Article publié le 25 octobre sur le site Nousvousils, l'emag de l'éducation
Par Mehdi Bautier
Suite à plusieurs actes antisémites récents, Frédérique Vidal a rencontré les représentants de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme à l'université, parmi lesquels les référents "racisme et antisémitisme".
La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Frédérique Vidal a rassemblé mardi 23 octobre différents acteurs de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Mario Stasi, président de la ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), Lilâ le Bas, présidente de l’UNEF ou encore Johanna Barasz, adjointe au Délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) ont répondu à l’appel pour s’unir «contre la haine».
Le rassemblement de la ministre avec les différents acteurs intervient suite à de nombreux actes antisémites qui peuvent être «les prémices de nouveaux basculements», selon le Figaro Etudiant. En mars dernier, un local de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) avait été saccagé à la faculté de Tolbiac à Paris. Plus récemment, des tags antisémites ont, pour la première fois, été découverts sur le campus de l’école de commerce HEC. D’autres tags ont visé le président de l’université Grenoble-Alpes en septembre dernier. Pour Frédérique Vidal, il s’agit d’un «phénomène préoccupant, la recrudescence d’actes antisémites dans les établissement d’enseignement supérieur». Elle a rappelé que «toutes les formes de haines et de xénophobies n’ont pas leur place dans les universités et les écoles qui doivent rester des lieux de pédagogie, d’ouverture et de démocratie».
Il n’y a jamais rien d’anodin sur la question du racisme et de l’antisémitisme.
► Retour avec @MarioPstasi @JohannaBarasz sur la réunion qui s’est tenue aujourd’hui avec les acteurs de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. #TousUnisContreLaHaine pic.twitter.com/FcRxFyyTpf
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) 23 octobre 2018
Plus récemment, la ministre de l’Enseignement Supérieur a réagi dans un communiqué pour dénoncer une situation de harcèlement antisémite à l’Université. En effet, une étudiante de 19 ans en deuxième année de médecine à l’université Paris XIII a porté plainte le 20 octobre pour injures antisémites. Elle confie à Europe 1 les détails de son harcèlement qu’elle a subi de la part d’un groupe d’étudiants. Le parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a ouvert une enquête préliminaire ce lundi 29 octobre suite à la plainte de la jeune étudiante en médecine pour «injures à caractère racial». Frédérique Vidal condamne dans son communiqué les gestes et violences racistes et antisémites :«L’antisémitisme doit être partout combattu avec la plus grande fermeté sans jamais laisser aucune place à la banalisation» a t-elle précisé, deux jours après l’attaque antisémite survenue à la synagogue de Pittsburgh, aux États-Unis, qui a fait 11 morts. La ministre s’est entretenu avec le président de l’université de Paris XIII afin de statuer sur la mise en place de prévention au sein des universités, notamment avec les référents «racisme et antisémitisme».
« J’ai reçu Jean-Pierre Astruc et @FPotier_Dilcrah suite à une situation de harcèlement antisémite à @univ_paris13. Des sanctions doivent être prises. L’antisémitisme doit être partout combattu avec la plus grande fermeté sans jamais ne laisser aucune place à la banalisation. pic.twitter.com/aaxmC6ZFPL — Frédérique Vidal (@VidalFrederique) 29 octobre 2018 »
Le rôle du référent à l’université
La mission de référent «racisme et antisémitisme» a été créée par le ministère de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur –qui, à l’époque, était une même entité– dans le cadre du plan de transmission pour les valeurs de la République. La date officielle de la création de la fonction est le 22 janvier 2015, suite aux attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de Vincennes. La création du référent a été une mesure prise à la hâte par l’ancienne ministre Najat Vallaud-Belkacem. Trois semaines après les attentats, elle publie le «plan de mobilisation pour la transmission des valeurs de la République» qui comprend 11 mesures, de l’école maternelle à l’enseignement supérieur.
Il y a une confusion qui peut s’instaurer entre référent laïcité et référent «racisme et antisémitisme», comme l’explique Educpros. Or, les missions de référent laïcité et de référent «racisme et antisémitisme» sont deux missions distinctes, cependant souvent attribuées à la même personne. Nous avons rencontré l’une d’entre elles.
Isabelle de Mecquenem, professeure agrégée de philosophie, est chargée de mission laïcité et chargée de mission à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme à l’ESPE de l’Université de Reims Champagne-Ardenne. La professeure agrégée explique que le référent est chargé de transmettre aux étudiants et aux futurs enseignants les valeurs fondamentales de la laïcité pour former des citoyens. «Même si un étudiant est déjà un citoyen à proprement parler, il doit être sensibilisé et engagé car la formation du citoyen ne s’interrompt pas à l’âge de 18 ans» rappelle-elle. Pour elle, la mission de référent consiste à faire connaître le principe de laïcité dans sa complexité : «Il faut instaurer une pédagogie autour de la laïcité. En faisant comprendre la teneur de la notion, on va emporter l’adhésion de ceux à qui on s’adresse.» affirme-t-elle, avant d’ajouter «Je travaille sur la compréhension de l’idée et de l’idéal laïque en respectant les fondements de la laïcité c’est-à-dire la liberté de conscience».
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