Compte rendu du Congrès FSU
Un Congrès de la FSU, c’est un moment exceptionnel d’échange et de confrontation où chacun s’affirme syndicats nationaux, sections départementales, courants de pensée avant de rechercher la synthèse. Ce sont aussi quelque 750 participants, une structuration plus formelle que celle d’un congrès du SNESUP, des interventions très minutées, des votes sur une multitude d’amendements et de motions. Du 1er au 5 Février à Lille, le SNESUP a été très présent tout au long du Congrès, que ce soit par de multiples interventions en séance plénière ou en commissions (le deuxième jour) et en tant que rapporteurs de commissions sur l’un des thèmes (Marc Delepouve pour le thème 3 et Marc Champesme pour le thème 1) ou de présidence de séance plénière (Michelle Lauton). Sur des questions complexes, les interventions du SNESUP ont été très écoutées et ont pesé dans le cours des débats. Le site du SNESUP était alimenté au jour le jour (Cf intervention liminaire de Stéphane Tassel Presse-et-documentation?aid=4719&ptid=5&cid=3751).
Le Congrès s’est ouvert alors que la grève du 21 janvier et la manifestation du 30 avaient montré la réelle capacité de la FSU à mobiliser pour la défense de l’emploi et du service public. Le jour de l’ouverture du Congrès de la FSU, paraissait dans l’Humanité une tribune libre de Patrick Monfort et Stéphane Tassel, intitulée « Universités et organisations de recherche : avancer ensemble ».
Quelques éléments d’appréciation, non exhaustifs, du congrès de la FSU permettent d’envisager l’avenir de la Fédération avec optimisme.
- 1) Un sujet d’actualité au premier plan : les retraites
Dès le début, la question des retraites se trouve au premier rang des questionnements fédéraux : dénoncer les discours gouvernementaux qui présentent le recul de l’âge légal de départ à la retraite comme inéluctable, mener une campagne de fond, construire la riposte, telles sont les exigences portées unanimement par les intervenants et qui ont abouti à réaffirmer avec la plus grande fermeté la position de la fédération : assurer 75% du traitement des six derniers mois, à l’âge légal de 60 ans pour 37.5 années de cotisation
- 2) Des convergences suite à un travail important dans la fédération
Un important travail de discussion avec les autres syndicats a permis d’aboutir à des formulations marquant une avancée de la fédération sur l’accès aux études supérieures et sur la coopération des différentes formations supérieures et de leurs établissements. Dans la commission Service Public et Fonction Publique (thème 2), la défense du service public et de la fonction publique a été fortement affirmée et, dans un contexte de révision des carrières en cours, des positions explicites en faveur d’une revalorisation générale ont été prises, ainsi que de la lutte contre la précarité et un accent sur l’action sociale particulièrement mise en danger. Les attaques sur les statuts dans le supérieur sont pointées, en analysant des dispositions semblables apparaissant dans l’ensemble de la Fonction Publique dans le cadre de la RGPP, de la loi mobilité et de son projet de décret d’application. Le Congrès a aussi voté la mise hors AGCS de l’enseignement supérieur et la recherche, suite à des interventions croisées du SNCS et du SNESUP. Dans la commission Alternatives (thème 3), où de nombreuses positions anti-science se sont exprimées, ces interventions convergentes ont permis d’obtenir un certain équilibre entre l’affirmation du principe de précaution et celle de la nécessité de développer la recherche pour contribuer à un développement durable. Des divergences entre tendances se sont exprimées fortement sur les sujets de société : citons, par exemple la demande de « sortie immédiate » du nucléaire.
Formation des enseignants
S’agissant de la formation des enseignants, dès le premier jour, Stéphane Tassel, évoquant la mobilisation de l’hiver dernier, s’est montré à la fois ferme et ouvert : « malgré nos efforts, la position de la fédération a parfois été peu audible. Il n'est pas question de jeter l'accusation sur qui que ce soit, l'absence de certaines convergences doit d'une part nous interroger et d'autre part nous engager ensemble au dépassement de ce qui nous divise parfois pour porter et développer ce qui nous unit : élever réellement le niveau de qualification des enseignants, pour favoriser la démocratisation de l'accès et de la réussite des élèves et des étudiants, de la maternelle à l'université. »
En séance plénière sur cette question le mercredi, Michelle Lauton a rappelé à son tour que la formation des enseignants était un des points centraux de la mobilisation de l’hiver et du printemps derniers, que nous exigions le retrait de la réforme et des décrets d’application ainsi que la garantie de tout le potentiel de formation constitué par les IUFM et les UFR. Devant l’urgence de la situation créée dans les établissements par la mise en place à marche forcée de la réforme, le SNESUP a insisté pour faire aboutir rapidement dans la FSU le processus de convergence de réflexions et d’actions. Il a proposé que l’initiative de réflexion et d’action poursuivant les Assises de Novembre soit fixée avant la fin de l’année universitaire. Ce délai n’a pas reçu l’accord des rapporteurs, Le congrès a par ailleurs repoussé un amendement du SNES demandant que les positions fédérales se situent dans les limites posées par les mandats des syndicats nationaux. Le texte d’équilibre (partie 4 du thème 1, votée séparément) qui marque l’état des lieux et les convergences dans la fédération a été adopté à une large majorité. Il acte des points de convergence (abandon de la réforme actuelle et retrait des textes d’application) et une proposition visant à donner à la FSU les moyens de creuser les points qui font différence entre nous et d’agir. De plus, dans le texte action, outre la reprise de ces formulations, est fixé l’objectif immédiat de signature de l’appel « 100 000 voix pour la formation » .D'autres modalités d'action proposées – notamment une motion déposée au nom d’EE-PSO par Claire Bornais- n'ont pas été retenues, les divergences entre tendances et syndicats nationaux s'exprimant là aussi. "Sylvie Plane pour le SNESUP est intervenue sur les conditions de la prochaine rentrée, ce qui s’est traduit par l’insertion dans la motion « action » d’une phrase précisant que la FSU juge inacceptables les projets concernant les modalités de services des lauréats des concours de recrutement 2010 et qu’elle exige une année de formation en alternance (1/3 en établissement, 2/3 en formation) pour les lauréats des concours dès 2010 en tant que fonctionnaires stagiaires.
- 3) Avenir de la FSU
La question de l’avenir de la FSU dans le paysage syndical a fait l’objet de très nombreux débats tant en commission qu’en séance plénière. Rappelant le travail commencé avec la CGT et Solidaires, la FSU a lancé un appel aux autres organisations syndicales qui souhaitent travailler avec elle pour construire un « nouvel outil syndical. » La FSU rappelle qu’elle est prête à agir pour des alternatives aux politiques actuelles. Stéphane Tassel a proposé en séance plénière des amendements visant à préciser que cet appel à l’unité devait porter sur l’action, les luttes ET sur la réflexion commune. « Les initiatives qui ont eu lieu et celle qui sont à venir doivent s’appuyer sur une volonté crédible permettant de rendre disponible la fédération, ses syndicats nationaux, ses sections départementales et ses militants à la co-construction contribuant à dessiner les alternatives accessible pour la société. »
- 4) International
Concernant l’adhésion à la Confédération Européenne des Syndicats (CES), - qui avait fait l’objet d’un mandat d’étude inabouti du Congrès de Marseille- , suite à une proposition directe d’adhésion non ratifiée à la majorité requise par le Congrès, il a été pris un engagement de consultation dans la FSU d’ici la fin de l’année civile, à l’issue de laquelle le Conseil Délibératif Fédéral National (CDFN) devra faire une proposition. Pour sa part, le SNESUP a déjà adopté ce mandat d’adhésion de la FSU à la CES.
- 5) Une dernière journée dans l’enthousiasme des congressistes
La dernière séance du congrès a été l’occasion – après l’annonce de l’élection par le CDFN de Bernadette Groison comme Secrétaire Générale - de discuter un texte Action qui fait une place importante à l’avenir des retraites, à la défense du service public et à la formation des enseignants.
Le Congrès de notre fédération s’est achevé le vendredi 5 Février en fin de matinée le discours de Bernadette Groison et ses remerciements à Gérard Aschiéri, lesquels ont été longuement ovationnés. Puis les camarades du Nord nous ont entraînés sur l’air du « Petit Quinquin ».
Les prochaines réunions du BN et de la CAN reviendront sur l’analyse de ce Congrès et devront examiner les conditions de poursuite d’un travail régulier du SNESUP dans la FSU.
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