Université de Nanterre : « ABROGATION DE LA LOI ORE » - Les personnels renouvellent leur opposition à la loi ORE et au dispositif Parcoursup lors de l'AG du jeudi 19 avril 2018

Publié le : 21/04/2018

 

Les personnels enseignant.e.s, enseignant.e.s/chercheur.e.s et BIATSS de l’université, réuni.e.s en AG jeudi 19 avril, renouvellent leur opposition à la loi ORE et au dispositif Parcoursup.

 

Abrogation de la loi ORE !

Alors que les universités doivent accueillir chaque année toujours plus d’étudiant.e.s, elles voient leurs moyens en personnels et en budgets se dégrader, mis à mal par les réformes des dernières années (lois LRU et Fioraso). À Nanterre, le sous-encadrement en personnels BIATSS et les effectifs insuffisants des enseignants-chercheurs (en Droit, 135 enseignant.e.s-chercheur.e.s titulaires pour 9000 étudiant.e.s) conduisent au recrutement massif de contractuels, dans des conditions salariales indigentes.

En instaurant la sélection à l’entrée à l’université, la loi ORE (et les maigres moyens financiers qui y sont associés) ne répond pas aux difficultés actuelles de l’université. Pire, elle attaque frontalement la mission de service public qui est la sienne et qui permettait jusqu’à maintenant à tout.e titulaire du bac d’accéder aux études supérieures. La conséquence immédiate de cette loi sera le renforcement et même l’institutionnalisation de la hiérarchisation des établissements, avec comme horizon la très probable augmentation des droits d’inscription. Cette université de la concurrence n’est pas la nôtre.

Un dialogue avec la présidence ?!

Après la brutale intervention policière du 9 avril, aucune autre justification n’a été apportée que plusieurs longs mails destinés à l’ensemble de l’université, ni aucun échange engagé avec celles et ceux qui l’ont vécue sur le terrain. En cela, cette intervention policière et la communication présidentielle qui a suivi n’ont fait que prolonger la logique coercitive qui caractérise la mise en œuvre de la réforme depuis des mois (instrumentalisation d’un dysfonctionnement technique d’APB, court-circuitage des instances collégiales, collègues sommés de prendre en charge ou même découvrant après coup leur mise en responsabilité d’office pour l’établissement des critères de sélection ou la gestion de demandes d’inscription, point d’ordre du jour sur Parcoursup relégué en toute fin de Conseil d’administration alors déserté, neutralisation du cadre parlementaire convoqué une fois la réforme déjà mise en route, etc.). L’empêchement brutal d’espaces de paroles et de délibérations étudiantes s’inscrit dans cette trame autoritaire. La situation porte atteinte de manière durable à l’image de notre université, et nous estimons toujours que notre présidence s’est rendue indigne de son mandat électif.

Le 18 avril lors d’une intervention médiatique sur France inter, notre président a dit vouloir ouvrir le dialogue, tout en taisant l’existence de la contestation de la loi au sein des personnels de l’université. Il a cependant opportunément repris le projet des personnels en lutte d’ouverture d’Etats généraux. Pas de récupération : nous demandons les moyens de tenir ces Etats générEux, sans que la présidence ne s’en approprie l’idée ! Contrairement aux pratiques actuelles en cours à Nanterre, notre projet d’Etats généraux s’inscrit dans une perspective de refondation d’une université ouverte à toutes et tous, émancipatrice et critique. Nous prenons acte ce jour des souhaits de reprise d’un dialogue attendu depuis longtemps.

Moyens d’action : grève et soutien aux étudiant.e.s mobilisées

A Nanterre, notre mission de service public a été accomplie par le déroulement durant cette année universitaire des enseignements et d’évaluations. Toutefois, compte-tenu de l'intervention des CRS sur le campus et du contexte de mobilisation accrue contre la loi ORE et la plateforme Parcoursup, les conditions d’un retour normal à nos activités – et notamment le maintien des examens – ne sont pas réunies.

Considérant qu’un préavis de grève a été déposé par plusieurs organisations syndicales dans le cadre de la mobilisation contre la loi ORE, nous, personnels mobilisé.e.s de l’université de Nanterre, reconduisons l’appel à la grève jusqu’à la prochaine AG du 2 mai (pour les jours travaillés concernant les personnels en vacances la semaine du 23 avril). Nous souhaitons organiser un atelier de discussion sur les modalités de la grève et l’organisation d’une caisse de grève permettant aux personnels non comptabilisé.e.s comme grévistes de soutenir leurs collègues lors de la semaine du 23 avril.

En l’absence de prise en compte sérieuse du mouvement de contestation et de nos demandes par la présidence, nous invitons les collègues à ne pas participer à la tenue des examens. L’AG des personnels du jeudi 12 avril a marqué son rejet catégorique du chantage gouvernemental aux partiels et examens en appelant à leur annulation et à opter pour le « 20/20 politique ». Cet appel a permis d’inciter les collègues à débattre et à se prononcer sur la suspension des partiels et la question des évaluations, afin de permettre la poursuite de la mobilisation de toutes et tous contre la loi ORE/Parcoursup.

L’AG des personnels du 19 avril invite tou.te.s les collègues qui ne l’ont pas encore fait à annuler les partiels et à mettre en place localement des modalités d’évaluation permettant de rassurer et accompagner les étudiant.e.s craignant d’être pénalisé.e.s. Certaines UFR ont d’ores et déjà déterminé en AG d’autres aménagements possibles, à l’exemple de l’UFR LCE (12/20 s’ajoutant aux notes déjà acquises, 15/20 en contrôle continu des formations). A cette fin, nous appelons à l’organisation d’assemblées générales extraordinaires dans tous les départements et UFR, afin que tou.te.s les collègues, y compris doctorant.e.s, vacataires et BIATSS, puissent prendre part aux échanges.

Nous revendiquons :

-  que l’université, notre institution, pèse de tout son poids pour que les poursuites judiciaires entamées contre 3 des personnes interpellées lundi 9 avril soient abandonnées immédiatement, et que nous soyons informés publiquement des démarches entreprises en ce sens. Le cas échéant nous exigeons la prise en charge financière totale de leurs frais de représentation par l’université.

- l’assurance que les forces de police ne reviendront plus sur le campus,

- le respect et l’application par la présidence des décisions prises dans le cadre démocratique des départements et UFR contre Parcoursup (refus de constituer une commission pédagogique, refus de paramétrage,…),

- une complète transparence des négociations avec les directions d'UFR avec la participation des comités de mobilisation (élection de mandatés par les AG en plus des représentants des UFR et des étudiant.e.s).

- le refus par notre université de procéder à un classement des candidat.e.s sur Parcoursup, comme d’autres Universités l’ont déjà fait, et l’assurance faite publiquement d’accueillir à Nanterre tou.te.s les bachelier.e.s en faisant la demande, en militant auprès du rectorat pour obtenir les moyens correspondants à ces vœux s’ils dépassent nos capacités d’accueil actuelles en concertation avec les équipes pédagogiques des départements et des UFR. Nous voulons que cette ouverture de Nanterre soit affichée sur le site de l’université.

-  la tenue d’Etats généraux au printemps 2018, à Nanterre, sur l’enseignement supérieur, pour revenir sur le sens de nos métiers et pour repenser l’Université aujourd’hui. Nous exigeons la totale indépendance de ces Etats généraux, organisés par les personnels mobilisé.e.s à l’origine de ce projet.

- la revendication auprès du ministère d’une réelle concertation autour des systèmes d’affectation et d’orientation dans l’ESR (contrastant avec le simulacre d’octobre dernier) : nous souhaitons avoir copie de ces courriers adressés au ministère par notre présidence.

- les moyens nécessaires à l’accueil dans des conditions satisfaisantes d’une population étudiante plus nombreuse chaque année depuis dix ans.

Nous appelons :

- A une prochaine AG le 2 mai matin

- A la tenue d’ateliers et de réunions de préparation des états-généraux et de la mobilisation : le vendredi 20 avril midi à Nanterre (pique-nique bilan du 19 avril) puis à 14h30 vendredi (états généraux), et la semaine du 23 avril.

Motion adoptée à l'unanimité moins deux abstentions.

NB : Pour les Etats généraux :

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