Congrès national d’orientation du SNESUP-FSU (Paris, 13-15 juin 2017) | Temps de travail Formation des enseignants
Quatre thématiques transversales ont été choisies pour ce congrès : « Reconstruire l’ESR », « Rompre et proposer », « Redonner du sens au métier », « Démocratie ». Celles-ci concernent évidemment la FDE et nous y avons notre part. Nous avons toutefois demandé un temps spécifique pour la formation des enseignants (FDE), afin de pouvoir débattre sur un certain nombre de questions spécifiques.
Le congrès national d’orientation du SNESUP-FSU va se dérouler dans une période particulière puisque ce sera après que le résultat des élections présidentielles soit connu et entre les deux tours des élections législatives. À cette date, la physionomie et l’orientation politique du prochain gouvernement sera globalement établie, de sorte que nous aurons la possibilité de peut-être mieux cerner les perspectives qui nous attendent.
Outre le bilan du quinquennat qui vient de s’écouler (au sujet duquel nous avons déjà produit des bilans partiels et une synthèse dans le premier bulletin spécial du congrès avec les textes d’orientation), il est important de discuter des perspectives dans un contexte politique et social qui va a priori continuer de se dégrader avec la poursuite et l’accentuation des politiques de « libérisation », voire d’« ubérisation » de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et donc de la formation des enseignants, faible place accordée à l’école en dépit des discours de principe.
Bilan du quinquennat concernant la FDE
La formation et l’entrée dans le métier (modalités de l’alternance, lieux de stage, contenus et volumes de formation, articulation ÉSPÉ-lieu de stage…) demeurent toujours problématiques. Les conditions de travail dans les ÉSPÉ se dégradent et sont compliquées par des formes de privatisation plus ou moins larvées, avec en particulier la généralisation de la logique de contractualisation. Cette dégradation se manifeste clairement aussi dans les difficultés à faire reconnaître dans les services des enseignants toutes les activités de formation. Enfin, une analyse sommaire des principaux textes ministériels parus montrent, selon nous, leur totale déconnexion d’avec les conditions concrètes permettant leur mise en œuvre et le flou qu’ils entretiennent sur « qui fait quoi ».
Afin de prioriser nos revendications et lutter contre les risques forts de rupture d’égalité sur le territoire et entre les usagers, nous proposons ci-dessous une série de questions qui font le lien entre le bilan du quinquennat et les perspectives de réflexion et d’action :
- Il y a bien sûr la question primordiale des moyens, dont il faut maintenir l’exigence d’accroissement qualitatif et quantitatif.
- De manière concomitante, se pose la question de comment se faire entendre sur la question de la conception de la formation. Car aujourd’hui, la formation oscille entre :
- un pilotage par l’employeur (EN) qui repose « sur » le métier tel qu’il peut apparaître dans la variété de ses formes, finalement réduit à une conception normalisée et idéalisée de celui-ci et donc à une formation qui n’évite pas l’écueil du mimétisme ;
- un pilotage par l’université, c’est-à-dire des savoirs et une étude du métier, qui l’objective et l’interroge selon plusieurs perspectives. Quelle capacité aujourd’hui de l’université et des ÉSPÉ d’assumer cette tâche ?
- La situation de la FDE, à la fois singulière et commune, amène à interroger certaines notions fréquemment invoquées, comme la polyvalence ou la préprofessionnalisation. De quoi la polyvalence est-elle effectivement le(s) nom(s) ? Quel doit être le contenu de la préprofessionnalisation ? Comme faire entendre la nécessité de la distinguer de la simple découverte qui est certes un moment important mais insuffisant par lui-même ? Observer, même avec un regard attentif et informé permet-il vraiment d’appréhender toute la complexité des métiers de l’enseignement, de ses exigences théoriques, réflexives et pratiques ? Ne faut-il pas plutôt porter l’accent sur le moment de l’entrée effective dans la métier, qui puisse réellement articuler la dimension universitaire et la dimension professionnelle (beaucoup plus qu’avant le concours) ?
Perspectives
Réfléchir à la construction de nouveaux mandats sur des points “émergents” et qui ne sont pas encore syndicalement « couverts » (liste non limitative) :
- la place de la FDE dans l'ESR
- le continuum de formation en FDE (préprofessionnalisation, prérecrutement, T1-T2, FC des enseignants)
- modalités de travail pour la formation des enseignants (place du numérique, pression pour la mise en place de formations hybrides, prescription à “l’innovation”…)
Le collectif FDE rassemble des camarades de statuts différents (EC, enseignants de statut 1er et 2d degrés, ÉSPÉ et composantes universitaires). Cette diversité des points de vue et des parcours permet une intelligence commune des problèmes pour agir. Comme le dit joliment Paul Valéry, « Un homme seul est toujours en mauvaise compagnie ». Aussi, nous souhaitons intégrer de nouveaux collègues dans le collectif.