La « tendance élitiste et austéritaire, qui a déjà conduit à une baisse de 10 % de la dépense par étudiant entre 2007 et 2017 (alors même que l’on ne parle que d’économie de la connaissance, d’innovation, etc.), risque fort de s’aggraver dans le quinquennat qui vient, si l’on en juge par certains programmes » (Thomas Piketty – « De l’inégalité en France » 18 avril 2017). Nous y voilà…
Cette rentrée marque une étape supplémentaire dans le démantèlement du service public
La Ministre F. Vidal l’a affirmé haut et fort devant la CPU : le temps est venu d’aller toujours plus loin dans « l’autonomie » des établissements, pour plus de « souplesse », et de généraliser le dialogue de gestion aux établissements de plus de 2500 étudiant.es. La négociation opaque sans critères nationaux objectifs deviendrait donc la norme. Déjà la baisse du financement par étudiant.e est une réalité et le taux d’encadrement calculé à partir du nombre d’emplois alloués aux établissements (enseignant.es-chercheur.es, enseignant.es et personnels BIATSS pour 100 étudiant.es) régresse : 8,9 en 2018 contre 9,8 en 2013. Ce qui veut dire que la hausse des effectifs étudiants (plus 170 000) sur la même période n’a pas été compensée. Elle représente un sous-financement, c’est-à-dire une économie de 3,2 Mds € (source : Calviac, 2019) aux dépens des personnels et des étudiant.es.
Les regroupements en cours, certains rendus possibles par l’ordonnance de décembre 2018, accentuent encore ce processus. Le SNESUP-FSU a d’ores et déjà exprimé la nécessité d’un moratoire pour éviter le désastre de ces expérimentations alors que la CPU réclame la généralisation de ces expérimentations à tous les établissements, faisant fi de leurs conséquences néfastes sur les personnels, les formations et la démocratie universitaires.
Cette rentrée ne sera pas celle de l’augmentation, attendue, des salaires ni des pensions
Elle est encore marquée par le gel du point d’indice (deux mois et demi de salaires perdus par an en 20 ans) et par le projet d’une « réforme » des retraites qui veut détruire les retraites publiques basées sur la solidarité et la répartition. Cette réforme favorise le développement des fonds de pension au profit des assureurs privés : celle-ci fait déjà présager, selon la valeur du point, une perte de 2 à 4 mois de pension.
Concernant les établissements, ceux-ci, financièrement exsangues, privilégient les vacations et les heures supplémentaires plutôt que de recruter des titulaires. En outre ces heures sont payées à un niveau indécent (le SMIC voire moins : une « anomalie »
française !) et les emplois contractuels fleurissent avec des salaires tout aussi indécents. La précarité se généralise et touche particulièrement nos jeunes collègues. Les primes sont une fausse solution cachant la misère, puisqu’elles concerneront seulement 20 % des personnels jugés « méritant.es ». Quid des 80 % restant ?
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