Communiqué de presse du 19 août : Calendriers universitaires : annonces ineptes et dérégulation

Publié le : 19/08/2010


Calendriers universitaires : annonces ineptes et dérégulation

Dans ses déclarations à la presse du 18 août, Valérie Pécresse présente
comme une révolution l'allongement de l'année universitaire déjà annoncé
en juin et considéré comme un préalable au financement du 10ème mois de
bourse, 10ème mois de bourse que le SNESUP estime absolument nécessaire.

De la part de la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche,
c'est au mieux méconnaître l'implication des enseignant-chercheurs et
enseignants des établissements d'enseignement supérieur. Dans beaucoup
d’établissements, depuis de nombreuses années, la rentrée a lieu début
septembre et la fin des sessions d’examen à la mi-juillet.

Au pire, ses propos sonnent comme une provocation pour des collègues qui,
au-delà de leur mission d'enseignement et de recherche, n'ont pas attendu
un pseudo "plan licence" -aux sommes indigentes et aux moyens humains
inexistants- pour améliorer la réussite des étudiants de ce cycle. Si cet
allongement de l’année universitaire de septembre à juin s’accompagnait
d’une telle répartition des services pour chacun des
enseignants-chercheurs et enseignants, cela ignorerait totalement que les
collègues utilisent les périodes d’interruption des cours, notamment
pendant l’été, pour certaines phases cruciales de leur travail de
recherche et la préparation des enseignements.

Laisser croire qu'étaler sur la durée les formations sans modification
des contenus, sans donner les moyens de réelles innovations pédagogiques,
de meilleures conditions d'encadrement, ou d'un réel renforcement des
liens Enseignement – Recherche dès les premières années de licence
suffirait à améliorer la réussite des étudiants, est fallacieux. En
effet, en persévérant dans la promotion des CPGE et de filières
sélectives – pour lesquels les moyens affectés sont très supérieurs à
ceux des licences universitaires –, la ministre entretient un discours de
défiance à l'endroit du modèle universitaire français et de sa richesse
consubstantielle au lien enseignement – recherche. Et en stigmatisant une
fois de plus les Sciences Humaines et Sociales, dont l'excellence en
France n'est plus à démontrer, elle entretient une détérioration du
climat au sein de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche.

En outre, sous couvert d'harmonisation des calendriers universitaires,
cette annonce masque en fait une disparition des dispositions nationales
réglementant l'année universitaire, engagée dès le CNESER du 21 juin par
l’abrogation du décret fixant l’organisation de l’année universitaire et
garantissant certains droits des personnels et des étudiants en matière
de congés, abrogation à laquelle la majorité des organisations syndicales
dont le SNESUP s’est opposé. Dans la conception concurrentielle du
gouvernement, cette dérégulation démultiplierait le risque de capter et
de retenir les étudiants en rendant malaisé pour eux tout changement
d’établissement, donc la mobilité choisie.

Paris, le 19 août 2010