Nous, représentants du Conseil d’administration de l’Université du Mans, affirmons notre opposition au projet de Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR) et à la retraite à points qui vont impacter très négativement l’ensemble des personnels de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) en complément de la loi sur la transformation de la fonction publique. Toutes ces lois ne sont que les briques d’une même politique qui tourne le dos aux valeurs du service public que nous défendons.
En effet, en ce qui concerne la LPPR, si les éléments évoqués dans les 3 rapports commandés par le Ministère de l’ESR (multiplication des évaluations, accroissement des financements sur projets, fin de la durée statutaire du service d’enseignement et par conséquent du paiement des heures complémentaires, création de nouveaux contrats de travail précaires d’exception aux dispositions statutaires,…) venaient à apparaître dans le projet de loi, cela constituerait une remise en cause forte des statuts des enseignants chercheurs, aggravant les conditions de travail déjà dégradées de tous les personnels, enseignants, de recherche et BIATSS et une attaque sans précédent contre la recherche publique dans sa globalité.
L’état des lieux dressé par ces rapports dépeint un constat partagé par les personnels de l’ESR, enseignants-chercheurs, enseignants et personnels administratifs et techniques concernant le grave sous-financement de la recherche publique, l’insuffisance des crédits de fonctionnement ainsi que les faibles rémunérations de ses acteurs, la dégradation des fonctions supports et plus généralement celles des conditions de travail. Pour le conseil d’administration de l’Université du Mans réuni ce jour, les solutions ne se trouvent pas dans un financement de la recherche qui deviendrait peu ou prou exclusivement sur projets pilotés par l’ANR ne bénéficiant qu’à une poignée d’établissements, dans la limitation de la liberté académique qui serait désormais à la discrétion des présidents d’université et des futurs évaluateurs, dans la prise en compte d’une évaluation stigmatisante des enseignants chercheurs dans le cadre de la revalorisation de leurs salaires. Par ailleurs, la suppression de la référence aux 192 HTD pour la définition du service et la disparition du CNU sont des mesures inacceptables parce qu’elles mettent en péril les missions fondamentales des personnels de l’ESR.
Nous partageons le refus exprimé par les communautés scientifiques de dispositions qui viendraient non seulement aggraver la précarisation de tous les personnels enseignants, enseignants-chercheurs et BIATSS et accentuer la mise en concurrence des structures et des individus, aggravant les fractures au sein des établissements de l’ESR, la fracture territoriale et la désertification scientifique qu’elles alimentent.
Le Conseil d’Administration de l’Université du Mans dénonce, par la mise en place de la LPPR telle qu’annoncée, la condamnation à terme de la recherche publique française, qui entrerait ainsi dans une phase de déclin sans précédent, obérant l’avenir scientifique et économique de notre pays.
Motion votée à l’unanimité