Université Paris Saclay : Motions des sections FSU sur la précarité des étudiants, 20 décembre 2020

Publié le : 21/12/2020

 

Université Paris Saclay :
Motions des sections FSU sur la précarité des étudiants

 

20 décembre 2020

La première motion concerne la nécessité de soutien exceptionnel des étudiants par le CROUS. La seconde donne notre position locale sur l'urgence d'une rentrée avec des moyens pour assurer la sécurité sanitaire. Elle reprend l'urgence d'un retour des étudiants dans les universités soulignée dans la Lettre flash du 17 décembre et essaie de lister les moyens concrets nécessaires à la rentrée.

 

1- Motion CROUS

Les sections de la FSU Paris Saclay proposent deux mesures au niveau national concernant le CROUS :

- le report systématique des bourses des étudiants à l'année 2021-2222 puisque l'enseignement dégradé dispensé cette année va engendrer de nombreux échecs.

- le financement de tickets de restaurant ou de tickets d'alimentation aux étudiants afin qu'ils puissent continuer à être subventionnés pour une partie de leurs repas puisque l'on sait aujourd'hui que certains n'ont plus les moyens de s'alimenter correctement maintenant qu'ils sont privés des repas du CROUS.

 

2- L'urgence d'une rentrée avec des moyens

A l'université, pour les étudiant·e·s comme pour les personnels, les décisions appliquées dans l'enseignement supérieur pour lutter contre le coronavirus impactent très négativement les missions de service public confiées aux universités, les conditions de travail des personnels, les conditions d'apprentissage et de vie des étudiant·e·s, la qualité des formations et des diplômes dispensés. Par ailleurs, le confinement met une proportion importante d'étudiant·e·s dans des situations financières,  psychologiques ou scolaires dramatiques. 
 
Les enseignant·e·s qui se sont lourdement investi·e·s dans l'urgence en adaptant leurs modalités vers le distanciel, constatent après plusieurs mois de pratique, que la modalité distancielle ou hybride doit rester temporaire, car elle pose des problèmes insolubles, d'évaluation, de surcharge de travail insoutenable pour les étudiant·e·s comme pour les enseignant·e·s, d'inéquité entre les étudiant·e·s. L'absence de relation humaine directe dans un cadre collectif est incompatible avec la transmission des savoirs, des compétences, des expertises, l'exercice du travail en groupe, l'acquisition d'un esprit critique sous- jacent à toute formation universitaire et scientifique.
 

Devant ce constat, nous, universitaires, affirmons que l'enseignement en présence doit rester la règle. Nous demandons un retour à l'enseignement présentiel intégral, comme dans tous les autres établissements scolaires, le plus tôt possible, et de manière durable.

 
Ce retour à l'université en toute sécurité des personnels et des étudiant·e·s et à un enseignement présentiel qui doit redevenir la règle, ne peut s'accompagner que de moyens massifs, à mettre en place dès maintenant, à la hauteur des milliards injectés pour soutenir le secteur privé, pour financer les mesures indispensables à la lutte contre l'épidémie : 
 
- des masques, de type FFP2, gratuits, distribués à la demande seul dispositif de protection individuel efficace pour les personnes exposées, 
- la prise en charge en terme de ressources humaines de tout service qui ne pourrait être effectué par des personnels fragiles ou présentant dans leur famille des personnes en situation fragile, 
- des mesures systématiques de taux de CO2, qui puissent être mises en place, au moins en partie, directement par les enseignants et les étudiants dans un but de ré-appropriation de leur propre sécurité.
- des moyens humains, financiers et immobiliers pour le dédoublement des groupes quand c'est nécessaire.
- l'accompagnement exceptionnel en postes, en moyens et en locaux des structures de vie universitaires, notamment dédiés aux bibliothèques et aux restaurations universitaires, pour résoudre les problématiques de limitation d'accueil avancés dans ces structures comme prétexte à l'impossibilité de recevoir les étudiant·e·s en grand nombre pour les enseignements.
 
Ces moyens peuvent permettre une reprise en présentiel rapide. Une partie d'entre eux, et notamment les moyens humains et immobiliers, doivent permettre également de garantir sur le long terme l'accueil des étudiant·e·s, qui permet la transmission des savoirs à toutes et tous et garantit des conditions d'études correctes.
 
Toutes ces mesures ne peuvent évidemment pas être financées dans le cadre du budget propre des universités, et doivent donc être assumées de manière urgentes et exceptionnelles par l'état et le ministère de l'enseignement supérieur, autant en matière financière qu'en matière de postes, dont l'assiette est dimensionnée pour chaque université en fonction du nombre d'étudiants.
 
Les moyens par an et par étudiant-e sont très inégalitaires suivant les établissements : 14 000 € à Paris VI contre 7 000 € à Paris VIII Saint-Denis (chiffres de la Cour des comptes, 2018) ; mais aussi entre niveaux ou entre disciplines (2 736 € en Licence SHS contre 14 237 € en Master de sciences).
Les classes préparatoires bénéficient de 50% de financements publics supplémentaires par an et par étudiant-e par rapport aux universités (15 110€ contre 10 210 €) et ont pu rester ouvertes pendant le re-confinement.

Ces inégalités permettent d'identifier l'ordre de grandeur adéquat pour y faire face : plusieurs milliers d'euros par an et par étudiant-e, ce qui correspond à une centaine de millions d'euros à l'échelle d'une université de taille moyenne.