Nous invitons les personnels à discuter du "plan étudiants" Mercredi 22 novembre, entre 12 et 14h, salle 01, Lavoisier.
La sélection : une réponse simpliste à un problème complexe !
Confronté à une augmentation du nombre d’étudiants en âge d’entrer à l’université, le gouvernement propose un projet de loi qui, sous couvert d’attendus décidés par chaque université, masque le fait que le baccalauréat est le premier grade de l’enseignement supérieur, introduit la sélection et pérennise le sous-financement des 1ers cycles universitaires.
Le gouvernement prévoit 100 M€ d’investissements chaque année pendant 5 ans pour permettre d’augmenter le nombre de places dans les filières en tension et de financer les dispositifs pédagogiques en vue d’améliorer la réussite des étudiant.e.s. Mais avec 40 000 étudiant.e.s de plus par an cela représente un investissement de 2 500 €/étudiant.e. C’est un quart de l’investissement actuel déjà très insuffisant ! Si ce projet de loi était mis en œuvre tel quel, les conditions d’études et les conditions de travail des personnels seraient encore plus dégradées !
Le gouvernement choisit donc de fermer les portes de l’accès à l’enseignement supérieur, menaçant de faire disparaître du code de l’éducation l’énoncé qui consacrait l’interdiction de la sélection à l’entrée à l’université :
« Tout candidat est libre de s'inscrire dans l'établissement de son choix, sous réserve d'avoir, au préalable, sollicité une préinscription lui permettant de bénéficier du dispositif d'information et d'orientation dudit établissement, qui doit être établi en concertation avec les lycées. Il doit pouvoir, s'il le désire, être inscrit en fonction des formations existantes lors de cette inscription dans un établissement ayant son siège dans le ressort de l'académie où il a obtenu le baccalauréat ou son équivalent ou dans l'académie où est située sa résidence . »
Devant la gravité de l’enjeu et de l’attaque à la démocratisation de l’ESR, la perspective de la généralisation de la sélection comme seule perspective pour les bachelier.ère.s ne fait pas l’unanimité.
La communauté universitaire dans son ensemble devrait se saisir de ce débat crucial pour l’avenir de nos enfants.
La direction de l’UPEM apporte une réponse toute autre.
Jeudi 16 novembre entre midi et deux, journée de mobilisation contre la sélection à l’université, la VPEP de l’UPEM a invité les seuls directeurs de composantes (UFR, Instituts), responsables administratifs et responsables de licence à « une réunion d’échange » portant sur « l'affichage des attendus par formation, l'étude des dossiers de candidatures (fin du tirage au sort, avis à donner sur tous les dossiers), la mise en place de parcours adaptés ».
On peut regretter que les membres des conseils décisionnels CA/ CAC ne soient pas invités.
Cette réunion, anticipant sur la loi et sur le « plan étudiant », n'aurait pu constituer rien d’autre qu’une participation active à l’opération de communication ministérielle.
Mais, les échanges furent vifs.
Il n’est pas prévu d’augmenter les capacités d’accueil ni de recruter plus de personnels (tant administratif qu’enseignant) alors qu’une nouvelle charge de travail est imposée. C’est en effet à l’université que reviendra le travail de sélection. Le rectorat jouera, comme déjà, voiture balai pour caser (indépendamment des vœux des jeunes) ceux qui seront sans affectation.
Tout au long de cette réunion, l’amateurisme gouvernemental (les bacheliers de bac antérieurs sont oubliés, par exemple), les critiques d’un plan de sélection injuste (les jeunes qui sont concernés cette année sont pris au dépourvu d’un changement radical de procédure sans en connaître les tenants et aboutissants, le classement des dossiers se fera nécessairement à la louche vu leur nombre prévisible…), ont été dénoncé dans la diversité de composantes, plus ou moins en tension.
S’est exprimé aussi l’impossibilité d’un calendrier intenable (remontée des capacité d’accueil en novembre, définition des attendus avant l’ouverture de la prochaine plateforme « APB » en janvier, impossibilité d’envisager une « stratégie » oui/oui-si/ attente …).
Il a été demandé que nos propos soient "remontés" auprès du ministère par la direction de l'UPEM.
Ce changement radical du recrutement des étudiants à l’université exige que les débats légitimes de la communauté ne soient pas dévoyés et se tiennent dans les composantes et dans les instances élues de l’université (CT, CR, CFVU, CA).
L’UPEM est née d’une volonté de démocratisation de l’ESR dans les années 90 dans une région où la poussée démographique est forte. Développée dans la foulée des formations de deuxième et troisième cycles universitaires, son cycle licence s’est régulièrement étoffé. Pourquoi vouloir prendre le risque de la sélection, de priver d’avenir universitaire principalement une part croissante de néo-bacheliers venant des lycées alentours, de scier la branche sur laquelle l’université est assise ?
La sélection n’est pas une solution, pas même en trompe l’œil. Oui l’université de Marne la vallée doit être en capacité, notamment en terme de ressources humaines statutaires pérennes (Enseignants chercheurs, Enseignants du supérieur, BIATSS), d’accueillir dans leur diversité les nombreux jeunes qui choisissent de poursuivre leurs études dans le service public d’ESR.
On ne peut faire porter la responsabilité de ministères successifs défaillants sur les épaules de personnels déjà exténués, en les poussant à « réguler des flux », en écartant des études universitaires les futurs bacheliers, dont nous savons d’expérience que leurs résultats et leur filière d’origine ne présument pas intégralement ni de leur réussite, ni de leur échec.
Nous invitons les personnels à discuter du "plan étudiants" Mardi 22 novembre, entre 12 et 14h, salle 01 (à confirmer), Lavoisier.
Le SNESUP partage les revendications suivantes avec d’autres organisations de jeunesse ou syndicales :
- La nécessité de travailler tout au long du parcours au lycée à une orientation choisie, construite, accompagnée et évolutive, avec les moyens humains et financiers nécessaires.
- Le maintien du baccalauréat comme diplôme national et 1 er grade universitaire, garantissant l’accès de tous les bachelier.es sur tout le territoire aux filières post bac et aux établissements de leur choix.
- L’exigence d’ouverture de places supplémentaires en 1 er cycle post bac et le refus de toute sélection à l’entrée à l’université.
- Le refus de l’instauration de blocs de compétences en lieu et place des diplômes et des qualifications.
- L’abandon du projet de loi sur 1 er cycle post bac, condition pour permettre une réforme ambitieuse qui garantisse le libre accès de chacun au supérieur.