Compte rendu de la session de qualification MCF 2010 pour la 10ème section (Littératures Comparées)

Publié le : 15/03/2010

Compte rendu de la session de qualification MCF 2010 pour la 10ème section (Littératures Comparées)

Auteur : Chloé Conant-Ouaked, MCF à l'Université de Limoges (pour les résultats des qualifications Pr : chiffres Inês Oseki-Dépré, Pr à l'Université de Provence).

Le CNU actuel siégeait pour la 3ème année consécutive sur son mandat de 4 ans. Il s'est néanmoins trouvé très renouvelé cette année (1/4 de ses membres), à cause de démissions de membres nommés et élus à la suite des réformes imposées l'an dernier par le gouvernement. À la fin de la session 2010, la 10ème section a adopté à l'unanimité une motion proposée par le SNESUP s'opposant aux nouveaux décrets récemment publiés.

Résultats pour les MCF :

  • Inscrits : 180
  • Dossiers non parvenus : 23
  • Dossiers non examinés (dossiers incomplets, dossiers hors délais...) : 7
  • Dossiers examinés : 150
  • Dossiers « hors section » : 45
  • Dossiers qualifiés : 51
  • Dossiers non qualifiés : 54

Résultats pour les Pr :

  • Inscrits : 23
  • Dossiers non parvenus : 2
  • Dossiers examinés: 21
  • Dossiers « hors section » : 9
  • Dossiers qualifiés : 5
  • Dossiers non qualifiés : 7 (dont un irrecevable)

Le grand nombre de « hors-section » s'explique par le problème d'identification dont souffre la 10ème, qui reçoit un grand nombre de dossiers relevant de sections voisines. Certains candidats envoient leur dossier à tout hasard, surtout depuis qu'il suffit d'être qualifié dans une section pour candidater sur tout poste de MCF. Lisez la présentation de la section sur le site de la CP-CNU (Commission Permanente du Conseil National des Universités) !
À noter que la mention « hors-section » n'empêche pas de faire appel (comme vous en avez le droit au bout de deux refus), du moment que les deux refus sont consécutifs.

Déroulement des débats :

Le bureau de la section (un élu SNESUP siège au bureau, comme lors de la précédente formation) répartit les dossiers. Il y a deux rapporteurs par dossiers (le plus souvent un Pr et un MCF). Les décisions sont néanmoins collégiales, débats et votes peuvent survenir dans tous les cas.
Un rapporteur ne peut pas être chargé du dossier d'un candidat qui travaille dans la même université que lui, qui fait sa recherche dans la même équipe, ou si il a participé au jury de la thèse. De même, on évite de donner à un rapporteur un dossier qu'il a déjà examiné.
Si un candidat souhaite faire appel (au bout de deux refus), il est convoqué pour une brève présentation orale devant le « groupe » (le Groupe III, des linguistes et littéraires, en l'occurrence), qui est une formation plus large du point de vue des disciplines représentées que la seule section. Siègent là des membres des sections 7 à 15. Le double rapport sur le dossier est assuré par un membre de la section et un membre d'une autre section.

Composition et examen des dossiers :

Il est plus que vivement conseillé d'envoyer sa thèse, même s'il ne s'agit pas d'une pièce obligatoire. Les dossiers vous sont de toute façon intégralement renvoyés, sans frais. Bien sûr, les rapporteurs ne lisent pas la quinzaine de thèses qu'ils reçoivent in extenso, mais des passages sont largement consultés, pour lever un doute, s'assurer d'une remarque contenue dans le rapport de soutenance, etc. La thèse est donc l'un des trois documents à joindre au dossier !
Si le rapport de soutenance n'est pas prêt au moment de l'envoi du dossier, il faut l'envoyer sans. Il pourra être joint ultérieurement, presque jusqu'au dernier moment (prévenez le rapporteur, et évitez tout de même les derniers jours). Préférez au pire, si le rapport a du mal à être constitué, un document incomplet avec une petite explication (dans l'idéal, du Président du jury), plutôt que l'absence de cette pièce, qui rendrait le dossier irrecevable. Si l'obtention d'un rapport n'est pas prévue (dans le cas des thèses italiennes, par exemple), rappelez-le quelque part dans le dossier (dans la lettre d'accompagnement, le CV...), et voyez ce que vous pouvez trouver (rapports de lecture des enseignants de l'école doctorale, par exemple). Attention, pour une thèse en co-tutelle avec la France, vous devez pouvoir produire un rapport. Pour les pièces en langues étrangères, vous devez fournir en sus une traduction en français.
Pour les candidats étrangers : on vous demande une parfaite maîtrise du français. Si la thèse est écrite en langue étrangère, pensez à en faire la démonstration (articles en français, lettre d'accompagnement sans erreurs, etc.). Joignez aussi un résumé de la thèse en français.
Sélectionnez soigneusement les deux autres documents (outre la thèse) à joindre au dossier : articles satisfaisants, comparatistes, soulignant telle ou telle de vos compétences, etc. Malgré les alarmantes tentatives de « classement des revues » de la part du Ministère, ne vous souciez pas à l'excès de la nature du support : les articles sont lus sur le fond. Mais bien sûr, n'oubliez pas de mettre en avant dans votre CV une publication dans une revue de Littérature Comparée ! Une qualification est possible sans publications, mais celles-ci sont nécessaires en cas de thèse déjà ancienne, de mention insuffisante, ou de thèse insuffisamment comparatiste. Si un article est « à paraître », joignez une copie de la lettre d'acceptation.
L'activité d'enseignement (dans le supérieur et dans le secondaire) est observée de près, même si on sait bien qu'elle ne peut pas être très fournie quand la thèse est récente. Elle est autant valorisée que la réussite à un concours, donc il faut détailler soigneusement les enseignements littéraires et comparatistes (programmes, niveau d'enseignement, CM ou TD, etc.). N'hésitez pas à joindre des attestations.
Vous pouvez joindre à votre dossier une brève lettre d'accompagnement donnant un ou deux éléments de contexte (s'il s'agit d'une re-qualification, d'une demande qui n'est pas la 1ère, etc.). Faites neutre et sobre ! Il est possible de joindre au CV une notice explicative, qui doit rester brève mais peut vous aider à souligner tel ou tel élément, et à donner de la cohérence à l'ensemble.

Les requalifications (nouvelles demandes de qualification, quand les quatre années de validité de la précédente sont écoulées) ne posent pas de problème si des activités d'enseignement et de recherche régulières peuvent être constatées. Il faut donc continuer à publier régulièrement, et montrer que le contact est maintenu avec la recherche universitaire (se rapprocher de l'université de soutenance et du directeur de recherche, utiliser les sites de la SFLGC et de Fabula pour les annonces de séminaires et de colloques, etc.).
Un détail, puisque les recrutements à l'université peuvent désormais avoir lieu à tout moment de l'année : les qualifications sont valables jusqu'à la fin de leur dernière année civile.

Critères de refus :

Les deux rapports se concluent par un avis, plus ou moins favorable, ou l'expression d'une réserve. Le résultat des débats est consigné sur le PV de qualification de façon plus synthétique. Quelques exemples commentés :

  • « Dossier hors-section » : la thèse n'est pas une thèse de Littérature Comparée (cf. site de la CP-CNU), mais une thèse de Littérature Française, de Littératures Anglophones, de Philosophie, d'Arts Plastiques, etc. Une thèse qui n'est pas inscrite en Littérature Comparée peut se révéler comparatiste, si les méthodologies en vigueur dans la discipline sont respectées : travail sur des corpus internationaux et en langue originale, étude croisée des œuvres du corpus, etc. Voir un peu plus bas pour les « cas limites »... Il est fondamental dans le cas de thèses interdisciplinaires, dans la perspective d'une qualification en 10ème section, d'avoir un ou plusieurs comparatistes dans le jury, dont la présence doit être motivée par des raisons scientifiques réelles - ou bien il risque d'apparaître comme un « otage » au moment des débats.
  • « Problèmes méthodologiques », « méthodologie (de la recherche) à revoir », etc. : quand la méthodologie « tout court » est visée, on peut supposer qu'il s'agit d'un problème de qualité scientifique. Si la thèse est peu académique, que le candidat a commis une erreur méthodologique majeure, ou que des circonstances particulières (éloignement...) ont eu des effets sur la bonne marche du travail, il est possible de redresser le dossier, par exemple en joignant de bons articles ou en publiant la thèse dans une version améliorée, publications dont vous pourriez montrer à l'occasion d'une 2ème demande qu'elles répondent à des critiques qui avaient été faites.
  • « maîtrise insuffisante des démarches (méthodes) comparatistes », « méthodologie comparatiste à acquérir, améliorer, approfondir », etc. : c'est la méthode spécifiquement comparatiste qui fait défaut ici (exp : un corpus international mais traité dans une suite de monographies, des textes étudiés exclusivement en traduction, un rapprochement entre deux arts dont l'un des deux seulement est étudié spécifiquement et à l'aide d'outils appropriés, etc.). Même possibilité de changement de direction qu'indiqué plus haut !
  • « expérience d'enseignement insuffisante » : si la réussite à un concours n'est pas absolument exigée - ce qui est heureux, dans ce contexte de baisse des postes -, la section qualifie de futurs enseignants, et pas seulement des chercheurs ! Ne pas avoir eu la moindre activité pédagogique dans le domaine littéraire est un obstacle, qui devient de plus en plus voyant au fur et à mesure que les années passent, même si celles-ci sont consacrées à une recherche régulière.

Demandez bien les rapports en cas de refus, afin de pouvoir utiliser les remarques faites par les rapporteurs pour présenter de nouveau le dossier. Il est inutile de redemander la qualification si il n'y a pas eu d'évolution. Par contre, mettez bien en valeur lors d'une deuxième demande ce qui est nouveau par rapport à la précédente.

 

Comparatisme du dossier :

La question du comparatisme de certains dossiers est épineuse :

  • Francophonie : la « répartitions des exigences » entre la 9ème et la 10ème section se règle bien souvent au cas par cas... Statistiquement, pour qu'un dossier soit indéniablement comparatiste, il faut que soient sollicitéEs au moins deux aires culturelles francophones différentes (et plus de deux si possible), avec une véritable prise en compte dans la problématique des questions interculturelles.
  • Littérature et autres arts : il est plus prudent de respecter le critère comparatiste du travail en plusieurs langues, la seule question du croisement entre les pratiques artistiques ne suffisant souvent pas. La place de la littérature dans la thèse doit être réelle, et, à l'autre bout, la connaissance de « l'autre art » approfondie.
  • Études culturelles, gender studies, etc. : le nombre de ces dossiers est croissant. Là aussi, respecter les méthodes de base de la Littérature Comparée, et veiller à la présence d' « objets littéraires » dans le corpus.
  • Études de réception : il est bon de ne pas se limiter à un seul auteur / une seule « aire d'accueil ».

Quelques lectures :

Site du SNESUP : pages « Le réseau du CNU » dans le menu « Le SNESUP ». (NDLR : l'onglet CNU dans Notre Métier est aussi pertinent)

Sur le site Légifrance : le décret n°92-70 du 16 janvier 1992 relatif au Conseil National des Universités, version consolidée au 26 avril 2009.

Site de la CP-CNU.