Ou comment viser une culture commune pour les enseignants quelque soit leur parcours d'origine et garder un recrutement par concours sans baisser l'ambition ni modifier le rôle des masters ?
Le schéma proposé par le ministère pour la formation combine la même année concours et master, en conditionne la réussite au concours à l'obtention du master2. Ce schéma pose de nombreux problèmes et le rapport Filâtre qui a étudié toutes les solutions conclut son travail en disant qu'il n'y en a aucune bonne !
Pour sortir des dichotomies premier/second degré et assurer un vivier d'étudiants dans toutes les disciplines, il faut concevoir plusieurs schémas pour accéder aux métiers de l'enseignement, et non un seul. Cette idée n'est pas nouvelle puisqu'il existe déjà des concours internes, 2nd concours externe, etc. Mais, actuellement il y a une voie considérée comme « normale », les autres étant des exceptions. Nous proposons ici trois voies d'accès au concours qui dépendent du parcours antérieur de l'étudiant et du moment où il décide de devenir enseignant. Le repère commun est qu'en fin de cursus, chaque enseignant doit avoir des compétences disciplinaires/professionnelles au sens large en lien avec la recherche et être armé pour continuer à se former tout au long de sa carrière.
Le premier parcours est celui des étudiants qui choisissent dès la licence le métier d'enseignant
Il faut envisager des aides pour tous ; des pré-recrutements et/ou allocations d'IUFM sont nécessaires pour les étudiants qui s'engagent tôt parce qu'ils ont moins de possibilité de reconversion.
Parcours
Parcours
Reconversion
Licence
Licence
Licence
Concours
Master
Master
VAE - prépa concours
Année de
Service
Service
Service
1èreannée
Stages
Service
Service
Les étudiants qui font le choix précoce du métier d'enseignant suivent de la pré-professionnalisation, ont une sélection en fin de L3 (essentiellement disciplinaire, sur la discipline universitaire étudiée (pour éviter une prépa concours qui mordrait sur la licence) . Une épreuve de pré-pro peut être envisagée.
Ces étudiants font un master (disciplinaire « classique ») dans la filière de leur choix. Ils ont donc une formation universitaire qui donne des outils théoriques (et donc de conceptualisation) non liés directement à l'enseignement. Ils passent un concours en fin de M2 (sont en attente de leurs résultats) ou après avoir obtenu le M2. Ce concours est essentiellement disciplinaire (+ 20% pré-pro/oral ?). S'ils sont reçus, ils sont fonctionnaires-stagiaires en responsabilité (¼ de service maximum), ont une formation IUFM pour ¾ du temps et un suivi par des formateurs (une équipe formée à cette fonction). Titularisation en fin d'année ; ils ont un service encore allégé en T1 et des compléments de formation avec suivi d'un professeur référent (formé à cette fonction).
C'est le schéma qui existe aujourd'hui pour les personnes en reconversion (pour le CRPE), mais un an plus tard. Dans une période transitoire (et après ?), il permet à toutes les personnes qui ont un M1 de présenter un dossier d'admission en IUFM. Pour une reconversion, il est difficile de s'engager deux ans avec risque d'échec. Il est difficile aussi de demander un niveau disciplinaire de Master à des gens qui sont en reconversion. Avec un concours qui vérifie à la fois du disciplinaire et du professionnel, on sélectionne des personnes qui, ensuite, auront deux ans pour valider un master2 (le mémoire professionnel demande des compétences qui n'ont pas été vérifiées avant ; lien avec la recherche), tout en étant fonctionnaire-stagiaire.
Tout étudiant qui veut poursuivre en thèse le peut. C'est un enjeu important pour le développement de la recherche en éducation.
L'enjeu est de viser une culture commune pour les enseignants quelque soit leur parcours d'origine, de garder un recrutement par concours sans baisser l'ambition ni modifier le rôle des masters.
Sur le plan des moyens :
Propositions alternatives pour le recrutement et la formation
Nous proposons de raisonner dans un cadre nouveau. Le but étant d'allier 3 objectifs : amélioration de la formation, accès des étudiants au métier et gestion des flux et développement de la recherche en éducation. Ces propositions s'appuient sur les mandats de la FSU (pré-pro, pré-recrutements, maintien des IUFM, concours, entrée dans le métier, etc..).
Concevoir l'accès au même métier par plusieurs parcours
Ces trois parcours ont la même « valeur ». Pour tous, le repère de fin de formation est Bac +7 (première année de titulaire), avec un master. Le recrutement par concours se fait en fin de M2. Un des schémas propose des pré-recrutements. Les contenus de concours sont différents pour les 3 parcours.
1.Les trois parcours
Le deuxième parcours correspond aux étudiants qui souhaitent garder plusieurs choix et s'engagent dans des études disciplinaires classiques.
Le troisième parcours correspond aux reconversions (expérience antérieure ou autre).
La proportion entre ces trois concours est à déterminer : cela peut dépendre des filières et du vivier.
2.Schéma général des trois parcours
professionnel
Choix
dès la licence
disciplinaire
Choix
tardif
&autres
Licence
1Licence
disciplinaire+ pré-pro sous forme de modules
disciplinaire
Licence
2Licence disciplinaire+ pré-pro sous forme de modules
disciplinaire
Licence
3Licence
disciplinaire+ pré-pro sous forme de modules
disciplinaire
Fin
de L3
d’entrée à l’IUFM donnant droit à un
pré-recrutement ou des allocations IUFM pour les deux années
suivantes
Master
« enseignement » disciplinaire ou pluri-disciplinaire.
Stages
de pratique accompagnée.
Mémoire
(si on le met ici).
Concours
4ème semestre
disciplinaire
Concours
4ème semestre
(peut
être différent du parcours professionnel)
(DU ou autre…)
Concours
(peut
être différent des autres)
fonctionnaire-stagiaire
Bac+6
Formation
professionnelle Titularisation
allégé (1/2)
½
formation IUFM Compléments formation
(Analyse
de pratiques…)
Mémoire
(si on le met ici)
très allégé
¾
formation IUFM
1/4
stages massés ou filés + Pratique accompagnée
très allégé
¾
formation IUFM
1/4
stage + pratique accompagnée
Ecriture
d’un mémoire pro
titulaire Bac+7
de FC sur temps de travail.
APP,
travail en équipe…
allégé
Compléments
de formation
allégé
Obtention
du master
Description de la formation master / concours
1.Parcours « professionnel » : concours en deux parties
Ils entrent à l'IUFM en début de M1 (master enseignement), ils sont allocataires (allocations d'Etat ou régionales) ou pré-recrutés (élève-professeur).
M1 et M2 sont organisés autour d'un renforcement disciplinaire (ou pluridisciplinaire) en lien avec la relation enseignement/ apprentissage avec mémoire professionnel en M2 (lien et méthodologie de recherche). Enrichissement du disciplinaire par de la didactique comparée (bivalence PLP, polyvalence pour les PE). Analyse de pratiques en lien avec le mémoire professionnel.
Le concours de recrutement a lieu en fin de M2, avec une épreuve liée à une séquence en classe + analyse + soutenance de mémoire avec un jury différent de celui du master (Le mémoire peut se terminer l'année suivante si l'année de M2 s'avère trop chargée).
S'ils sont reçus (il peut y avoir des collés, mais en nombre beaucoup moins grand qu'aujourd'hui), ils sont fonctionnaires-stagiaires (service allégé) et titularisés en fin de T1. Ils ont des compléments de formation jusqu'en T1 (début de Formation continue).
2. Parcours « disciplinaire » : concours en fin de M2 (ou après l'obtention d'un M2)
3.Reconversions et autres
Des formations conjointes des trois parcours sont possibles, voire nécessaires pendant l'année de fonctionnaire-stagiaire et T1.
L'enjeu est aussi de dépasser les clivages totalement contre-productifs entre formation disciplinaire et formation professionnelle, entre le premier et le second degré.
Ces propositions sont à discuter, elles sont à affiner suivant les disciplines et les degrés d'enseignement. (Pour donner votre avis, envoi à [email protected] )
Contribution du SNEP-FSU aux assises de la formation des enseignants
Publié le : 28/10/2009