Le CNESER du 11 mai a eu connaissance de l'arrêté portant sur les programmes nationaux des 85 parcours de « Bachelor Universitaire de Technologie » (BUT), regroupés en 24 mentions (ex spécialités du DUT). L’écriture de ces programmes nationaux (PN) s’inscrit dans un calendrier infernal. Le MESRI, en accord avec la commission consultative Nationales des IUT (CCN-IUT), a décidé que seule la première année serait publiée en 2021, les programmes des deuxième et troisième années devant être rédigés d'ici décembre 2021. Cela crée deux difficultés majeures. D’une part, personne n’a, à ce jour, de vision claire sur le contenu des trois années de cette nouvelle formation. Or, il ne s’agit pas d’aménager les formations actuelles de DUT, mais bien de les transformer profondément en imposant aux départements d’IUT, de nouvelles pratiques pédagogiques fondées sur une approche par compétences promue par le Laboratoire de soutien aux synergies éducation technologie (LABSET). D’autre part, cette première année suivie par les étudiant·es en 2021 sera modifiée en 2022 pour introduire la part d'adaptation locale qui n'a pas pu être mise en place en 2021 à cause du calendrier précipité par le MESRI et la CCN-IUT. Il s’ensuit que les étudiantes et étudiants qui seront accueilli·es en première année de BUT en septembre prochain seront confronté·es à une formation qui sera modifiée dès la rentrée suivante, mise en place par des collègues qui n’auront, pour la plupart, pas eu le temps nécessaire pour organiser efficacement cette rentrée universitaire.
Le SNESUP-FSU a demandé à plusieurs reprises que le ministère reporte la mise en place de ce nouveau diplôme pour permettre une concertation pleine et entière au sein des IUT concernant la forme qu’il pourrait prendre et les contenus à développer. Ce temps de réflexion est d’autant plus nécessaire que les IUT devront accueillir 50 % de bacheliers technologiques. Il ne suffit pas d’imposer sur le papier des programmes censés permettre la réussite des étudiantes et étudiants issu·es de cette filière technologique, il faut s’y préparer, s’organiser au sein des départements, mais il faut pouvoir le faire avec des programmes clairs et une progression prévue sur toutes les années de la formation.
Force est de constater que le choix du MESRI n’est guidé par aucune de ces considérations pédagogiques. Il est de maintenir coûte que coûte le calendrier initial, peu importe que les équipes pédagogiques se retrouvent face à un des programmes inaboutis dont elles prennent à peine connaissance aujourd'hui et face à une méthode pédagogique imposée dont les fondements théoriques et méthodologiques auraient pourtant gagné à être discutés par les futur·es acteurs et actrices du BUT.
Le SNESUP-FSU affirme que, contrairement à ce que le MESRI prétend, le BUT n’est absolument pas taillé sur mesure pour les bacheliers technologiques. Tout d'abord parce qu'il ne suffit pas de fixer des taux de 50 % dans Parcoursup pour que le nombre de bacheliers technologiques augmente comme par magie dans les spécialités où le vivier est trop faible pour l'ensemble des formations (principalement BTS et DUT). Ensuite parce que les conditions déplorables d'élaboration des PN, malgré un énorme travail des assemblées de chef·fes de départements et des commissions pédagogiques nationales, ne permettront pas d'avoir des équipes pédagogiques prêtes à faire réussir ces nouveaux bacheliers qui, rappelons-le, ont connu deux années de lycée particulièrement difficiles. Enfin, parce qu’il n'est pas du tout assuré que les moyens nécessaires pour appliquer ces PN, exigeants en nombre d'heures de TP et de projets, soient au rendez-vous.
Le SNESUP-FSU appelle les collègues à ne pas s'épuiser dans la mise en place de ces nouveaux programmes, déjà partiellement caduques, et à user de leur liberté pédagogique pour refuser le dogme de l'approche par compétences prônée par l'actuel bureau de l'assemblée des directeurs d’IUT (ADIUT) et imposée par le MESRI. La réussite des futur·es étudiantes et étudiants en BUT passe par la confiance faite aux équipes pédagogiques, pas par l'injonction et la défiance qui sont la marque du MESRI depuis trop longtemps.
Motion présentée par la délégation SNESUP-FSU, SNCS-FSU et SNASUB-FSU et adoptée par le CNESER du 11 mai 2021
https://www.snesup.fr/article/motion-cneser-11-mai-2021-programmes-nationaux