Communiqué du collectif Formation des enseignants du SNESUP-FSU
Paris, le 19 mai 2006
A propos de la circulaire sur l?organisation des stages proposés
aux professeurs des écoles dans le cadre de leur professionnalisation
pour l?année 2006-2OO7
Cette circulaire est parue le 11 mai alors que le cahier des charges n?est toujours pas rendu public !
Les syndicats de la FSU concernés par cette question ont d?ailleurs sommé le Ministre de les recevoir car aucune négociation n?a encore eu lieu et la version du cahier des charges issu de la commission Pietrick n?est qu?un des documents de travail qui circulent sans que nous en ayons connaissance.
Dans les IUFM se sont déjà tenues des réunions de formateurs pour adapter les plans de formation des futurs PE2 : il fallait tirer les conséquences de la modification du concours (épreuve écrite d?histoire et de géographie et de sciences et technologie composée d?une mineure et d?une majeure, introduction de l?option littérature de jeunesse, modification des contenus des épreuves?).
Deux années scolaires de suite, au troisième trimestre, le même ministère impose des « modifications »au plan de formation des PE .Dans la précipitation, l?an dernier pour les PE1, cette année pour les PE2, les IUFM se voient contraints d?intégrer des mesures présentées comme de simples aménagements.
L?écart entre la première et la deuxième année ne cesse de se renforcer.
La PE1 semble de plus en plus dédiée à une accumulation de savoirs académiques préparatoire au concours et la PE2 à une succession de stages entrecoupés d?une formation à l?IUFM dont les volumes horaires d?enseignement ne cessent d?être rognés.
Cette discontinuité, si elle est délibérée, est encore plus inquiétante au moment où les IUFM vont intégrer l?Université. Les nouvelles modalités du stage filé en responsabilité décrites par la circulaire ne sont pas anodines.
La DES (Direction de l?enseignement supérieur) affirme ne pas lier cette mesure au protocole de fin de grève administrative des directeurs. Cette mesure aurait, à ses yeux, un grand intérêt pédagogique.
- Si c?est vrai, pourquoi ne pas la reporter au moins d?un an pour :
- laisser le temps aux équipes de formateurs inter-catégorielles de se concerter et d?élaborer un véritable dispositif de formation
- permettre aux IA de faire une projection des conséquences sur les plans départementaux de formation continue
- permettre au gouvernement d?évaluer les coûts des frais de déplacements et abonder en conséquence les budgets des IUFM.
Si le Ministère impose une mise en place dès cette rentrée scolaire, la preuve sera faite que ce stage filé en responsabilité n?est qu?un subterfuge pour remplacer des directeurs d?école de 4 classes et que leurs légitimes revendications sont habilement utilisées pour faire des économies de postes au mépris de la qualité de la formation, des formateurs, des stagiaires et surtout des élèves des écoles primaires !
La circulaire prévoit en effet que, dès la rentrée, les PE2 seront en charge d?une classe et que « face à (leurs) élèves doivent apprendre à concevoir des séquences d?enseignement». Ne serait-il pas préférable qu?avant d enseigner, les PE2 soient formés ? Les élèves des classes primaires doivent-ils apprendre en classe ou servir de cobayes aux PE ? Certes c?est la situation dans laquelle se trouvent les reçus sur les listes complémentaires mais y a-t-il un progrès à généraliser l?inacceptable dans un système éducatif ?
La circulaire décrète que le stage filé en responsabilité correspond à une véritable alternance.
Elle est conçue ici comme une juxtaposition spatio-temporelle.
Une classe n?est pas, en soi un lieu de formation .Les PE2 ne prendraient pas la classe dans des conditions d?exercice authentique du métier. Le parallèle avec les PLC est fallacieux : ceux-ci ont en responsabilité une classe en plein exercice et enseignent une ou des disciplines dont CAPES ou agrégation ont validé la maîtrise. Ils remplissent les bulletins, siègent au conseil de classe, rencontrent les parents. Les PE2, quant à eux, devraient un jour par semaine se substituer aux directeurs. Ce sont ces derniers qui effectueraient les choix pédagogiques et didactiques essentiels : méthodes notamment de lecture, règles de vie la classe, organisation de l?espace scolaire, emploi du temps?
Qui peut sérieusement affirmer que les PE2 seraient considérés de la même manière que le Directeur par les élèves et les parents ? Une formation d?adultes peut-elle se réduire à une liste de prescriptions et conseils donnés par un directeur entre deux portes ?
La polyvalence promue dans tous les textes ministériels pourrait-elle être exercée si le stage a lieu toute l?année le même jour ?
Une véritable alternance nécessite un certain nombre de conditions:
- une entrée progressive dans le métier qui ne mette pas le stagiaire en danger,
- des stages d?observation et de pratiques accompagnées dans des milieux d?exercice différents qui peuvent de façon pertinente avoir leur place en PE1, T1, FC et des stages en véritable responsabilité dans les trois cycles.
- une formation théorique conséquente dispensée par une équipe de formateurs inter-catégorielle.
- un suivi par de véritables « professionnels » pour aider le stagiaire à analyser ses pratiques et l?évaluer.
- une conception du mémoire comme outil personnel de construction de professionnalité.
Etre formateur est un métier et constituer une équipe nécessite du temps et des moyens.
La formation nourrie de l?expérience professionnelle et des résultats de la Recherche doit permettre au PE de s?interroger sur les finalités de son futur métier et doit l?armer intellectuellement à l?exercer.
A l?issue de la réunion du 17 mai le SNESUP-FSU, en accord avec le SNEP, recherche des convergences nationales avec le SNUipp pour demander un report de cette circulaire au Ministre.
Parallèlement les formateurs en IUFM sont incités à :
- refuser une diminution des volumes horaires disciplinaires en PE2 sous prétexte de cahier des charges, mise en place du SFR ou hypothétique report d?enseignement en T1
- faire une liste argumentée des conditions locales de réussite d?un stage filé.
- Nous ne sommes pas opposés à des expérimentations sur les modalités de stage mais à des discours caricaturaux qui consistent à comparer le SFR avec les dispositifs de formation existants ou ayant existé dans les IUFM.
- s?appuyer sur les parties de la circulaire qui prévoient « de laisser aux académies la souplesse nécessaire d?adaptation à leur propre contexte » mais aussi permettent le maintien de projets de formation spécifique (stage à l?étranger, liste complémentaire?) et autorisent « des marges de man?uvre pour l?année 2006-2007 » pour « les partenaires de la formation »
- rencontrer les IMF, les PE1 et les PE2 qui siègent dans les instances de l?IUFM afin de construire des convergences permettant de lutter contre une nouvelle dégradation de la formation
- rédiger des motions à soumettre au CSP et au CA
NDLR snesup.fr : lire encore la
lettre des IUFM n°12 | texte de la >circulaire du MEN du 11 mai 2006