Si nous militons dans Attac, c'est parce que nous pensons qu'il s'agit d'un outil irremplaçable pour la justice sociale et environnementale. Nous lançons une grande campagne d'adhésions pour le début 2010 afin de renforcer cet outil. Mais nous devons nous poser lucidement deux questions : en quoi Attac reste-t-elle un outil irremplaçable ? Et comment en convaincre un maximum de citoyens pour qu'ils nous rejoignent ?
Attac a connu une croissance fulgurante jusqu'en 2002, puis a commencé à perdre des adhérents à partir de 2004. La dernière grande campagne nationale avec laquelle Attac a pesé sur la situation politique, c'est le référendum sur le TCE. Ensuite, le reflux du mouvement social et la crise interne nous ont fait reculer. Les comités locaux ont continué leurs activités, souvent très riches, mais l'association a moins pesé au plan national.
Pourtant la crise globale, financière, sociale et écologique, met nos propositions au cœur du débat social. Les premiers, nous avons montré que la domination de la finance et du libre-échange étaient insoutenables à terme, et proposé les moyens d'en sortir. Les élites ont d'ailleurs commencé à reprendre une part de notre vocabulaire et de nos idées (taxer les bonus, les transactions financières, etc.), mais restent dans le discours ou le simulacre. Les échecs des G20 et de Copenhague, la paralysie de l'Europe politique, montrent que les élites dirigeantes refusent la remise en cause de l'hégémonie de la finance et du néolibéralisme, et toute réponse à la hauteur des enjeux sociaux, écologiques et démocratiques.
Nous pouvons reprendre la main, à condition de savoir clairement qui nous sommes et à quoi nous pouvons être utiles. Attac, après s'être créée autour de la taxe Tobin, a élargi son activité à un nombre impressionnant de thèmes. C'est parfaitement normal : notre objet social est « la (re)conquête, par les citoyens, du pouvoir que la sphère financière exerce sur tous les aspects de la vie politique, économique, sociale et culturelle dans l'ensemble du monde ». Mais au quotidien l'élargissement ressemble parfois à de la dispersion : c'est pourquoi nous devons rester fermement ancrés dans notre spécificité. Le « + » d'Attac, c'est de combiner trois choses :
Quand nous menons une campagne sur les retraites, comme en 2003 et peut-être en 2010, quand nous parlons d'emploi et de précarité, ce n'est pas pour imiter les syndicats ou les associations : c'est avec notre apport propre, le « + » d'Attac, la réfutation des arguments pseudo-scientifiques qui cachent la défense des intérêts rentiers, la mise en avant d'alternatives solidaires pour la retraite, le revenu, l'emploi. Quand nous parlons d'OGM, c'est avec notre regard propre, pour dénoncer la mainmise des transnationales, et lutter concrètement pour l'agriculture paysanne et la souveraineté alimentaire. Quand nous parlons d'écologie, ce n'est pas pour faire doublon par rapport aux associations écologistes, c'est pour montrer le lien étroit entre crise écologique et crise sociale, pour imposer la justice climatique contre la finance carbone, le libre marché et le productivisme, au plan global mais aussi local.
À chaque fois, nous cherchons à lier l'analyse avec l'action, la critique avec les alternatives, en construisant, avec nos fondateurs et d'autres organisations, les outils et les convergences qui font le rapport de forces. A chaque fois nous faisons le lien entre les mobilisations locales et les enjeux globaux : il ne suffit pas de penser global et d'agir local, il faut aussi agir global. Nous travaillons à construire les alternatives locales, en montrant en quoi elles préfigurent d'autres mondes possibles, pour renouveler l'imaginaire de la transformation sociale.
Au cours des trois années à venir, notre rôle essentiel au niveau national sera de proposer aux comités locaux et à nos partenaires, aux plans national et international, des campagnes pertinentes et mobilisatrices. Et d'organiser notre association en ce sens. Chacun-e de nous a senti que c'était possible, le jour où par exemple il ou elle a tenu une table de votation citoyenne pour la Poste : quelle meilleure forme d'auto-éducation populaire par et dans l'action ? Il existe une forte attente dans la société. À nous de proposer aux gens les moyens de devenir acteurs de leur vie, acteurs de la politique. C'est en montrant notre efficacité sur ce terrain que nous referons d'Attac une référence et un pôle attractif.
Mettre en œuvre des campagnes pertinentes et mobilisatrices, qui engagent l'ensemble d'Attac et au-delà et qui fassent bouger les lignes
Transformer notre éducation populaire
Réinsérer pleinement Attac dans l'international
Démocratiser notre fonctionnement
Renforcer nos moyens financiers et notre rayonnement
Attac France,
Déclaration du Conseil d'administration des 9 et 10 janvier 2010
Lors de cette première réunion de travail du nouveau CA, une discussion a eu lieu à partir de deux questions: à quoi sert Attac, 12 ans après ? Et quels objectifs le CA souhaite-t-il se fixer pour les 3 ans à venir ? Elle a abouti au texte suivant, qui s'inscrit dans la continuité du rapport d'orientation voté par l'association en décembre dernier.
A quoi sert Attac, 12 ans après?
Quels objectifs nous fixer pour les trois ans à venir ?
A partir de cette réflexion, quels objectifs et moyens principaux le CA souhaite-t-il se donner pour les trois ans à venir ? Nous en proposons ici une première liste, non exhaustive, certainement imparfaite et qui pourra évoluer en fonction de la situation.
Dans ce cadre, le CA des 9 et 10 janvier a d'ores et déjà décidé de :
Montreuil, le 18 janvier 2010
Déclaration du nouveau Conseil d'administration d'Attac des 9 et 10 janvier 2010
Publié le : 28/01/2010