détail des votes des différentes organisations syndicales sur les différents amendements :
/Presse-et-documentation?aid=7076&ptid=5&cid=240
(2) le décret statutaire consolidé : /Votre-metier?aid=7077&ptid=10