Information de la section Snesup-FSU campus Triolet
sur la situation financière à l’Université de Montpellier
et à la Faculté des Sciences
Chères et chers collègues,
Depuis quelques semaines, les alertes se multiplient concernant la situation financière de l’Université de Montpellier, qui serait très difficile. Alors qu’il est déjà de 1 M€ pour 2018, le déficit pourrait s’élever à 3 ou 4 M€ par an dans les prochaines années. Ces informations (voir extraits de diaporama ci-dessous) proviennent d’un groupe de travail, dirigé par Bruno Fabre (VP CA de l’Université de Montpellier), auquel nous regrettons fortement qu’aucun représentant des personnels n’ait encore une fois été invité. Alors que nous avons pourtant des élus dans tous les conseils, c’est donc « par la bande » que nous apprenons la situation et les mesures envisagées, gel des postes en premier lieu et autres solutions (réduction de l’offre de formation, réduction des heures complémentaires) !
Extraits du diaporama de Bruno Fabre (VP CA Université de Montpellier), le 29 mai 2019
Cette situation financière a un impact dans toutes les composantes, dans lesquelles les stratégies de formation s’orientent partout vers la génération de ressources propres1 au détriment des autres diplômes. Quelques illustrations ces dernières semaines pour générer ces fameuses « ressources propres » : des groupes de DUT sont fermés pour pouvoir ouvrir des licences professionnelles à fort potentiel d’apprentissage ; des licences professionnelles choisissent délibérément les candidats en apprentissage au détriment des étudiants en formation initiale; des DUT fonctionnent en-deça de l’horaire prévu pour leur formation dans leur cadrage national (jusqu'à 2 baisses consécutives de 7% par rapport au PPN) ; des capacités d’accueil sont réduites dans des filières qui ne génèrent pas de ressource propre. Alors que notre université achève l’auto-évaluation de l’HCERES et s’attaque à la préparation des nouvelles maquettes, de nombreuses composantes ne disposant pas des données financières de cadrage travaillent sur une hypothèse de nouvelle baisse de 10 % des dotations horaires (UFR Sciences Eco, FdS, …).
La suite de cet email était destinée à une communication interne aux personnels de la Faculté des Sciences, qui n'est pas possible en raison de l'absence de liste de diffusion syndicale dans les composantes. Il est éclairant pour l'ensemble de notre communauté.
Concernant la Faculté des Sciences, on sait depuis plusieurs mois que sa situation budgétaire est dramatique. La licence (hors licences professionnelles), par construction, ne génère pas de ressource propre ; elle repose uniquement sur la dotation ministérielle, dont la réduction a conduit à diminuer de 6% le nombre d’heures sur l’ensemble des licences en 2018. Les heures complémentaires (vacations et heures supplémentaires réalisées par les permanents) ont atteint 39 000 h en 2018 pour un potentiel enseignant (la somme des services des enseignants permanents) de 97 000 h. Ce coût grève le budget de notre composante, mettant en danger l’existence même de nos formations. Présentés en conseil de la Faculté des Sciences (FDS) le 15 mai puis le 5 juin 2019, les efforts demandés aux Départements d’Enseignements (DE) pour constituer les nouvelles maquettes (LMD5) sont considérables (tableau 1). Dans certains cas, ils risquent de provoquer des fermetures pures et simples de formations qui ont pourtant par ailleurs montré leur valeur, notamment en terme d’insertion des étudiants. Pour nous, ces fermetures seraient inacceptables. La direction de la Faculté des Sciences et les directeurs de départements doivent tout mettre en œuvre pour éviter une telle catastrophe. Au conseil du 15 mai, la direction de la FDS nous a aussi assuré que nos postes seraient préservés et que seules les heures complémentaires des permanents seraient affectées.
Département d’Enseignement |
Potentiel enseignant par département (en heures) |
Heures déclarées 2018-2019 |
Heures L1-M2 allouées pour le LMD5 |
Effort de réduction entre 2018-19 et le LMD5 |
BE |
10880 |
16 089 |
14 672 |
-8,8 % |
BIO-MV |
14976 |
24 348 |
21 691 |
-10,9 % |
CHIMIE |
14112 |
17 854 |
15 959 |
-10,6 % |
EEA |
8352 |
10 588 |
9 273 |
-12,4 % |
INFO |
8832 |
12 058 |
12 058 |
0,0 % |
MATH |
12480 |
11 785 |
10 579 |
-10,2 % |
MECA |
3168 |
3 959 |
3 437 |
-13,2 % |
PHYS |
11016 |
9 902 |
9 136 |
-7,7 % |
TEE |
8256 |
10 971 |
9 120 |
-16,9 % |
Tableau 1. Heures « allouées » pour chaque Département d’Enseignement pour le LMD5
En 2015, nous avions alerté sur le fait que la fusion UM1-UM2 serait une véritable acquisition-liquidation de l’UM2. Le seul argument audible était que cela permettrait d’obtenir un IdeX. Aujourd’hui, on apprend aussi la fin probable de l’Isite MUSE avec la défection de SupAgro pourtant au centre du dispositif de communication.
En 2019, nous arrivons dans la phase de liquidation. Le plus vicieux dans ce système LRU est que c’est à nous que revient la contrainte de proposer des solutions, avec les judicieux conseils suivants : « augmentez vos ressources propres », « créez des DU », « ouvrez des filières à l’apprentissage », « c’est parfait si vous avez des partenariats avec des grosses boites »… mais tout cela n’est rien d’autre qu’une privatisation progressive de nos formations. Demain, la loi de « réforme de la fonction publique » permettra tout simplement d’externaliser des services (l’enseignement des langues par exemple) et d’embaucher des enseignants contractuels sous contrat de « droit privé ». Tout cela n’est pas de la fiction. Notre syndicat n’alerte pas pour le plaisir, il est responsable. Nos militants sont avec vous à la responsabilité des formations et des départements. Nous sommes tous dans le même bateau qui en train de sombrer. Il faut se réveiller avant de se noyer !
Notons l’exposition particulière de la FdS dans l’offre de formation de l’UM : Parcoursup, parcours adaptés, préparation à Polytech, ré-orientation via la passerelle PACES et futur afflux d’étudiants en lien avec la réforme de la PACES, … Les questions budgétaires liées à l’offre de formation sont clairement du ressort de l’établissement dans son ensemble.
Il n’est peut-être pas trop tard. L’action collective est encore possible. Nous appelons à un sursaut de toutes et tous les collègues dans les départements d’enseignements. Réunissez-vous en AG, faites remonter vos mécontentements, proposez des actions collectives… A la rentrée, le Snesup-FSU vous propose d’organiser une AG à l’échelle de la composante FDS, voire au-delà.
Prenez un peu de temps, même si vous avez des agendas chargés, et ne déléguez pas vos revendications, participez !
De l’UM au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche …
Jeudi 13 juin, VOTEZ Snesup-FSU au CNESER
Les élections du CNESER, instance nationale du MESR, ont lieu ce jeudi 13 juin. La question des moyens alloués aux formations a été au cœur du travail de nos élus Snesup-FSU lors du précédent mandat, et nos nouveaux élus auront à cœur de défendre notre vision d’un service public ET de qualité de l’enseignement supérieur.
Bref compte-rendu de mandat 2015-2019 : Le SNESUP-FSU a porté haut et fort la parole de la communauté universitaire :
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sur les questions budgétaires : à l’initiative de déclarations et motions très largement adoptées par les membres du CNESER, les élus SNESUP-FSU ont systématiquement dénoncé le désengagement de l’État (réductions budgétaires, charges non compensées) et les effets d’annonce contraires à la réalité (non-soclage du GVT), insistant sur les enjeux sociétaux et économiques de l’ESR ;
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lors des accréditations, en relation étroite avec les collègues des établissements, ils ont veillé à ce que le CNESER joue un rôle effectif de régulation nationale et de garant du respect de la réglementation. Ils ont voté contre la mise en place des formations payantes (master de la Comue de Nice) ou de « collèges universitaires » ;
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sur l’arrêté master, le SNESUP-FSU est intervenu fortement pour une mise en œuvre effective du droit à poursuite d’études ;
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contre la hausse des droits d’inscription pour les étudiant.e.s hors Union européenne.
Le Snesup-FSU a joué un rôle moteur et fédérateur dans la construction des avis et des motions, présentant et faisant adopter 18 motions durant la mandature qui se termine.
1 Les ressources propres désignent « l’argent frais » qui rentre dans le budget des composantes, en complément de la « dotation ministérielle ». Les principales sources de ressources propres sont les inscriptions aux diplômes universitaires (DU), et les inscriptions d’étudiants qui ne sont pas en formation initiale (formation continue, apprentissage).