CR FSU du 1er groupe de travail sur articulation master-concours

Publié le : 29/04/2009


FSU - Compte rendu du 1er groupe de travail sur articulation master-concours le 29 avril 2009

  • Par Claire Pontais

Pourquoi participer à ces groupes de travail ?

Ces groupes de travail ont été demandés par la FSU et obtenus grâce à une mobilisation massive et durable. Rappelons qu'ils sont la première consultation effective sur la réforme depuis un an. Les syndicats n'ont jusqu'à présent pas eu l'occasion de s'exprimer comme le veulent les procédures démocratiques de consultation.

La FSU a cependant réaffirmé dès la 1ère séance ses doutes sur la conception de ces groupes de travail (précipitation, manque de cohérence entre les groupes, relations avec la commission Marois-Filâtre). Elle a par ailleurs demandé que la question de l'année prochaine (mesures transitoires) soit réglée en premier lieu. Le ministère a accédé à sa demande en n'habilitant aucune maquette et en avançant la réunion sur ce thème au lundi 5 mai. Concernant la « remise à plat », la FSU a demandé que « tout soit ouvert », ce qui semble formellement acquis. Dans ce cadre, les projets d'arrêtés sur les concours et les projets de décret sur les statuts qui ont été présentés seront obligatoirement revus. Sur tous les points, le débat est donc - en principe- ouvert. Par ailleurs, la commission Marois-Filâtre qui assiste à ces groupes de travail rendra ses conclusions mi-juillet, en partant de celles issues des groupes de travail... ce qui suppose qu'ils fournissent des principes partagés par tous, ce qui n'est loin d'être d'une évidence !

La 1ère réunion sur l'articulation master concours

La réunion a consisté en un tour de table des différentes positions (comme à la première réunion sur les concours) avec des nouveaux « invités » : les étudiants (UNEF, FAGE, UNI) et le SNE (syndicat ultra-minoritaire pour les PE).

Les positions et arguments des uns et des autres (sauf ceux de l'UNI et du SNE, caricaturaux) sont tous recevables. Ce que certains prennent pour de la « cacophonie   des syndicats » est l'expression de points de vue différents valorisant selon les cas tel ou tel aspect de la question. Par exemple, les propositions de ceux guidés par la reconversion des étudiants collés au concours peuvent être différentes de ceux guidés par la professionnalisation des reçus au concours. De même, les propositions ne peuvent être les mêmes si on refuse d'emblée la sélection en Master ou si on souhaite organiser la sélection pour gérer les flux.

L'enjeu d'une vraie consultation serait de mettre à plat les positions des uns et des autres pour avancer vers du commun. Est-ce possible en 15 jours ? Le gouvernement le souhaite-il ? La FSU ne se fait aucune illusion sur ces groupes de travail. Elle tente de faire avancer, dans tous les lieux de consultation, les points qui participent à une amélioration de la formation, en prenant en compte l'ensemble des problèmes. Ce qui n'est pas simple sur ce sujet. Le compte rendu qui suit doit être un outil pour continuer à peser pour « une autre réforme », notamment en organisation des débats au niveau local.

Les positions des différents acteurs

Le ministère (Ph. Court, cabinet de Darcos) a ouvert le débat sur les points suivants : la place du concours, les contenus de formation en master, l'organisation des stages, les aides (bourses et aides éducateurs), la spécificité des PLP. Il a rappelé les deux objectifs de la réforme : améliorer la formation des enseignants, « mastériser » les collés au concours (120 000 présents au concours pour 15 000 à 20 000 reçus. Il réaffirme que l'inscription aux concours doit être « ouverte » (norme européenne et candidats libres).

Les syndicats enseignants

Ce qui est demandé par tous les syndicats : la reconnaissance d'un niveau master pour les enseignants, un cadrage national, des aides et pré-recrutements, une carte des formations, l'existence des IUFM, une régulation des flux, le non-décrochage entre premier-second degré-PLP, refus du compagnonnage comme modèle de formation, la nécessité de prendre en compte le LMD dans la grille indiciaire de la fonction publique.

Les points qui font débat : la place du concours et le niveau de recrutement (pour certains, c'est le diplôme final qui compte, pour d'autres c'est le moment du concours), le modèle de formation (successif, progressif « en biseau ») , le rapport disciplinaire-professionnel, l'unicité/diversité des cursus, le rôle des IUFM, le mode de sélection à l'entrée à l'IUFM.

Le SE et le SGEN : demandent une admissibilité en fin de M1 « fortement calibrée » et une admission en fin de M2. Avec des bourses la première année et la 2è année comme fonctionnaire-stagiaire. Ils rappellent que leur revendication de départ est un concours en fin de L3 concours. Pour eux, c'est la seule solution pour éviter un grand nombre de reçus-collés, de réguler les flux et de permettre des réorientations. Pour le SE, « ça cadre avec le numérus clausus entre M1 et M2 ». Pour le SGEN, le concours en L3 permet de se dégager des contingences académiques et de se centrer sur le professionnel. Il propose un calibrage serré des admissibles de l'ordre de 80/20 ou 90/10 et non 50/50 comme actuellement. Le SGEN a précisé qu'il refusait la distinction master enseignement pour les PE/ master disciplinaire pour les PLC, la plupart des enseignants étant confrontés à la pluri-disciplinarité.

Le SNALC, l'autonome demande une élévation du niveau disciplinaire, mais sous forme d'un élargissement disciplinaire pas un « disciplinaire pointu ». Est pour un concours en fin de M2 et non en M1.

L'autonome, le SNE (syndicat premier degré)  pour des concours ouverts à tous les masters, contre un concours fin de M1.

La FSU (Gérard Aschieri) est guidée par le besoin d'améliorer la formation des enseignants (avoir un bon master et un bon concours). Elle refuse que la voie soit totalement fermée dès la licence (tout titulaire d'un master doit pouvoir passer le concours), elle souhaite que l'élévation du niveau de qualification au niveau du master (lier master complet et concours) ait des retombées en matière de revalorisation du métier. La FSU se pose les questions suivantes : doit-on avoir le même concours pour tous à partir du moment où l'on affirme d'emblée qu'il n'y a pas de décrochage puisque tout le monde est recruté au niveau master ? Sachant que les IUFM doivent exister, le poids de ceux-ci doit-il être le même pour tous les niveaux d'enseignement ? Sachant qu'il faut réguler les flux, et qu'il faut de la formation professionnelle dans le master, les aides aux étudiants doivent-elles être conditionnées par le suivi de modules de pré-professionnalisation ?

Le SNEP a plaidé pour que la pré-professionnalisation commence dès la licence. Pour qu'on étudie 3 voies pour arriver au métier d'enseignant : une voie pour les étudiants qui se destinent très tôt à l'enseignement (voie « professionnelle » avec forte sélection en fin de L3), une voie pour ceux qui se destinent plus tard au métier d'enseignant (voie « disciplinaire ») et une voie « reconversion ». le concours est a Bac+5 pour ces 3 voies qui débouchent sur des compétences identiques à Bac+7, l'entrée dans le métier étant différenciée. Pour alléger l'année de M2, le SNEP demande qu'on étudie le fait que le mémoire de master puisse se terminer dans l'année post-M2 ou qu'une épreuve du concours soit couplé au mémoire. Le SNEP propose que les PE ait aussi la possibilité de faire des formations « à dominante » dans une discipline. Le SNEP pense que si l'admissibilité était en fin de M1, il faudrait revoir la totalité des épreuves de concours.

Le SNUep est intéressé par les 3 voies proposées par le SNEP, notamment pour les reconversions.

Le SNES est contre une admissibilité en M1 fortement sélective. Il plaide pour une formation progressivement professionnalisante « en biseau », avec de l'épistémologie et histoire de la discipline dès M1. Plaide pour que les stages d'observation ou responsabilité soient insérés dans le cursus. Le SNES n'est pas opposé à ce que le concours prenne en compte la spécificité du parcours des pré-recrutés (épreuve de pré-pro spécifique).

Le SNESup plaide pour un cursus conçu sur 6 ans (intégrant l'entrée dans le métier), pour un développement de la recherche et d'équipes pluricatégorielles. Le SNESup demande une formation pédagogique pour les enseignants chercheurs notamment en IUFM.

Le SNUipp est pour de la pré-pro dès la licence. Il rappelle que les PE ont aussi besoin d'un bon niveau disciplinaire pour enseigner. Rappelle la nécessité des maîtres-formateurs.

Les syndicats étudiants

L'UNEF n'a pas de position arrêtée sur le concours. Est pour un co-pilotagee t des co-habiliations IUFM-UFR. La FAGE est contre un concours en M1 ; veut laisser libre cours à « l'inventivité » des concepteurs de maquettes. Souhaite que les M1 soient tournées vers la recherche et les M2 vers la pédagogie. L'UNI souhaite une formation ouverte à tous, souhaite la mastérisation des collés.

Sur l'avenir des IUFM : Seul le SE a eu le temps de prendre la parole sur ce point. Pour lui, soit l'IUFM est maître d'ouvrage (passe la commande, a la responsabilité de l'ingénierie de formation), soit il est maître d'œuvre et met en œuvre des partenariats, soit il est prestataire de service au coup par coup (ce qui implique une forte diversité selon les universités). Le SE préconise que les IUFM soit maître d'œuvre délégués avec des moyens spécifiques.

Conclusion du ministère (Ph. Court) : Tout le monde reconnait la nécessité de la « mastérisation ». Tout le monde reconnait la nécessité d'ouvrir les masters pour ceux qui échouent, la nécessité d'avoir une approche intégrée de la pré-pro. Il a réaffirmé qu'il est attaché au non-décrochage premier-second degré-PLP.

Ses questions : Comment concilier l'unicité du recrutement et les modalités spécifiques de chaque concours ? Comment articuler master- admissibilité ? Comment réguler l'offre de formation et avoir un cadrage qui respecte le principe d'autonomie des universités ?

Conclusion personnelle : Avec de telles questions, on se demande comment le gouvernement va pouvoir affirmer des « conclusions » dans deux semaines pour que la commission Marois-Filâtre travaille et fasse ses propositions pour le 15 juillet opérationnelles à la rentrée !